vendredi 28 mars 2014

The dreaming days where the mess was made


[Oui, bonjour à vous aussi, jeune homme.]
 

Nous sommes le 26 mars et je sors du bureau. Je choisis un autre ascenseur que celui par lequel je pensais descendre, et j'appuie sur le bouton. L'attente est longue, mais la personne qui m'attend, en bas, est en avance, le temps est équilibré. 

L'ascenseur arrive. Je monte. Il n'y a pas de miroir pour vérifier que je suis présentable. Le temps de penser ça, nous sommes à l'arrêt et un homme entre.

Je le salue cordialement et le reconnait en même temps.
Ce pourrait très bien être l'homme le plus important de ma vie d'ici quelques semaines.

Et lui me coule un regard par en-dessous, pour me dévisager, parce que moi, j'ai toujours le nez qui pointe vers le sol. 

"Je vous connais vous !"
Oh oui.

Je lui dis qui je suis avec un sourire enjôleur. 

Je suis ravie d'avoir réussi à me placer, dans cette cabine étriquée, à cette heure de la journée.

Je me dis que le timing était le bon. 
Que rien n'arrive par hasard.

Je me dis que c'était peut-être le meilleur moment de ma journée.

Mais en fait, non, puisque soyons honnête, le meilleur moment de ma journée, c'était ça :




mardi 25 mars 2014

I wanna be adored


[I gotta be adored]

Je suis pétrifiée. 
Suis-je une si petite chose ? Démontable comme une forteresse légo sur laquelle on aurait pourtant passé de si longues heures ?

Je n'ai pas envie de vous faire de long discours sur comment m'envisager. Je n'ai pas envie de m'expliquer, de me raconter une fois de plus.
De donner raison à qui juge que oui ou non j'ai eu raison de prendre ces médicaments. De rassurer ceux qui ont eu peur, de détromper ceux qui se sont moqués, d'invoquer de vraies bonnes raisons quand je sais que je me ramasse de haut pour une broutille.

Mais quelle broutille.

La broutille indépassable de ma petite vie. Celle que j'ai cru acquise, le temps d'un printemps il y a deux ans. 

Le fait est que je suis vraiment une princesse. No shit. Une putain de princesse à malédiction pesante.

Ou plutôt je suis la Bête. La Bête qui n'attend qu'une seule chose. 

On ne peut pas attendre d'être aimée. Pas dans notre société. Pas quand on n'est pas une petite chose fragile et qu'on donne une image de personne à peu près sûre d'elle et relativement forte.

On ne peut pas attendre ça comme le bus. 

On ne peut pas non plus aimer aussi vite, et aussi loin de ce qu'on attend de nous. La société nous dicte 'Oh toi tu es comme ça, tu aimeras ce type de gens et pas un autre, et tu aimeras au bout d'un délai respectable, et seulement si c'est mutuel ET PAS SI FORT JE T'EN PRIE !'.

Mon coeur est le plus grand révolutionnaire de tous les temps. 

Mon coeur fait la nique à Robespierre et sait très bien qu'il n'a pas de tête qu'on pourrait faire tomber.

Mon coeur, à l'aube de mes 26 ans, n'a jamais changé.

Je passe mon temps à l'insulter, à le meurtrir, à m'insurger contre sa prédominance.

Le fait est qu'il hurle parce que je ne l'écoute pas. 

Que j'ai trop été malmenée, trop déçue et trop désaimée pour tenter quoi que ce soit et déjouer cet attentisme stérile.
J'ai mille raison de ne pas agir. J'ai mille autres raisons de me détester de ne pas agir.
Chaque jour qui passe enfonce le clou plus loin, plus durement. 

Je souffre ma race.

Mais la souffrance est habituelle. La souffrance est ma compagne. Je trompe la solitude avec elle. 
Elle est là, elle ne me déçoit jamais.

Elle ne me pose pas de lapin, ne me plante pas à chaque fois qu'on a rendez-vous, ne couche pas une autre. 

Ma zone de confort est la prison que je me suis créée. 

Je ne suis pas certaine qu'il existe un prince capable de m'en sortir. Je ne suis pas sûre que ce soit très juste, d'ailleurs, d'attendre cela de qui que ce soit. 

Mon erreur fatale – l'origine de mon meltdown – a été d'y croire une dernière fois.
Et de m'être trompée,
f
a
t
a
l
e
m
e
n
t
.
 

