vendredi 26 novembre 2010

Fall in live #16 : Stereotype + Nag Nag Nag au Truskel

Hier soir, nous fûmes, Hélo, une invitée qui le vaut bien, et moi, au Truskel, haut lieu de perdition Parisienne.

Ce bar n'a pas seulement accueilli mes frasques tout l'automne/hiver 2009, il a aussi vu passer des noms aussi impressionnants que Franz Ferdinand, Interpol, les Strokes ou, dernièrement encore, Pete Doherty, voire les Beatles et Jim Morrison, mais j'ai pas trop vérifié mes sources sur ce coup-là.

L'esprit était beaucoup plus "découvrons des petits groupes qu'on connait pas encore trop et aidons ces petits moineaux fébriles à prendre leur envol".


Stereotype débarque annoncés maladroitement, les pauvres, par le M.C qui dit "ils se sont formés y'a quelques mois mais euh... ils jouent déjà très très bien ensemble hein !". Ouais. Ouais ouais ouais. Du coup on a peur d'entendre des cordes claquer, des larsen intempestifs et une voix qui mue, mais non. Ca va. Ils maîtrisent. Sauf qu'après trois ou quatre chanson d'un pop-rock ma foi écoutable, yours truly a démasqué les arrogants. Leur jeu scénique était purement inspiré de nombreuses heures passées à fouiller youtube à la recherche de live des Beatles et des Libs, et ils ont essayé de faire un mashup de tout ça. Sauf que : n'est pas Libs qui veut, et musicalement, autant vous dire que même Drive my car n'est pas détrôné. C'était sympa. Un peu trop lisse, trop frais, cela manquait cruellement de personnalité, mais à eux de bosser, et ils ont plein de dates dans des endroits sympas pour le faire !



Vient le tour de Nag nag nag, groupe Breton, de Rennes, mais je ne suis pas partie en courant pour autant - j'ai même pensé à notre amie Klervi (joyeuuux anniversaire, spéciale kassdédi, toussa). Première partie de set qui ne m'a pas emballée, c'était un peu mou à mon goût, mais dès que les guitares ont décollé, ça prenait tout un autre sens. Et même si j'étais entrain de dévorer des yeux un blond à l'opposé de la scène, le fait qu'une de leur chanson ait été sélectionnée pour être dans la B.O de 90210 (le new Beverly Hills) m'a fait un peu halluciner (pas à cause de la chanson, non, mais à cause de la différence de climat entre la Californie et la Bretonnie, un peu)(et à la probabilité que ça arrive, un truc pareil)(bref)(j'ai toujours été fascinée par les groupes du terroir qui finissent par percer à des millions de kilomètre, je vous rebalance pas les noms, vous les connaissez, et d'ailleurs je viens d'apprendre que Tahiti80 jouait au 106 de Rouen pile la semaine où je suis en Normandie et c'est super sympa d'être arrangeant comme ça, les gars.)

Je passerai sur le DJ Set qui m'a légèrement démoralisée et qui nous a poussé à réapprendre les choré de Rigolus, parce que "Envie de toi" ça va sur tous les sons pop.

Et ce soir, on remet ça, mais au Bus Palladium.

jeudi 25 novembre 2010

Fall in live #15 : Debussy, les 2BE3 et Lasse Matthiessen

C'est un peu la bousculade dans ma vie. Même si je gère assez bien sortir tous les soirs et que je pourrais le faire pour les siècles des siècles, j'ai quand même reposé mes yeux la nuque calée sur un fauteuil en faux cuir puant du conservatoire square Rapp. 

Avec Hélo, on a dit beaucoup de merde sous l'œil réprobateur de vieilles habitant sûrement le quartier, histoire de se venger de la conversation subie lors de notre dernier concert de musique classique. 

Ma connaissance des sonates violon/piano se limite à Sonata for Violin and Piano in A Major de César Franck, et si, comme moi, vous avez passé de nombreuses heures de votre adolescence envoutés par The Last Express, vous pourrez peut-être comprendre. 

Donc, quand on m'a annoncé du Debussy, j'ai dit "Alright" mais en fait je pensais "Rah fichtre le nom de ma salle de piano".

Ouais. Parce que dans ma ville de bouseux consanguins, pour montrer que t'es moins un bouseux consanguin que ton voisin, il faut s'inscrire à l'école de musique.

Une fois inscrite il m'a fallu me taper 2 ans de solfège avant d'avoir le droit d'approcher un instrument. Sauf que ça faisait dix plombes que je pianotais sur l'instrument familial et que je trouvais ça fada cette sacro-sainteté qu'on mettait entre nous, petits élèves ignares et le gros truc à cordes. 

