lundi 29 août 2011

Green eyes


Beaucoup de livres à Prague, je crois que c'est pour ça que je me suis sentie dans mon élément, aussi bien à 10 ans qu'à 23.
Beaucoup de bière aussi, avec ci-dessus le premier maitre brasseur Staropramen, hologramme plutôt réussi, visite loin de l'authenticité et proche du Disney mais qui vaut le coup par jour de pluie, surtout pour la bière offerte à la fin (évitez la lager, goûtez l'ambrée - recette du 19ème siècle - et la brune au léger goût de caramel), seul moment du séjour (avec notre repas d'adieu) où j'ai été un peu dizzy.


Ou alors est-ce parce que j'aime le sens marketing des pragois ?

Ou leur sens du sacrifice et du devoir ?

Ou leurs peintures rupestres ?

Ou Cerny et son art déjanté ?
Ou parce qu'ils prennent aussi soin de leurs cheveux que moi des miens ?

Ou leurs décidément très très grosses horloges ?

Non. Je crois que c'est leurs pigeons.

Ouais. Les pigeons.

dimanche 28 août 2011

A certain romance


C'était une nuit de Juin 2006, sûrement celle où nous avons fêté l'obtention du bac de deux membres de ma bande de l'époque. Quelques jours après avoir rencontré Carl B. pour la première fois, quelques jours avant de me faire opérer. C'était l'été charnière.

C'était une nuit de cet été là. 

Je me suis réveillée - j'ai le sommeil le plus fragile du monde - la chaleur aidant, je suis sortie de ma chambre, encore à moitié endormie. 

Je me suis souvenue que je n'étais pas seule, que mes amis étaient éparpillés partout dans la maison, comme l'alcool que nous commencions tout juste à boire, comme tout ce que nous devrions ramasser avant que mes parents ne reviennent prendre possession de l'endroit. 

Dans la pénombre j'ai descendu les escaliers, les cheveux dans tous les sens, un débardeur trop petit et un bas de pyjama sûrement rapiécé - il y a un grand miroir en face des escaliers. Je crois que je vais vers la cuisine mais de la lumière attire mon attention : dans le petit salon, où on a laissé une de mes potes devant les joies de canalsat', la télé fonctionne toujours activement. Fort, mais pas trop. Je ne sais pas où les autres dorment, je sais juste qu'on a décidé de se séparer parce qu'il faisait trop chaud. 

Ma pote s'est endormie devant MTV qui rediffuse les captations des Eurockéennes de Belfort cette année là. 
Et je le vois.

Et je m'arrête.
De tout.
Du mouvement jusqu'à la respiration. Il me scotche.

C'était peut-être celle-là, peut-être une autre... tout est flou sur ce point là.

Je sais juste qu'à cet instant précis. Alex Turner, son t-shirt blanc & moi étions en osmose. 
Des frissons dans une nuit caniculaire. Un coup de foudre érotique. Une vision. Quelque chose d'aussi subtil qu'un tremblement de terre.

J'étais ravie qu'il ait mis la main sur du biactol. Qu'il soit sorti de l'adolescence crasseuse pour devenir un young adult fringuant. Mon corps disait clairement oui. 

Ce moment, loin des tumultes d'un festival, est resté un moment, je n'ai jamais fait de fixette sur Alex - alors que je me suis emballée souvent pour bien moins que ça. 

Cette nuit est restée notre nuit. 
Sans lendemain.

jeudi 25 août 2011

Death and all his friends

[Cimetière d'Olsanny]

C'est l'histoire de deux filles toutes deux très intelligentes (leur parcours estudiantin en témoigne), cultivées (elles bossent d'ailleurs dans la culture) et qui savent fort bien que Kafka est enterré dans un cimetière juif puisque Kafka était juif... mais c'est aussi l'histoire de deux filles qui vont chercher pendant toute une matinée sa tombe dans le cimetière voisin tout plein de croix et de Jésus crucifiés.

Il faut dire qu'au sud-est de Prague, il y a la dose de cimetières, et que celui où nous avions foutu les tongs était fort charmant, donc on a pas trop réfléchi.
[On se moque pas, siouplait]

[On aurait même pu y tourner un énième épisode d'Indiana Jones]

[Salomon, vous êtes juif ?]

Clairement au mauvais endroit. On le comprend quand on est au bout du monde et on décide d'aller à la sortie la plus proche consulter un plan qui nous apprend qu'une grosse route sépare le cimetière à peu près à l'opposé de là où on est. Persuadées d'être sur la bonne route, nous entamons la deuxième partie d'un périple long, enrichissant, mais toujours pas Kafkaïen (ni juif).