A demain (car je serai là) pour une note pleine de joie.
Enfin. Toujours plus que celle-là.


samedi 22 mars 2014

Standing at the edge about to fall


 
[Faces crushed against the wall]

J'écris cette note avant d'aller avaler un xanax.
J'écris cette note parce que je sais toujours quand je prends le premier mais jamais le dernier, et qu'on sait bien à quel point je ne suis plus tout à fait moi quand je suis sous chimie.

Alors non, ça n'est pas une lettre d'adieu, ni d'au revoir éclipsant, je serai physiquement là, mais mes émotions seront diminuées, bien propres sur elles. Acceptables. Pour vous, comme pour moi. 

Je ne serai plus la Johnson étrange, avec un cerveau plus rapide que l'éclair qui comprendra tout ce qui se passe avec beaucoup trop d'acuité pour que son hypersensibilité le supporte.



Envoyer mes émotions en prison vaut mieux que me passer par la fenêtre, je pense que tout le monde est d'accord. 

Ca fait trois heures que je pleure sur mon canapé sans discontinuer. Pour un peu tout et, je dois bien l'avouer, n'importe quoi.

Là, à cet instant, c'est parce que Freddy Mercury est mort.
Mais ça a commencé par autre chose.
Le fait que je ne puisse plus appeler Mémé. Parce que Mémé, elle savait.
Elle m'aurait dit de me battre. Mais la bataille est derrière moi, et j'en suis à ramasser les cadavres sur le champ de Mars de mon intériorité, sans trop savoir ce qui s'est passé.
C'est allé trop vite.
Comme un jeu de Uno où mon tour aurait sauté 8 fois avant que je ne comprenne que la partie avait commencé.

Ca devient un peu compliqué d'être la moi que je suis devenue : forte, extrêmement sociable et pleine de pep talk à distribuer à tous les gens que j'aime, quand la moi que je suis encore un tout petit peu fait un come-back aussi impressionnant.

Aujourd'hui, en cherchant du réconfort, je me suis aperçue qu'on m'avait complètement rayé d'une vie. Je comprends la démarche, c'est un peu mon réflexe, qui serais-je pour juger ? Mais j'avais toujours eu le secret espoir d'un happy ending. 

Je vis dans mes mirages et mes fantasmes. Je crois mon imagination plus que la réalité et je finis par me la prendre en pleine gueule. 

Alors je bois, je fuis, je blague, je ferme les yeux fort et je pense à des rockstars. 

Mais là, aujourd'hui, tout cela ne suffit pas.

Les amis proches sont prévenus, j'ai tiré l'alarme. J'ai tout fait comme je dois faire pour survivre encore un peu. Au moins pour cette fois.

Au moins pour cette chose poilue que j'ai enchaînée à ma vie.

Je procéderai de même quand ce sera fini. Peut-être demain. Peut-être la semaine prochaine. Peut-être dans 8 mois.

So I guess this is goodbye.



jeudi 20 mars 2014

I love you, I love my black eye.


[These knots I'll never untie.]

Vous êtes circonspects.

Oui, vous.

N'allez pas croire que j'ignore votre feedback. Mais hey, vous êtes sur le Johnson blog là, un peu de bizarrerie ne devrait point vous effaroucher.

Donc ouais, j'ai explosé la timeline, raconté toute l'histoire à l'envers avec des ellipses et des montagnes russes. 

La dernière note aurait clairement dû se placer chronologiquement avant mon énième dialogue avec mes organes internes.

Donc à tous ceux qui ont sorti le casque, les genouillères et l'attirail anti-émeute : non, je ne suis pas amoureuse.  
Plus amoureuse. 
Pas vraiment amoureuse. 
J'en sais rien. 
Enfin là maintenant, ça va, je le vis bien et je n'ai aucune envie de me pendre avec mes propres entrailles. 

Mon coeur est bel et bien dans un sarcophage et je ne sais absolument pas ce qui s'y passe. Il y a, en effet, eu un événement de type Fukushima il y a quelques semaines de cela, des fuites radioactives ont envahi mon esprit mais tout est dépollué. 

J'ai juste été inspirée sur le moment par ces quelques gifs, et maintenant que j'étais totalement maîtresse de moi-même, je pouvais enfin me faire plaiz et en parler sans fondre en larme ou engloutir une demi bouteille de Chianti. 
Ou de Venetto. Ne soyons-pas sectaires.

Reprenons une activité normale, voulez-vous?