 Dans ma tête de môme de 9 ans, le piano, je maîtrisais (ah ah), comme je pensais maîtriser la littérature après avoir appris seule à lire à 4 ans et des poussières. Du coup je voulais faire de la batterie. Mais, pour la batterie, pas besoin de solfège, et ça, ça craignait pour les stats de l'école. Du coup convocation chez le grand chef (déjà, à l'époque), qui, entre deux ou trois allusions à ma tante, son ex, dont il n'a jamais digéré le départ avec mon oncle d'Amérique, m'explique que mes soeurs ont fait du piano et que je ferai du piano. 
Comme je suis une tête de cochon et que celle de ma prof ne me revenait spécialement pas, j'ai fait ma loque humaine et j'ai freiné de tous mes doigts. Si bien que je me souviens de looongues semaines où la morue ne daignait pas me faire jouer autre chose que "Fais dodo" et que j'ai failli sérieusement bouffer mes partitions couvertes d'un plastique bleu pétrole déchiré. 

Jusqu'au jour où. Dieu m'a donné une nouvelle prof de piano. Douce, gentille & belle. Qui, après m'avoir psychanalysé pendant trois ou quatre séances où on a fait que parler, a dégainé l'arme secrète, le challenge, the big bang theory, ce morceau. Avec passage en mains indépendantes et tout et tout. J'avais 2 ans de piano derrière moi, -2 ans en pratique, et elle me collait ça entre les mains en me disant "et dans 2 mois tu passes devant la ville entière, va mon enfant". 

Du coup, je révisais jusqu'à sur mon bureau du collège, avec des fausses touches dessinées au stylo bille. J'en rêvais la nuit. Bon, on ne dira pas que le jour du fameux récital je me suis vautrée lamentablement sur la reprise et ce, devant mon cousin chéri venu m'admirer des states (et qui m'a servi un discours de remontage de moral à la Eric Taylor, après mon foirage)(même si je suis sûre que si j'ai plus de ses nouvelles depuis 3 ans c'est parce que j'ai grandement failé ce jour là, JE LE SAIS.). Et maintenant quand on me colle devant un piano y'a que cette putain d'Histoire Romantique qui sort. Comme un bug informatique, j'ai pas dépassé la faille. L'année d'après j'arrêtais les cours de piano parce que j'en pouvais plus du solfège (et de la glotte proéminente de mon prof aux yeux globuleux, aux cheveux gras et au prénom pourri). Du coup, question culture G et compréhension du classique, c'est un peu comme pour la philo : je fais un blocage. 

Et c'est à ça que je pensais en regardant ces gens qui ont voué leur vie à ça. Que je comprendrais jamais. Que c'est trop tard. Que ma vie, si j'avais fait de la batterie, aurait été super différente. Que j'aurais pas été une victime mais une winneuse, un Hitler au féminin maybe, mais d'un point de vue purement personnel, il a plus ou moins réussi sa vie.

Ne nous emballons pas. Et parlons Suédois. Enfin. Danois. Enfin bourges du XXème qui se réunissent à la Bellevilloise pour toiser ceux qu'ils croisent et ignorer ceux qui les entourent.

Ce soir nous étions à la Halle aux Oliviers, et, même si on s'est pas fait refouler, on a du batailler ferme pour s'assoir vu la moue dubitative de la serveuse qui a compris qu'on avait pas l'intention de consommer. Parce que La Bellevilloise, ils ont la facheuse habitude de mettre partout que c'est entrée libre leurs concerts, mais genre le dimanche, vas-y pour y aller à leur concert, vu qu'ils ont des employés en forme de cerbères qui font "nan z'avez pas réservé et c'est juste pour les gens du brunch" "mais va te faire foutre, t'avais qu'à engager un webmaster moins à fond sur la dope qui colle pas des "entrée libre" à chaque fin de phrase, bordel"

Oui, parfois, après trois semaines de concert et à la veille d'un entretien et à l'avant-veille d'une soutenance de mémoire, je suis fébrile, un peu. 



Bref. Lasse Mathiessen est un Danois folkeux qui a une guitare, une voix et un joli étui (pour sa guitare, pas sa voix), qui serait très mauvais s'il était commercial, mais très bon s'il était mannequin pour agence de voyage en Danoisie. Bref, Lasse est beau, il a une voix à tomber par terre, mais, malheureusement pour lui, j'avais un livre de vampires psychotiques à la con à terminer en urgence pour ma patronne, du coup je l'ai terminé en face de Lasse, et Lasse est très détendant. Sa musique fait limite ascenseur, et ce sera ma critique. Sa musique est une bonne toile de fond pour la rêverie et l'imaginaire, et ce sera mon compliment. Tu le prends comme tu veux.


Oh, et si tu veux le 06 de Hélo, ça peut se négocier si t'as le 06 d'Andreas Johnson en échange, comment ça "Il est suédois, rien à voir" ?. Ces scandinaves. Des cheveux clairs mais aucun humour.

mardi 23 novembre 2010

Fall in live #14 : Partons vite

Oui alors je vous entends d'ici "gnagnagna on avait dit une note tous les jours,  "quand on à pas une once de talent à part rester toute le journée assis sur son gros cul a critiquer (...) qui osent faire quelques choses de leurs vies tu pourras ouvrir ta grandes gueule merci tu passes ta rage parce que tu n'a aucun talent laisse les pros faire leurs jobs si tu fais ne serais-ce que la moitié ça serais déjà bien ok?"" ah non, pardon, ça c'est un commentaire reçu ici, au temps pour moi.


