samedi 23 juin 2007

La mal-addiction du polo vert.


[Pour tous ceux croyant reconnaître des événements vrais ici : ceci est une autofiction, pour les autres, ce n'en est pas une](juste pour vous faire chier)

Le fait est que peu de choses me font sortir de ma torpeur.
Les posters intempestifs de Jim sur les murs du Virgin, certes.
Non je veux dire, chez un garçon.
Non pas que je trouve mon bonheur de l’autre côté. Non. Encore moins.
Mais. Il y a une chose. Inexplicable. Implacable. Qui me fait rentrer la tête dans les épaules et me rapetisser derrière ma bonne volonté.


Je hais la couleur verte. Presque plus que la couleur jaune.
Je trouve ridicule ce vêtement de faux riche beauf désacraliser par nos tendres racailles.
Et pourtant, la combinaison des deux tire automatiquement la sonnette d’alarme dans ma tête.
Pas un grand problème, parfois, lorsqu’il s’agit d’un inconnu, je souris pour moi. Lorsqu’il s’agit d’une personne de ma connaissance, je ferme les yeux et je pense à la messe.
Mais ça devient drôle et incontrôlable quand un garçon qui me plait un minimum (oui, ça peut arriver) commet l’irréparable.

Et il semblerait que le destin veuille me faire des clins d’oeils graveleux bien trop souvent par ce biais.
Pour tout vous avouer, il n’y a qu’un seul garçon dans toute la Normandie (France ? Europe ?) vers qui je daignerais baisser les yeux. Non pas amoureuse. Non pas attirée. Non pas intriguée. Ni même obsédée.
Toujours est il que j’avais un rendez-vous unilatéral avec ce garçon hier soir. Rendez vous unilatéral signifiant que je savais où et quand le trouver à quelques pâté de maison prêt et qu’il y avait donc préméditation à ma décision de le revoir.

Il réunissait jusqu’alors quelques unes des caractéristiques retenant mon attention dans quelque interaction que ce soit ; d’abord je l’avais rencontré dans un contexte artistique où j’avais le pouvoir. Très important. Ensuite, non seulement il est musicien, mais il se trouve qu’il a du talent. Et un talent multiple. Après, physiquement j’ai apprécié son attitude détendue et quelque peu détachée. Concentration et démonstration oblige. J’ai eu le plaisir d’apprendre qu’il arborait un surnom gargarisant. Ce qui semblait nous faire un point commun. Ce soir là était formidable, car j’avais une double protection par rapport à lui : la scène et ma caméra.

En tout et pour tout nous avons dû échanger deux phrases ; et je m’en contentais grandement. Mon intérêt pour lui n’atteignant pas des sommets inatteignables.
Tout se serait arrêté si mon boulet d’inconscient n’avait pas décidé de mettre les pieds dans le plat.
C’est, en effet, toujours lui qui me souffle les idées les plus destructrices.
Là, il semblait évoquer le fait qu’une relation garçon/fille comme on voit dans la rue n’était pas une torture abjecte. Du moins lorsqu’elle incluait le fameux individu.
Pas d’amour éperdu, pas de pornographie mal placée et évacuant une frustration que je ne ressens même plus. Non. Quelque chose de naturel, voire logique. Ces rêves, je les connais, il s’agit d’annonciateur révélateurs du changement de cap de mes sentiments et à chaque fois, cela avait attrait soit à des amis à moi, soit à des ennemis bien connus. Cela me disait « Heightysygirl, tu le kaïffe, rends toi à l’évidence. ».
Mais là en l’occurrence, outre quelques messages vaguement échangés, rien de bien solide. Et pourtant ce rêve fût plaisant. Je décidais que le revoir serait amusant. Sans avoir aucune intention de l’approcher de quelque sorte que ce soit en dehors d’être son public et lui mon divertissement.

Au fonds, les garçons, je les accepte dans ma vie que lorsqu’ils sont assez divertissant.
J’ai besoin de bouffons pour chasser l’ennui du froid glacial de mes journées de reine inerte.
Bref.
J’ai erré toute une partie de la soirée sans savoir où je retrouverais ce garçon. Assez entraînant, assez amusant. Cache-cache a toujours été mon activité sexuelle préférée. En tout bien toute honneur. J’ai fini par abandonner toute idée de le voir ce soir et j’ai profité de l’ambiance, de mes amis, du fait que je souffre moins quand je suis avec eux.

Alors que j’avais atteint le niveau « flottement radieux et sécurité maximale au milieu de la famille que j’ai su me recréer » j’ai entendu une chanson que je connaissais – fête de la musique oblige -. Je ne mettais pas de nom dessus. Mais elle m’attirait inexorablement et je savais que dans mon petit groupe je n’étais pas la seule à connaître cette chanson.
Juste le temps d’agripper la première amie qui passait et de l’entraîner au milieu du petit attroupement, de pousser un cri de groupie totalement déplacé devant un groupe amateur parmi une foule composée de leurs amis et famille respectives ; mais drôle en soit.
Je ne l’ai pas vu au début. Pas remarqué. Pas voulu m’intéresser à lui de prime abord. Mais finalement je dû m’y résoudre. Je posais mes yeux sur lui, au fonds, et je souriais.
Non seulement je ne ressentais manifestement rien pour lui. Toujours rien. Mais en plus, la dernière tentation que m’assenait le destin me laissait sans émotion : agitant ses baguettes à une vitesse supersonique, il nageait dans un polo vert trop grand pour lui.

Je suis restée, j’ai poussé le vice jusqu’à soutenir un de ses regard, vide d’implication dans son rythme. Et rien, aucun éclair magique, aucun tressaillement dans mes entrailles. Mais ce n’est que lorsqu’il se leva définitivement pour quitter son instrument à la fin du concert, qu’une blonde lui enserra la nuque et l’embrassa nonchalamment, ce ne fut que là que je compris : le seul garçon que j’avais fini par estimer à ma hauteur ne me faisait pas plus d’effet que le plaisir que sa musique pouvait me procurer.
Je ne le reverrai sûrement pas avant longtemps me dis-je… jusqu’à ce qu’une voix masculine confidente me glisse à l’oreille « Je vais entrer dans une des assoc’ de mon cousin l’année prochaine, et je les ferais venir. ».
OK destin. On se fait une troisième manche quand tu veux.