Je vais toujours bien. Dans le sens "ça dure", pas dans le sens "I'm a shiny, happy Johnson.". Je mens bien, mais pas à ce point. 

En ce moment, j'ai envie de rendre les gens heureux, malheureusement, j'ai aussi envie qu'ils me rendent la pareille et apparemment ça cause des bugs dans la matrice.

Je me remets doucement de quelques déceptions amères, je fais quelques pas guillerets de plus vers la sainteté et ma canonisation certaine.

J'ai une jolie robe, de jolis cheveux, et je n'ai absolument rien à craindre de cette soirée.
Je ne vais absolument pas finir hirsute, à courir à tous talons dans une rue inconnue, les larmes me striant le visage. 
Non, pas.


mardi 18 mars 2014

Drifting to the corners of life


[Ok, sure.]

 
[Oh hi!]

 Non. Définitivement : non. Ca ne se passe pas comme ça. 
Mais plutôt comme ça en fait :


Je rate des trains. Ou je rate ma vie. 
Je passe à côté. Ou bien je fonce dedans, dans le tas, trop vite.
Je sais ce qui va arriver, je le vois venir. 
Je le pressens et je le crains et pourtant je ne l'évite pas. 

Je suis jalouse, je sais ce que ça veut dire, pourtant, je n'écoute ni mon coeur, ni mes yeux, ni ma bouche, ni les pulsations qui s'accélèrent. 

 [C'est exactement ça, Tom.]

Je cherche l'amour un peu partout sauf là où il est.
 Je crée à la fois mon mythe et ma tragédie.
Je regarde mes copines saisir les opportunités que j'ai laissé posées là. 

J'ai même atteint le stade où j'ai arrêté de punir les autres pour mes fautes.
Pour ne pas m'être prise en main à temps.
J'en suis au stade où je peux regarder quelqu'un d'autre obtenir ce que je désire et en discuter avec elle calmement après.

[A peu près comme ça, d'ailleurs, merci Chilli baby.]

Je me dis que l'autre n'avait qu'à être plus clair. 
Que c'est de sa faute.
Qu'il n'avait qu'à envoyer que des signaux limpides, ininterprétables autrement. 
Qu'il FALLAIT que l'autre soit sûr de lui là où moi je ne l'étais absolument pas.

 [That exactly, Adrian Brody.]

Je suis une ridicule petite comète qui va passer sur Terre sans laisser de trace viable dans le coeur de quelqu'un.
Juste parce que ça fait peur.
Juste parce qu'elle a une imagination débordante quand il s'agit de s'inventer des excuses.
Juste parce qu'elle baisse les bras aussi vite qu'elle tombe amoureuse.

Je me désole et je m'accepte. Je secoue la tête et je continue. 
Je suis la fille qui tape sur son clavier.
Celle qui raconte les histoires des autres.

Si je devais vivre, qui raconterait la mienne ?


jeudi 13 mars 2014

And Here I Am Fighting



 [Fighting. 
Yes I'm Fighting not to cry 
And that's another reason 
Why I oughtta hate you like I do 
Like I do]

Ca fait tellement longtemps que je ne prête plus attention à ce que les gens pensent de moi, que j'ai perdu toute idée de quelle est la perception qu'ont mes amis de moi. 

Plusieurs fois, ces derniers temps, ils m'ont interpellée par leurs réactions, à tous, ou presque. La même. Cela dénote un fond de vérité. 

Et ce que ces réactions avaient en commun, c'était tout simplement quelque chose à l'opposé de moi. 

Comme quoi, je n'ai jamais su autant qui j'étais et je n'ai jamais autant communiqué une image aussi différente. 

Moi, la personne la plus bornée et têtue du monde, la plus sûre de ses "oui" et surtout de ses "non", on a osé me dire "ouais mais bon, tu vas finir par coucher avec lui.*". 

*Oui, non, il ne s'agit pas d'un garçon en particulier mais d'au moins trois qui viennent aléatoirement dans mes conversations – dont le fameux déclencheur de printemps Heightsien du mois d'août.

Sérieusement. Moi. Alors donc, j'aurais perdu toute volonté à leurs yeux ? J'aurais perdu le mojo Heightsien ? Ce fameux refus de la compromission ? Ce fameux orgueil qui m'a sorti de tous les pas, de la mort, de la maladie et de la pauvreté ? Come ooooon. 