Hum.

Donc hier, Hélo et moi étions à la Guiness Tavern, la fameuse Guiness Tavern qui pourrit les ondes de radios rocks avec ses spots de pub à la con (ah oui, désolée aux talentueux annonceurs, je ne suis pas capable de faire "ne serais-ce que la moitié" de votre job), In Extremis, groupe de reprise, commettait un forfait inaudible à base de moitié du répertoire des Red Hot Chili Peppers et moitié des chansons pop-rock number ouane des charts de la décennie passée. Bon. Avec du houblon dans le nez, ça pouvait passer. En plus un lundi soir, quand t'as pas de quoi te payer une place pour Gorillaz, tu la ramènes pas. La bière étant trop couteuse pour la chômeuse que je suis (d'où le fait que je reste toute la journée assise sur mon gros cul à critiquer), je n'ai même pas pu me bourrer la gueule pour lubrifier mon esprit critique.

Too bad. J'ai un peu malmené psychologiquement Hélo pour qu'elle avale d'un trait sa bière afin que nous partions vite (merci à Kaolin, leur titre m'a servi toute la soirée).

D'ailleurs saviez vous que lorsqu'on dit "avale !" à Hélo, l'effet est tout contraire ? Elle recrache. Direct.
Vous dormirez moins bêtes ce soir. Heureusement que ma "grande gueule" est là, hein. Lucky you.

Et donc, comme je suis bien sympa quand même, je voulais vous dire qu'on fail pas sur toute la ligne et que notre intuition légendaire nous a menées dimanche soir à L'Alimentation Générale, histoire d'écouter et de découvrir un groupe de fous furieux, Rigolus Band.



Originalité et saxophone. Chorégraphies et sol en béton qui vibre. Sosie d'Alex O'Loughlin (mais siii toi même tu sais) et porteur de verre galant qui fait aussi la régie son.

C'était énorme et ça faisait du bien par où ça passe et SURTOUT ça m'a prouvé qu'une fanfare n'était pas forcément ringarde. Ou alors jouissivement. Si. J'écris comme mes troll maintenant. C'est pour ma street-cred.
Ca fait plus de 7 ans que ça dure et ça a attiré l'attention d'artistes de la même veine (le bienheureux Katherine) et de pas la même veine (notre Lambert Wilson national)

A voir en live, parce qu'en cédé c'est quand un poil moins chaud bouillant. Bonne soirée assurée.

samedi 20 novembre 2010

Fall in live #13 : C'est l'International

(Ah bah oui pardon pour les jeux de mot à la con en titre, mais quand je suis incapable d'utiliser mes paroles de chanson en english pour intituler mes notes, je suis comme perdue)



Radiosofa, comme je l'ai longuement répété à tout le monde depuis le début de Fall in Live, est un groupe normand, comme moi donc. Et, à l'époque où j'avais les deux pieds dans la bouse, je les trouvais chiants à mourir. Je préférai nettement les groupes de lycéens punkisants.

Or, il y a peu, avec leur dernier album, le groupe a pris un virage plus pop-rock, plus radiophonique, plus plaisant, moins "putaiin qui est-ce qui m'a mis en attente sur ma chaîne hi-fi". Mwala.

Du coup, pourquoi pas leur donner une chance en live puisque c'est Fall in Live et qu'en plus ils ont le bon goût de jouer à L'International, bar à concert fortement reconnu mais pas encore visité par nos soins, et que c'est gratos. Hum.

Donc, quelques makis rue Oberkampf plus tard, nous nous sommes retrouvées dans la cave de l'International, à essayer de pécho de manière grotesque à débattre de sujets de fonds. L'organisation est tellement lente et peu soignée (en même temps, si on doit juger un bar à ses toilettes, l'International est sûrement le plus puant de Paris) qu'on se surprend à dire qu'ils ont du repêcher tous les gens qui se sont fait virer de la dreamteam de la Cigale. Mais passons.

Radiosofa arrive. Première chanson qui me fait penser à Blankass. Deuxième chanson à No one is innocent. Troisième à un sous-Noir Désir. Puis leurs quelques chansons plus connues que j'identifie comme le son du groupe. Mais surtout un public de gros lourdaux, qui, apparemment, sont en transe. Des grosses connes qui occupent 3m² tellement elles ont oublié de pas avoir un gros cul et surtout que quand on est serrés, mieux vaut pas l'agiter, ce gros cul. Un chauve nerveux probablement sous amphet' qui hurle à tout va que c'est sa claque musicale de l'année et qui va probablement exploser de joie musicale. Le roi des gays qui, réagissant à une blague du chanteur qui disait à peu près "quand tu parles de brancher ta guitare, tu parles sodomie ?" s'exclame "oh oui moi moi moi je veux". Bref. Vous l'aurez compris, le public c'était le musée des horreurs. J'étais pas en mode concentration. Encore moins en mode seconde chance. Et, si Radiosofa est nettement moins chiant qu'avant, ce n'est toujours pas ma came à 100%. 
Ils sont desservis par les gros boeufs qui leur servent de public (comme Young Michelin en fait), et si je devais déjà tirer une conclusion Fall in Livienne, je dirais que les meilleurs concerts vont souvent de pair avec les meilleurs publics. 