[Ce chat non plus, n'était pas juif]

[Supeeeer Jésuuuus à la rescoooouuusse !]


C'est un grand parc désert en fait, à l'exception DU MEC BIZARRE. Mais oui, vous savez, celui que vous voyez arriver de loin sachant pertinemment qu'il est pour vous et que vous n'arrivez tout de même pas à dodger. Ouaip.

[Art Moderne toujours pas juif]

Le vieux nous parle dans un anglais très empreint de Tchéquisme. Du genre "baragouin" chez les soviets. On comprend qu'il veut qu'on le suive. Et C., ma stagiaire de l'hormone à Prague et mon attachée de presse à Paris, n'a toujours pas appris à dire non, alors elle le suit, et donc je les suis parce que c'est elle qui a l'argent (même si elle n'est pas juive non plus)(d'ailleurs elle a un tout petit nez et des doigts pas crochus du tout)(mais je m'égare).

Dans un endroit qui ressemble à peu près à ci dessus, dans un étroit chemin de terre qui grimpe et qui aurait pu s'appeler "ici personne ne t'entendra mourir dans d'atroces souffrances". Le mec nous dit enfin ce qu'il attend de nous "Could you take a picture of  my grave ?". Bref  aparté entre C. et moi et consensus autour du fait qu'il est très moyen en english et qu'il veut certainement nous demander de prendre en photo la tombe de sa famille.

[Même que parfois on voyait double]

On arrive devant la fameuse tombe, et là, c'est le drame. Il nous présente papa-maman-mémé-etlechien qui sont allongés là sous la pierre, dans le sol, et il ajoute "et moi aussi". 
HEIN.

Nous décidons donc de procéder à la photo et de nous barrer vite fait bien fait vers un cimetière vraiment juif, où, comme il se doit dans les cimetières juifs : toute photo est à 50 couronnes (true story). 


[Non, c'est pas LA photo puisque LA photo est sur SON appareil photo d'avant guerre, un truc même pas numérique, z'imaginez ?!]

En gros c'est là où lui va se faire enterrer quand il sera décédé et nous lui avons procuré la photo souvenir (enfin C.)(s'il y a une malédiction quelconque c'est pour elle)(moi j'ai rien à voir avec tout ça je cherchais Kafka désespérément)


On a quand même dit à zarbman qu'on le cherchait mais il a pas eu l'air de plus sourciller que ça. Il est reparti avec son appareil et ses photos et sûrement nos âmes avec. Oui sûrement.

[This is not Franz K.]

Nous avons donc trouvé la fameuse route, nous l'avons traversé, toujours sans sourciller de voir autant de gadgets cathos. Et puis dans la fameuse division où était sensé se trouver Franzou aucune trace de Franzou (oui, nous sommes toujours dans le mauvais cimetière)(mais dans la DEUXIEME partie du mauvais cimetière).

[Enfin bon, en chemin on trouve une église orthodoxe quand même, c'est limite si on a pas dégotté une mosquée et un temple avant de se rendre compte qu'on était vraiment PAS dans un cimetière juif]

Lorsque nous rebroussons chemin, je vois que de l'autre côté du mur d'enceinte des tombes s'élèvent, et là, je retrouve mes pleines capacités intellectuelles, je cours, je vole, j'entraîne C. derrière moi, et, grâce à notre énergie du désespoir nous contournons Olsanny et arrivons... devant les grilles du nouveau cimetière juif de Prague, parce qu'on est vendredi, que c'est shabbat, qu'il est 12h30, que le cimetière ferme à 13h mais que les grilles sont déjà fermées.

On le savait en partant le matin vers les 9h mais on se disait "oh, ça doit être indiqué : on est laaaarges".

Tsoin tsoin. 

Nooooon mais en vrai on y est retournées plus taaaard...


[Notre préééécieeeeux][Avé des tickets de métro RATP siouplé]

[Et en bonus Track : Maaaax Brooood !]


A noter que l'histoire de zarbman est déposée, que nous avons établi un synopsis détaillé avec miss C. autour d'un plat bigarré d'une Kavarna sympa tout plein (Kavárna Velryba, Opatovická 156/24 dans Nove Mesto)(mais on en reparlera), peut-être bientôt rédigée sur vos écrans ! 



mercredi 24 août 2011

I love you. I just don't like you anymore.

Je n'aime pas la vie.

La vie c'est un enchaînement de bad timing, où, au fond, seule la chance compte. Et tout le monde ne peut pas en avoir. La vie est profondément injuste. Un système où tu es condamné avant même d'avoir fait quoi que ce soit. Où le jeu sadique veut que tu passes ta vie à chercher la bonne personne avec qui condamner d'autres mini-vous.