Non mais je sais pas en même temps. J'ai appris, avec le temps, que vous pouviez avoir raison aussi. 
Vachement moins que moi, mais quand même.

Peut-être que ça finira ainsi. Au petit matin, dans le lit d'un type que je m'étais juré de ne jamais toucher, avec une fracture au cervelet et des yeux fixes de poisson mort. Décédation cérébrale. 

J'écoute beaucoup la chanson de Richard Ashcroft Break the night with colours et je pense toujours comme lui. Que personne n'y croit. Personne ne croit vraiment en moi. Mais moi oui, moi je sais. Le positif comme le négatif.

Je sais que je ne serai jamais heureuse en amour mais je sais aussi que je m'en sortirai toujours, professionnellement, humainement, amicalement... 

Mais, de plus en plus, je m'aperçois que pour vous je ne suis qu'une serial loveuse qui ne retient rien de ses erreurs passées. Qui tombe amoureuse d'une falaise toujours plus haute. 

Pour certains, je suis même toujours la Johnson adolescente mal lunée. Mal dégrossie. Mal dans sa peau. Très très mal, en somme.

Je suis un peu déçue, forcément, que personne ne voit mon changement en tant que tel. Qu'on pense que je me trouve des excuses pour un comportement moral douteux. 

Je crois que c'est pour ça que j'ai autant besoin de communiquer ma vérité ici, car je sais bien qu'elle est impossible à entendre, à concevoir et encore moins à accepter. Même mes amis les plus ouverts ont leurs limites. 

Mais j'ai su les accepter, et ne plus condamner à mort ceux qui rentrent dans des murs d'incompréhension dès que j'ouvre la bouche.

J'ai changé. Je suis Johnson 8.0. Que ça vous plaise, que vous le croyiez ou non. 

Je changerai peut-être encore demain, mais ça ne voudra pas dire que je serai infidèle à mon ADN pour autant. 

Je resterai toujours la Johnson adolescente, oui.

...mais celle que personne n'a jamais su, n'a jamais pu voir. 

dimanche 9 mars 2014

Baby I'm the Berlin Wall Tonight



Une soirée au goût de juillet 2013. Le mois d'avant le grand changement. Le cataclysme. La révolution des moeurs heightsiennes.

Je souris fort en pensant qu'il y a une micro probabilité que, dans 5 mois, je roule des pelles à Chili Jesson en Hongrie. Une infime chance donc, mais quand on sait mon potentiel de magnet à rockstar, on fait moins les malins. 

Ma vie est faite de mixed-feelings ces temps-ci, et c'est pas simple pour moi, de les ranger, de les gérer, de les catégoriser. Jusqu'ici, je n'étais faite que de sentiments tranchés, de "oui", de "non", de "j'aime", de "j'haine".

Le fait est que ce soir, j'ai du mal à haïr. 

Je me suis efforcée, pourtant, d'y concentrer toutes mes forces, mais j'ai lamentablement échoué. Pour beaucoup, ce serait donc une victoire. Je vous conseille d'attendre le long terme.

Le fait est que je suis entrain de creuser ma propre tombe. C'est un peu ce que j'ai toujours fait. C'est un peu, comme toujours, pas de ma faute - JAMAIS DE MA FAUTE - car le destin me fout le même cas d'école dans les jambes à chaque fois que je m'ouvre un peu.

Mon plus grand secret, ma plus grande peur, ma phobie ultime, je la hurle de tous mes poumons dès que j'ai un coup dans le nez. "Y a pire que le fait que personne ne m'aime (et que personne ne m'ait jamais aimée), y a le fait que personne ne m'aimera jamais". 
Je la partage avec tellement de gens que pourquoi pas avec vous. On n'est plus à ça près.

Je suis entourée de gens qui m'aiment, mais jamais, jamais, jamais, jamais, la personne dont j'aimerais l'amour ne m'aime. 
Même le chaton est dubitatif et se dirige vers de plus vertes contrées. 

Le fait est, je crois, que je trouverai toujours une raison pour me ronger de l'intérieur. Et que, plus j'avance dans la vie, plus je trouve le moyen le plus pernicieux pour me rendre malheureuse. Exactement ainsi : en choisissant comme seule possibilité de bonheur ce qui ne pourra jamais me l'apporter.

Si je n'avais pas décidé que ça y est : je m'aime, je pense que je me jetterai de l'huile bouillante à la figure.