Par exemple Carl a beaucoup de connasses dans ses admiratrices, et ça a un peu plombé la perfectitude du moment. Mais si je dois me remémorer les meilleurs concerts de ma vie, il y en a eu un à la Loco (RIP), I am X, où le respect entre les fans et le respect du mec sur scène a changé du tout au tout la soirée. Et puis si je devais classer, les fans avec le meilleur esprit sont sûrement ceux de Phoenix, en deux concerts, c'est là où j'ai eu le moins à me plaindre, où j'ai trouvé le plus de courtoisie (!)(si si, même à Paris, je vous jure) et c'est aussi là où j'ai le plus discuté et créé du lien social. Durant Fall in Live, je dirais que le meilleur public qu'on ait eu jusqu'ici était sûrement celui de Jimmy Eat World.

Essai de sociologisme avorté, je rends le micro,

H.

jeudi 18 novembre 2010

Fall in live #12 : Deux en un, c'est ça qu'est bien.

Mardi, j'avais la forme d'un Edward Norton ou d'un Tyler Durden, voire les deux. Je n'avais pas mangé depuis presque 24h, pas dormi depuis 72h et en plus de cela il fallait que je me tape une traversée de Paris jusqu'à Mouton-Duvernet. Ouais. Mouton-Duvernet. Tu vois le nom de la station tu vois ses habitants.

Du bobo chic, balai stuck in the ass, qui emmenaient leurs gamins voir un quintet à vent récitaler dans un conservatoire bon chic bon genre.

Autant vous dire que c'était proche de l'enfer sur terre. Bon certes la musique était agréable et maîtrisée (en même temps, on allait pas se faire rembourser nos invitations) mais chaque passage parlé entre les morceaux était une torture digne de l'Inquisition espagnole. 

"Non nous ne bavons pas, c'est de la condensation qui se crée lorsque nous soufflons dans nos instruments"
"Oui bah ça arriverait pas si t'avais choisi la batterie."
Et ainsi de suite.

Je suis ressortie de là assommée et toujours en état zombiefical, mais, arrivée dans mon bienheureux arrondissement, j'ai mangé ET j'ai dormi, et ça c'était une grande victoire de Fall in Live.

Hier soir, j'étais donc en pleine forme, après une journée du tonnerre et plus encore, lorsque j'ai rejoins miss Hélo à Bastille (j'aime Bastille, je vous l'avais jamais dit ?). A la découverte de l'O.P.A (non je n'ai pas oublié de lettres), une petite salle/bar cachée justement derrière l'opéra. 

Arrivées sur place, nous profitons du pass des Nuits Capitales pour se faire offrir une boisson gratuite pour une achetée (c'est ça qu'est bien, également), ma pinte à la main, j'explique avec toute la patience qu'il m'est possible de réunir à un voisin de bar le principe des Nuits Capitales et je me félicite de ne jamais être devenue prof. 

Le proprio est un brin grincheux dans son jogging mais nous a à la bonne, et lorsque je le bousculerai sans faire exprès un peu plus tard, c'est en me tapotant les fesses qu'il me répondra "c'est pas grave". Un nouvel ami. Un.

Let's talk about music, voulez-vous ? 

Hopsy débarque peu de temps après, de très bonne humeur, et c'est communicatif, le groupe démarre son set façon pop rock classique et finit sur un son beaucoup plus Ska qui n'est pas pour me déplaire. A noter la présence d'une flûte traversière (oui encore) et de pleins d'acteurs de seconde zone, dans ce bar fréquenté par les rejetons de grands gourou de intelligentsia du VIème. Des fils à papa et des filles de joie, pour la plupart. 

Pendant l'interconcert je manque de me faire écraser par un poids plume, passablement surexcité et tonitruant. Je lève la tête et me rend compte qu'il s'agit de Mr John Lewis, programmé juste après donc. Sa horde d'entourage menaçant de nous piétiner derechef, nous nous héliportons vers le balcon où la population n'était pas beaucoup plus supportable, le concert d'en bas étant rétroprojecté, se placer juste devant l'engin, le savoir et pas bouger, m'a donné envie de scalper cette pauvre tache de fille qui en plus buvait du coca zéro.

Le concert en lui même est plutôt accablant. Le monsieur en fait trois tonnes, avec des grimaces et des envolées lyriques, le monsieur a deux choristes mâles qui ne servent à rien, le monsieur, finalement, ne parle qu'en anglais avec un accent français palpable (français qu'il parlait couramment deux minutes avant d'entrer en scène). Il se la pète grave et tellement grave  (y'a qu'à voir son site officiel qui se la joue autant que lui) que je remballe Hélo et que j'abandonne ma bière (oui, vous avez bien lu) et que nous préférons nous les peler sous la bruine plutôt que de supporter une minute de plus de ce calvaire. 