J'ai passé ma préadolescence avec, sur ma porte de chambre, une peinture sur feuille géante représentant un coeur violet barré (je suis une immense artiste.) sous-titré : I Hate Love. 

Je trouvais ça follement oxymore. Sûrement.

Mais il n'y a qu'aujourd'hui que je réalise que ce n'est pas l'amour le problème. C'est la vie.

Je n'ai pas demandé à venir, mais maintenant que j'y suis, on va faire avec. Ce n'est pas une énième note suicidaire. Juste, je ne prends pas mon pied à exister sur cette Terre, même si le consensus veut qu'il faut chérir chaque secondes de son existence.

Je suis pas à plaindre. Pas vraiment. Sur certains points sans doute, mais pas sur la majorité. 
J'en viens seulement à me demander, why ? What for ? Alors oui, le propos biologique de la vie est de se reproduire mais maintenant qu'on en arrive à être trop pour notre planète, il n'y a plus de propos qui tienne.

Dans mon cas, j'ai beau fermer ma gueule à ce sujet depuis quelques temps : je sais que je n'aurais jamais d'enfants. D'un : parce qu'il y a de grandes chances que je ne rencontre jamais personne (si ça n'est pas arrivé pendant les plus belles années de ma vie, pourquoi cela arriverait plus tard ?)(je ne suis pas quelqu'un qui fait des compromis et je ne me mettrai pas avec le premier venu non plus), de deux : parce que je n'en veux pas, et que mes proches ont beau me dire "plus tard, tu verras", ça fait bien 10 ans que je le sais, et que les raisons de ne pas en faire grossissent chaque année tandis que les raisons d'en faire s'amenuisent. 

En ce moment j'observe tous mes potes se mettre en couple, vivre ensemble, se reproduire à moyen ou long terme, en me disant que je serai bientôt une outcast : la célibataire de service, celle qui n'apporte rien à la société puisqu'elle ne pond rien. Les gens auront leur routine, leurs gosses parasites qui sont "que du bonheur" mais qui les rendent exsangues de temps, d'envie de communiquer, de sortir, de voir des choses, d'apprendre. Les seuls trucs qui font passer le temps (puisque j'y suis, j'y reste et je passe le temps).
Je n'aime pas la vie (je pense que c'est réciproque) et je ne la souhaite à personne, je ne prendrai en aucun cas la responsabilité de la donner à qui que ce soit.

mardi 23 août 2011

Violet hill

Petite idée balade : partir de Hradcany (tout en haut) et descendre par les jardins Wallenstein jusqu'à l'entrée de Mala Strana et le Pont-Charles.
[Enfin, partir de Hradcany, c'est vite dit : plus facile d'entrer que de partir, un vrai labyrinthe]

Les hauteurs de ce côté là de la ville sont couvertes de vignes et on se croirait hors de l'agglomération qui s'étend pourtant encore par delà la colline.


Ca et là, des couples cachés entre les pieds et des groupes entrain de piquer-niquer sous les arbres. Prague est une des villes les plus vertes d'Europe et les jardins sont toujours parfaitement entretenus : pas de mauvaises surprises ici, on peut s'asseoir où on veut. Les pragois ramassent les crottes de leurs chiens et même celles de leurs chevaux...
 Suivons donc la poubelle vers le métro Malostranska puisqu'il est juste avant le site qui nous intéresse : le Sénat actuel et ancien Palais Wallenstein.


Et voilà :

Jardins à l'italienne donc. Avec un labyrinthe, pour de vrai, et des paons. 
[Paon !]


Suivre les statues (toutes inspirées de la mythologie gréco-romaine)
Et quand vous serez arrivés au cheval qui mange une église :

Tournez à gauche vers...

Le mur sculpté le plus mal à l'aisifiant de tout l'est de l'Europe.
Cachés dans ces coulées de lave se trouvent des figures déformées de monstres, animaux et même humains que les touristes aiment à chercher assis sous un arbre à glands.

[Arbre à glands]

 [PAS arbre à glands]

Même sans arbres à glands vous pouvez aussi jouer chez vous, à la maison.

Suivez le mur jusqu'au nord où se trouve une volière pleine de chouettes chouettes et rebroussez chemin vers les statues et les vignes (oui encore)(c'est comme les pavés)(c'est du tourisme de répétition)


Sortez. Longez la Vltava jusqu'à la poubelle pas contente* et vous devriez apercevoir le Pont Charles.


*Cet article de blog est sponsorisé par le sens de l'orientation de Perceval dans Kaamelott.