La dernière fois que j'ai initié cette immense, immense, connerie ça a commencé par Perhaps, Perhaps, Perhaps, en boucle sur mon petit ordinateur au son pourri de Saint-Cloud et ça a fini par des cris et des larmes, au dessus du vide au 4e étage de mon appartement du 20ème.

Je suis loin de tout cela maintenant, mais je n'en ai, en réalité, jamais été aussi près.

A chaque fissure, je colmate, je scotche, je comble, mais je crois qu'au fond, ce coeur que je cadenasse, est tellement usé à la corde que, compacté, il tiendrait à peine dans le creux de ma main.

Sing me a love song 
From your heart or from the phonebook 
It don't matter to me I'm an apple, you're the tree 
It won't fall when you're shook

It ends with a kiss 
It ends with a tear 
It ends with the lights out 
Bathed in our fears

jeudi 6 mars 2014

Life is both a major and minor key


[Read that and that, and maybe, just maybe, you'll get what follows.]

– Appel à tous les organes. Je répète. Appel à tous les organes. Ceci n'est pas un exercice. Nous allons procéder comme à l'entraînement, tenons-nous en au plan. La probabilité de réussite de cette opération est de 8,8% donc que PERSONNE ne prenne d'initiative.
Oh putain. Quoi encore ? CA FAISAIT UN AN ET DEMI. 
Désolé Johnson, but we have to go back. 
– "Désolé" ? "Désolé" mes couilles ! On n'est pas dans une semi-mauvaise série américaine les gars. C'est encore moi qui décide.
On sait bien que c'est faux, toi et moi. 
Nan nan. Tu me fais croire depuis des années que c'est ni moi, ni toi qui commandons, mais j'ai fait ce que j'ai fait et depuis on se porte super bien. Ne le nie pas. 
Je ne nie pas, Johnson, je dis juste qu'un an de prison ferme à l'encontre d'une partie de ton propre corps c'est peut-être un peu abusé.
– Oui, ben non. Tu l'as dit toi même : c'est lui qui a commandité tout notre malheur, donc il a bien mérité qu'on le foute sous clef.
Tu déformes mes propos. Ça n'est pas de sa faute non plus, il bat pour tout ce qui bouge, on est nés comme ça et le reste de ton corps est bien obligé de suivre.
– Rien à foutre. Vous le laissez là où il est. Je veux plus entendre parler de lui.
Mais ENFIN. Ça n'est pas SAIN. 
– Oui bah comme le reste de notre hygiène de vie, je vois pas trop le problème d'un coup.
On est quand même connus pour RESSENTIR les choses. Or ça fait un an que plus rien. Du tout. Alors moi je veux bien qu'on balance notre fond de commerce par les fenêtres mais faudrait aller jusqu'au bout des choses.
– Genre nous suicider ? ALLO, on a dépassé ce stade.
Non. Genre devenir vraiment normales. Avec un job rangé, tranchquille où qu'on suit le troupeau, un mec tranchkille aussi, t'sais, ni beau ni laid. PIS APRES ON FAIT DES CHIARDS AUSSI PENDANT QU'ON Y EST. ET ON PART EN VACANCES. A LA BAULE. AVEC DES CROCS AUX PIEDS.
– COMMENT TU PARLES. C'est comme ça qu'on s'est élevés ? 
Ah bah moi je m'adapte hein. Puiqu'on ressent rien. Qu'on suit le mouvement. Qu'on vit l'instant présent and all that shit.
– Ok. Tu as marqué un point. J'accepte d'intercéder en ta faveur. Fais ton choix.
Jetons un oeil. 
– Le droit ou le gauche ?
Ah oui, j'oubliais : on est connus pour ressentir les choses ET notre humour olympique. Non, on jette un coup d'oeil dans la cage et on voit ce qu'il en est.
– Je n'ai qu'une parole : allonzy.
Synapses : ouvrez la cage de Coeur, siouplait.
– O_O O_O O_O O_O
– Faites ce qu'on vous dit. 
– O.
L'instant de vérité.
– Ou pas. Moi je sais très bien ce qu'on va trouver : le même merdier que d'habitude.