5 minutes avant je surprenais un grand dadais la main dans mon sac, et si je ne voulais pas me retrouver menotter pour coup de pieds intempestifs dans les tibias il valait mieux que je me casse, anyway

On retiendra Hopsy donc, qui, au détour d'une chanson a comme qui dirait chanté quelque chose ressemblant à  "Falllinnlive" : à écouter en priorité A will for you et (Please) pull the trigger dispo toutes les deux sur la playlist Fall in Live sur Deezer que ça tombe bien.


lundi 15 novembre 2010

Fall in Live #11 : Je veux pas y aller (mais j'y suis allée quand même), Louis Ronan-Choisy au Zébre de Belleville

Pour une fois commençons le live report en vrai live et sans léger différé, ce soir je dois voir un concert de l'ami Louis (Ronan-Choisy), et je n'ai pas envie d'y aller. Comme si j'avais rdv chez le dentiste et ce n'est PAS une coïncidence si je dois sortir métro Couronnes. Bon.

Actualisation #1 : Hélo vient de me menacer physiquement à savoir que si je viens pas elle me botte le cul pour me tirer de mon lit. Avant de me dire "si t'es déçue on mangera indien" ce qui aurait pu marcher si je n'avais pas mangé indien ce midi. Avec des masseuses. Mais passons.

Actualisation #2 : L'amie Klervi me dit d'y aller dans la discrétion et la dignité, deux mots qui me sont peu voire pas familiers. On n'est pas dans la merde.

Actualisation #3 : En plus c'est pas comme si il avait choisi (ahah) un quartier où je ne vais JAMAIS, par CHOIX. Alors qu'il est à 2,5km de mon domicile. No way boy.

Actualisation #4 : Il est 18h54, je pars dans moins d'une heure (si je pars !)(suspens)(action)(trépidance) et D'apparence en apparence et spécialement Romy me donne toujours autant d'allumer une cigarette alors que je ne l'ai jamais fait de ma vie. Preuve s'il en est que je ne dois pas y aller.

Actualisation #5 : Vous penserez à moi pendant Mon Bel assassin ? Ah bah non. Vous pouvez pas.

Actualisation #6 : L'opinion publique se prononce majoritairement pour le port de postiche + nez et barbe factice. Je le note.
Actualisation #7 : Je viens donc de tester le maquillage Orange Mécanique, et bien, sachez que messire Alex est donc un lucky fellow, car cela ne va pas à tout le monde. Non non non.

Actualisation #8 : Et s'il m'arrivait un malencontreux accident on the way ? ça compterait pas. Du coup.

Actualisation #9 : Je ne peux décemment pas y aller : il y a Mark Zuckerberg en T-shirt et en live stream. Voilavoila.

Actualisation #10 : Si j'y vais, c'est seulement pour revenir et dire "en fait c'était vachement bien, j'ai même eu les larmes aux yeux", sinon on dira que j'y suis pas allée, alright ?

Actualisation #11 : Je suis partie.


Oui. Bien sûr que j'y suis allée. Preuve :

J'y suis allée parce que j'avais déjà acheté ma place, et si j'avais déjà acheté ma place, c'est parce que comme par miracle, Louis jouait le seul soir de la quinzaine où notre programme Fall in Live était vide. Le destin, toussa.

Nan déconnez pas. Vous allez voir, ça fiche les jetons.

Comme vous avez pu le lire, je traînais sérieusement les pieds, je redoutais plus que tout ce concert parmi tous les autres. Et j'ai fait ce que j'ai pu, en chemin, pour nous mettre en retard (j'ai même failli enfoncer la porte d'une église catholique), pour nous perdre voire pour nous petit-suicider avant d'arriver sur place. Déjà, en partant de chez moi, j'avais littéralement acte manqué en oubliant mon billet.

Avec tout ce traînage j'ai tout de même réussi à arriver devant la salle pile pour croiser Louis. Voila. C'est tout moi. Je croise les gens. Toujours. Même quand je veux pas. Même quand ils veulent pas.

Alors qu'est-ce que je fais ? Je vais quand même pas l'arrêter lui dire "Hey, tu me remets ? Echarpe rouge ? Non je l'ai pas mise ce soir parce que je voulais pas que tu me remettes et je doive encore une fois ressasser notre historique conversationnel chaotique. Oh, et tu as la bise de Klervi. Comment ça "laissez moi tranquille mademoiselle" ?" donc j'ai marché encore pendant 10 mètres, une Hélo aux trousses qui m'a rattrapé par l'arrière de ma veste militaire rouge et m'a littéralement trainée jusque devant la salle, mais comme je suis une mule, j'ai dit "noooo waaait" et j'ai dégainé mon appareil photo pour prendre la série de photos des affiches dégoulinantes dont vous avez un aperçu ci-dessus, sous les yeux de l'intéressé, bien sûr.

C'est le moment où il faut que je vous explique deux trois détails, c'est le moment chiant de cette note pour les garçons et croustillant pour les filles. C'est le moment "Heights revival anno 2004".

