vendredi 29 septembre 2017

Seven years has gone so fast



C’est ma 20ème rentrée.

J’ai les mêmes bouclettes que pour ma première année de maternelle, seulement maintenant, elles sont parsemées de cheveux blancs que j’arrache devant le miroir de mon ascenseur.

La boule au ventre est la même, la peur de l’inconnu, d’être déçue, plus de ne pas être à la hauteur, car j’arrive toujours à l’être, même s’il faut pour ça me contorsionner.

On me dit « courageuse » de reprendre mes études. Je ne sais pas si c’est une formule vide de sens en mode « Tous mes vœux » « A tes souhaits » ou « Faut trop qu’on se fasse un déj ! »
C’est pas vraiment du courage. C’est plus une assurance, même.
Boulot #1 m’a foutu au semi-chômage technique, boulot #1 n’étant pas salarié, j’ai du temps, mais pas d’allocs, mais du temps.
Alors autant le passer le cul sur une chaise en bois à écouter des gens s’aimer beaucoup trop et nous apprendre quelques petits trucs quand leur ego leur en laisse le temps.
C’est une excuse pour me rapprocher du cinéma et y passer mes heures de creux, lovée dans les bras d’un fauteuil de velours rouge, les seuls bras qui vaillent de nos jours.
C’est aussi l’abandon de mes privilèges : se confronter à un ascenseur qui ne veut pas s’ouvrir à une simple étudiante, à des professeurs paternalistes vous expliquant ce que c’est la vraie vie et ce qu’il y a dans l’âme noire des professionnels du milieu.
Mais n’oublions pas l’apport inattendu de sourires : devant les tenues folklo des gens de la fac, de la goth sur talons compensés de 8 centimètres aux poètes maudits et leurs éternelles écharpes jaune moutarde à bouloches, devant les tags anar dans les cages d’escalier, qui se multiplient de jours en jours, devant la dame du Crous, parce que LE CROUS.

Mes camarades sont de toutes sortes d’horizons, mais on ne peut pas dire que l’ambiance soit sex, drugs & rock‘n roll. D’ailleurs quand le prof de littérature a sorti « moi, ce qui m’intéresse ce sont les mineurs » (comprendre « les auteurs » of course), j’étais la seule à arborer un sourire plein de vice et à avoir l’œil qui frise.

Ce sont de minuscules semestres, un mémoire plutôt ludique, et un stage dans un milieu que j’ai déjà dans la poche qui m’attendent. Décidément, il n’y a rien de courageux à cela, si ce n’est les kilomètres de vélib aux heures de pointe qui m’attendent.

Sans mes lunettes je confonds tous les garçons que je croise. Ils sont tous habillés pareils, ont la barbe châtain réglementaire et les manches retroussées. Ils sont jolis-oubliables. – 100 points à tous ceux qui pensaient que j’allais lâcher le cougar qui grommelle en moi.

Je suis très contente de tuer le temps chez Gibert. De me plaindre de mes creux d’emploi du temps de 6 heures. Du fait que l’architecte devait être sous champis quand il a rendu les plans de ce bousin.
Je parle toujours aussi peu. Aux gens. Aux profs. Même quand on m’interroge. Un regard noir, d’abord, toujours. Qui ose troubler mon monologue intérieur ?

Ca me fait rire d'être deux choses si opposées. Pro et étudiante. La meuf qui distribue ses cartes de visite à la fin des conférences. Qui vient en talons tailleur à la fac et en baskets jean trop grand au boulot. Etre celle qui calme les angoisses de ses camarades de 10 ans de plus qu'elle quant aux conditions de travail dans le milieu qu'elles visent. 

Je voulais me changer. Forcer mon cerveau à redémarrer. Me bouger.
On en prend bien la voie.
Bref, I'm going to fac.


lundi 18 septembre 2017

This machine is going wrong



Est-ce que le monde se délite au rythme où les arbres dans l'allée d'Oscar sont coupés ? C'est une théorie valable, dans ma cosmogonie. 
La rébellion de leurs racines a soulevé un morceau de trottoir juste assez haut pour qu'une fois mes fesses posées, mes genoux me servent d'écritoire.
La playlist est Tom McRae.
J'ai bien tenté de lancer celle intitulée "Party" mais je serai toujours une emo @ heart.
Tom m'a sauvé la mise cette semaine. Un jour où je me suis particulièrement sentie insignifiante, Tom m'a fait toucher le fond pour m'en déloger à coup d'éclats de rire.
Sur ma bonne vieille marche, à la Maro, j'ai resenti la présence d'un semblable pour la première fois depuis des lustres. Un type qui n'écrit que des chansons tristes sans aucune compromission à la pop. Une sorte de pré carré du désespoir habité par peu de gens au final.
Et tant mieux, parce qu'en général, on ne les aime pas. 

Les allers et venues sont incessantes devant moi.
En arrivant, j'ai combattu mon arch nemesis du cimetière : La Camion des Agents d'entretien ; garé juste là où je voulais me poser.
Après un duel visuel d'une minute trente, j'ai obtenu une victoire totale.
Le trottoir est à moi et à mon coccyx malmené par un été à vélib. 
Oscar est comme un animal de cirque désormais. Ou de zoo, derrière sa vitre ridicule, qui renvoie le reflet des flash et laisse un souvenir "mouais" aux touristes quand ils se repassent - s'ils se repassent - leurs clichés de vacances.
C'est grâce à Oscar et Dorian que j'entame une nouvelle vie, lundi [Aujourd'hui, du coup]. 
Il fallait que je vienne lui transmettre une dose d'hommage.

Si j'avais été un garçon, j'aurais ressemblé à Tom McRae.
J'ai raté ma carrière de singer-songwriter alcoolo-attachant. A la place je suis une femme à qui son genre amène plus d'emmerdes que de privilèges. Pas tout à fait épanouie intellectuellement. Qui n'a plus de passé et un avenir toujours aussi incertain.

Je profite du probable dernier ciel bleu de l'année dans l'endroit qui reste ma maison. Avec les restes terrestres de ceux qui sont devenus ma famille. C'est une chance que cet endroit existe et qu'il me soit si accessible.
Un sphynx sinistre derrière des gens en K-way qui posent. Ce n'est pas Oscar. Ce n'est pas parce que c'est écrit dessus que c'est lui. Mais ça reste son endroit principal à Paris. Alors mon univers tourne autour d'ici.

If words could kill, I'd spell out your name

J'ai encore eu une année mouvementée. Ca ne s'arrête jamais vraiment. Certains me plaignent de cette aura de chat noir que je semble me traîner. Aimant à désastres. D'autres lèvent les yeux au ciel en m'intimant d'être plus positive (ceux-là sont clairement des êtres insensibles passés à côté de moi).

Dose me up. I can still see the ground.

Ça fait trois fois que Vampire Heart passe, ça signifie sûrement que je devrais bouger. 
On m'amènerait un oreiller, mon chat et une couette, je ne partirais sûrement jamais, mais il faut accepter de faire partie du monde des vivants. Avec toutes les irritations que cela induit. 
Encore pour un moment, du moins.