Je croyais qu'on se laissait communiquer un certain optimisme ces temps-ci ? 
– Dans tes rêves. 
MMMMMMmmmmmouuuuuuuuuaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah.
Oh. Shit.
– Qu'est-ce que je disais ?
Boooooouuuuuuuaaaaaaaaaaaaaaarghh. 
Non mais d'accord. C'est rationnel. Maintenant on sait.
– Oui, faut toujours que tu te rendes compte par toi même hein. Tu peux pas avoir JUSTE confiance en mon instinct.
Ca n'est PAS un organe, ça n'est PAS tangible, ça n'existe PAS.
– Et pourtant...
LARMES. CRIS. FUREUR. AUTODESTRUCTION. EXTERMINATE! EXTERMINATE!
– What the fuck?
Aaaaaah, nan mais ça, ça doit être dû à une overdose de Torchwood. Avec les yeux on a tout ingurgité en moins d'un mois, on a un peu fait les foufous sur ce coup-là j'avoue uhuhuhuhu !
– Je suis pas persuadé que ce soit QUE ça.
PERSONNE NE NOUS AIMERA JAAAAMAAAAAAAAIIIIS.
Ah, oui.
– Le fond du fond du fond quoi. Le dégénéré de la famille. Le biscuit cassé au fond du sac à dos dont personne ne veut. La boule de glace tombée par terre. Le putain de chien à trois pattes.
HEY. HO. On se  respecte un peu là ?
– Clairement, c'est pas moi qui me la joue madame Butterfly, là.
C'est en partie toi. Quand même.
– Je renie. Je renie en bloc.
JE SUIS UN FOU MOI. SI VOUS ME LIBÉREZ PAS MAINTENANT JE VAIS TOMBER AMOUREUSE. ENCORE. FORT. BEAUCOUP. TOUT LE TEMPS.
– Oui, alors que si on te libère c'est pas DU TOUT ce que tu vas faire.
...Je le ferai, oui, mais en harmonie, avec vous les amis.
Je crois qu'il revient à la raison.
Je crois que tu t'es jamais remis de notre suspicion d'AVC et qu'à l'IRM ils ont rien voulu dire pour pas trop nous démoraliser.
Je t'en prie. On n'avait dit pas les vêtements et pas la santé. 
ET PAS LES COEURS BRISÉÉÉÉÉÉÉ
Ah si ça oui. 
Le ridicule ne tue pas mais, dans ton cas, il rend cardiaque.
VOUS VOUS LIGUEZ CONTRE MOI. 
Oui, voilà, car personne ne t'aime.
PERSONNE NE M'AIIIIIIIIIME.
– Ne l'encourage pas !
PERSONNE NE M'AIMERA JAMAAAAAIS. JE SUIS LE PHANTOM DE L’OPÉRA. LE VEUT L’INCONSOLÉ LE PRINCE D'AQUITAINE A LA TOUR ABOLIE. 
Ok. Tu as gagné : tu avais raison. Il n'est pas prêt. 
Il est définitivement pire qu'avant.
C'est vrai qu'il a plus trop trop de raisons de se comporter comme ça.
Parce que, dans le fond, on s'en sort pas si mal que ça sans lui hein.
– On est même bien bien bien bien bien.
Parfois, je me dis que tu es le seul à me comprendre et qu'on ne sera jamais heureux que tous les deux.
– Tu sais toujours trouver les mots.
Et toi tu me fais rire. Je me sens moins seule quand tu es là.
– Allez, je te paye un rêve. C'est ma tournée.
Si tu insistes... Tu sais que c'est mon petit péché mignon hein. Hihihihi. Allez !

...

– MOOOOOOOOOON RIIIIIVER LALALALALA.... AHEM... If you've lost your faiiiith in looooove and music Oh the end won't be loooooong... AHEM... LOVE OF MY LIIIIIIFE DON'T LEAVE ME... I'M JUST A POOR HEART NOBODY LOVES MEEEE. Hey ? HEY ? LES COPAINS ? J'ai fini ma crise. Je va mieux. Revenez ! Revenez !! Soyez chouettes... Revenez ? Je me sens seul. Et triste. Et vide. Et MOCHE. Et gros. Et las. Et rouge. Et veineux. On regarde le Phantom de l'opéra ? Ou Les Misérables, je suis pas sectaire. On écoute Jake Bugg ? Il a fait une chanson sur la mort, c'très chouette ! ALLEZ LA VOUS POUVEZ PAS VIVRE SANS MOI JE LE SAIS BIEN ! On va dans un cimetière ? On tombe amoureux d'un garçon qui nous aime pas ? Comme vous voulez. J'aime bien faire les deux. On se fait larguer sinon. Je pense qu'on n'est pas loin du prochain niveau. Par SMS ou par Facebook Messenger. Hum ? Non ? Bon...