En 2004 j'étais une fille paumée, déjà insomniaque, et qui aimait le rock français. J'avais entre 15 et 16 ans (certains dirons 15 ans et demi, mais on est pas sérieux quand on a 15 ans et demi...) et la seule chose qui me sortait de ma torpeur provinciale et normande était l'accession familiale aux chaînes du satellite. Une nuit, je suis tombée sur le clip de Leylie Brown, premier single du premier album D'Apparence en apparence. Je me souviens du grand moment de What the fuck que j'ai traversé. Je n'avais rien bu, rien pris de toxique et pourtant, j'étais bouchée bée devant ce clip, à moitié amusée à moitié moqueuse à moitié charmeuse. J'ai vite remisé dans un coin de mon cerveau ce moment précis de cette nuit là... avant qu'il ne soit déterré par Mouloud Achour. A l'époque où il ne s'appelait que Mouloud et qu'il officiait sur MTV France. Chaque jour il invitait un artiste à venir jouer en live et ce soir là ce fut lui. Lui. Louis. Enfin, vous suivez. Je ne sais plus ce qu'il a joué, peut-être La Rose, mais je n'ai eu de cesse que de chasser son album chez tous les disquaires de Rouen.

La première écoute, elle aussi, je m'en souviens très bien. Parce que c'était de nuit. Que j'étais sensée dormir, alors j'ai mis le disque au minimum pour ne pas me faire chopper par mes parents en pleine violation de mes droits d'ado. Ca a été une sorte de coup de foudre émotionnel, poétique et nocturne. Dès lors, je me repassais le cd inlassablement pour m'endormir et je rêvais des trottoirs parisiens sous la pluie, me forgeant nuit après nuit une image plus affinée de ma capitale rêvée. C'est à travers les mots de Louis que j'ai imaginé un Paris nocturne qui m'était inconnu. Car les provinciaux restent peu de ce côté du périph' après 17h. Alors oui, le voir à Paris, dans le Paris que je connais et que je maîtrise depuis 3 ans, c'était perturbant.

L'autre partie de ma réticence provient du fait qu'être une fan de la première heure, à l'âge où on a plus l'âge d'être fan et où la première heure est morte et enterrée dans la mémoire collective, c'est juste être à côté de tout. Dans le no man's land du public, et il le dira juste avant Le Baiser je crois "Ah mais personne la connait en fait.". Je ne lève pas mon petit index, je ferme ma gueule, mais oui, moi je la connais.

Fan de la première heure, ça voulait quand même dire que je bombardais de mail son adresse pro pour l'engueuler/encourager lorsque le deuxième album n'allait pas assez vite, ça voulait aussi dire que j'ai du monter le premier site de fan (ne cherchez pas, il est enfoui dans les limbes internétiques, et c'est mieux pour tout le monde) et que j'ai un peu menacé tout mon iut pour qu'ils se déplacent à son showcase au Havre, quelques temps après la sortie de La Nuit m'attend, le fameux deuxième album. Je vous passe les détails sanglants de cette rencontre/confrontation avec la réalité du showcase du Havre.

C'est en réfléchissant à tout ça et en martelant mon portable de textos aux gens jaloux que je sois à l'un de ses seuls concerts de l'année et pas eux, que je le vois à nouveau se diriger droit vers moi pour mettre en place une caméra sur un jukebox (ne cherchez pas, et essayez de suivre). Je fais toujours dans la dignité, le panache et la discrétion et je ne dis rien, je bouge pas, je me rends invisible comme un caméléon zébré dans cette salle où tout est à rayure. Il finit par rejoindre les coulisses - pas pour longtemps, et je textote avec d'autant plus d'acharnement.

Puis vient l'heure du concert, où j'ai juste envie de me planquer derrière Hélo, parce que la troisième partie de ma boule au ventre va connaître son heure de vérité : la peuuur de la déceeeeption.

Oui, parce qu'après le deuxième album, le Havre, toussa, il y a eu le troisième album, qui m'a énormément déçue. Dans le genre "ôte toi de ma vue, renégat, tu n'es plus digne de ma discothèque". Ouais, je suis assez entière en général. En gros, deux ans de passage à vide où je renie tout. Et puis. Et puis, le jour où, dans les bandes-annonces d'Agora j'ai reconnu sa voix, sa voix avant ses yeux, avant ses yeux et son visage. C'est toujours sa voix que je reconnais en premier (parce qu'on a le chic pour se retrouver toujours au même endroit au même moment comme vous avez pu le remarquer). Bande-annonce du Refuge, le film de François Ozon (sûrement mon réalisateur français préféré) sorti il y a quasiment un an. Je m'aperçois qu'en plus de jouer il a composé la B.O, et tout cela me tiraille de curiosité. Son passage au Grand Journal finira par me convaincre de laisser une chance au Louis acteur ce qui me poussera à redonner, plus récemment, une chance au Louis musicien, à travers la fameuse B.O et Rivière de plumes, dernier disque en date.

Début du concert. Je suis agréablement surprise par le choix de débuter le set par Des Flocons dans l'eau et Gaspard David Friedrich, sûrement mes deux chansons favorites du dernier album. Après, ça se gâte, puisqu'il embraye sur des chansons avec lesquelles je n'adhère que très peu, le côté Delerm étant à mon goût trop prononcé et les paroles trop faibles. Puis, quelques chansons du premier et deuxième album, je suis ravie, mais je traverse un grand moment de solitude, la plupart des gens autour de moi ne connaissant apparemment que la période post-Refuge.

Puis, vient ce que je pensais qu'il avait arrêté en même temps que la drogue : la reprise de Music de Madonna en piano/voix. Alors oui, ça fait partie des grands classiques de ses concerts (même si j'aurais préféré sa version de Toxic de Britney Spears) mais ça surprend toujours. Cependant, je remarque pour la première fois à quel point je préfère lorsqu'il chante en anglais, et toute la dimension que sa voix prend dans cette langue.

Parce que si tout le monde autour de moi s'accorde sur le fait qu'il y a quelque chose de diablement fascinant chez Louis, je pense que s'il sortait un album anglophone, c'est le monde tout court qui serait conquis.

Arrive la poignée de chansons qui bougent, dont le classique (si si j'insiste) La Nuit m'attend qui me parle toujours autant (la nuit, Paris, remember). Je dois signaler que ses musiciens et surtout son guitariste électrique, sont assez démentiels et étaient parfaits de bout en bout. Les choeurs au masculin, je préfère d'ailleurs légèrement à ceux féminins un peu agaçants sur certaines chansons en studio.

Et puis les rappels. Beaucoup de rappels. A ce moment là je me balance d'un pied sur l'autre, n'étant pas sûre de si j'ai aimé, adoré, haï, juste un peu détesté. Je ne sais pas, je suis perdue. Je suis à moitié la Heights Johnson de 2004, à moitié celle de 2008 et presque complétement celle de 2010, du coup ma bagarre intérieure fait rage mais est finalement vaincue par la chanson que j'attendais plus que toute autre : Mon Bel assassin. A ne pas écouter avec un rasoir à portée de main, mais à écouter absolument.

Mains dans mon manteau, nez dans mon écharpe, je valdingue sur les trottoirs humides de Belleville. Paris m'attend, la nuit aussi. Hélo m'accompagne jusqu'au métro. Dernière blague avant la fin, je fais semblant de me retourner et je lui lance :

"C'est bon, t'as vérifié, il me suit pas ?"

dimanche 14 novembre 2010

Fall in Live #10 : Keith Murray, my body is your body

Il en fallait beaucoup pour détrôner Jimmy Eat World (cf note ci-dessous), il en fallait même énormément.

Il fallait We Are Scientists.

Petit rappel, Nobody move nobody get hurt est l'hymne officiel de Fall in Live (2 filles, 30 jours, 30 concerts), tout le monde sait que si j'ai une chose qui rocks c'est mon intuition (je fais pas éditeuse par hasard, non plus), et, en choisissant cet hymne (!!!!) je n'avais aucune idée qu'aujourd'hui, heure 0 de la nouvelle ère Heightsienne j'allais me trouver un nouveau groupe préféré.

C'est un brin éméchée (mais follement bien accompagnée)(des girls du tonnerre)(no kidding) que je pénètre dans MA Flèche d'or, qui est redevenue MA Flèche d'or depuis la veille et Jimmy Eat World. Je retrouve Hélo devant Ice Black Birds, qui sont trop choupinet et qui nous mettent de bien bonne humeur, même si on est arrivées en plein milieu et que la première partie de leur première partie nous a échappé. 
Léger passage par le bar qui sera déterminant pour l'ambiance du reste de la soirée puisque, enthousiasmée par The Boxer Rebellion, mes mains étant bloquées par mon verre, je n'eus d'autre solution pour les acclamer que de devenir une "Woooh Girl", what's that ? You don't watch How I met your mother, do you ? Etre une Woooh girl a un side-effect automatique. Voila. Donc ça a attiré l'attention d'un groupe de gens derrière nous avec lesquels nous sommes entrés dans la grande battle royale du Woooh! pendant tout le concert des Boxer Rebellion. En même temps, on leur a mis l'ambiance gratos, et en même temps le Wooooh ! après une chanson intense et profonde, peut être très lourd. Donc pardon à la famille, toussa.

Vers pas longtemps après arrivent les We Are Scientists, tout en mèche pour Keith Murray, chanteur, et tout en lunette pour Chris Cain, acolyte, BFF de Keith, et accessoirement bassiste de son état. Le batteur étant trop loin, on ne parlera pas de lui, c'est comme ça, c'est injuste et totalement péremptoire et ça n'a rien à voir avec le fait qu'il perpétrait ses crimes, auparavant, au sein de Razorlight, rien à voir, non rien à voir. 

Première chanson, tout se passe bien, ça se trémousse, c'est entraînant, c'est bon enfant. 
Deuxième chanson, premiers accords de Nobody move nobody get hurt, et là, c'est le drame. Saut de 2 mètres, gigotage intempestif, Woooh atomique, mini pogo, mains en l'air, arrachage de robe, de cheveux, de dignité : les mecs osent chanter leur plus grand tube en deuxième. Et bah merde, me dis-je tout en enjoyant énormément, ils ont intérêt à assurer la suite.
And they did. Of course they did.

C'est peu après que nous avons le droit à notre premier "inter chanson" où Keith et Chris (pas facile à prononcer, essayez dix fois très vite) commencent à parler et d'un coup je me sens transportée dans un petit appart' tout en brique de Brooklyn, sur un canapé défoncé, assise entre deux potes musiciens à boire des bières et à rigoler pour tout mais surtout pour rien. Je retrouve dans leurs échange l'innocence et l'amitié pure des débuts des Libs. Autant vous dire que j'étais folle furieuse.

C'est simple : lorsqu'ils parlaient on ne voulait plus qu'ils s'arrêtent et lorsqu'ils jouaient on ne voulait pas non plus qu'ils s'arrêtent. Ce concert était un dilemme des plus bourgeois : choisir entre ton restau préféré en tête à tête avec ton prince charmant ou une virée avec tes meilleurs potes où ils ne passeraient que tes chansons préférées avec aucune séquelle alcoolique le lendemain. PAS FACILE.

S'ils assurent, les gars, c'est qu'en trois albums, ils ont tout simplement enchaîné les tubes discrets, ce qu'on appelle dans l'industrie du livre les "long-sellers", ces objets qui se vendent bien et longtemps et qui valent mieux qu'un best-seller (comme Nobody move nobody get hurt) qui se vendent bien d'un coup mais pas sur la longueur. 

Leur set est long, ils ne se contentent pas d'être bons en coup de vent et je crois qu'en tout cela a duré près d'1h30. Il n'y a aucune distance avec le public, pas de remerciements car, logiquement, c'est normal qu'on soit là, c'est comme si on s'était toujours connus, et d'ailleurs cette scène entre nous... quelle scène ? Car Keith appelle à l'aide quelqu'un pour tenir le fil de son micro et s'élance parmi nous. ET quand je dis parmi nous, je tiens à préciser qu'il n'est pas resté collé les fesses à la scène, bien à portée des mecs de la sécurité en cas d'agression sexuelle sur sa personne (oui, je me suis retenu très fort et je n'ai PAS attenté à son physique irréprochable), le monsieur s'est baladé, en chantant, sans faute, dans les quatre coins de la Flèche d'or. Un moment de pur bonheur, incroyable, impossible, et pourtant. Il passait devant nous, dans le public, comme il aurait pu traverser la rue devant chez toi.

Le running gag de la soirée était qu'il cherchait un appart' à Paris, seriously. Alors forcément tout le monde (et surtout les mecs, je crois que Keith est le BFF rêvé de ces messieurs, c'est une théorie à développer) souhaite l'accueillir, moi en premier, du type "preum's j'habite à 400 mètre et j'ai un Alf en peluche à te présenter, vas-y viens, fais pas ta pute". Lors des rappels il fait monter la personne ayant fait la meilleure offre sur scène, et celle-ci est envahie gentiment, les mecs, très pros continuent à jouer de manière absolument irréprochable. Je n'en crois pas mes yeux. Je me pincerai presque si je n'étais pas entrain de lever les mains en l'air. Je suis entrain d'assister purement et simplement à un des meilleurs concerts de ma vie. 

We Are Scientists, Top 1 de Fall in Live, va être impossible à détrôner, je vous préviens. Car ils allient mes deux choses préférées dans la vie : bonne musique et fraternité drolatique (et beauté immarcescible concernant Keith, mais passons, j'avais à peine remis sur pied ma street-credibility, je vais pas la risquer maintenant).

Une preuve pour tous ceux qui n'ont pas pu être là : ils ont réussi, à l'heure où les clips innovants et divertissants sont de l'histoire ancienne à produire quelques uns des meilleurs depuis 5 ans, en voici une sélection et s'il vous plaît, regardez les, c'est pour votre bien, à l'intérieur :


Celle-ci, bien sûr, pour commencer. Où vous verrez un ours en peluche géant pas content du tout du tout.
Bonne nuit les petits.



Celle-ci, ensuite, où la véritable profondeur du chiffre 3 prend tout son sens (et où Kiss est torse nu, l'espace de 10 secondes, enjoy)



Petit bijou de WTF et hommage à vol au-dessus d'un nid de coucou, au moins, j'ai un petit faible pour celle-là



Et enfin une de leurs plus récentes et innovantes au niveau visuel.

Je vous laisse, je vais continuer à parfaire ma panoplie de fangirl, j'ai déjà téléchargé (légalement ! woooh !) tout ce qu'ils ont pu faire (mais vous pouvez aussi vous faire des eargasms here : We Are Scientists)

samedi 13 novembre 2010

Fall in Live #9 : Little girl you're in the middle of the ride


Par où commencer, non mais vraiment ? Par le fait que j'ai une liste de concerts à voir avant de mourir et que je n'avais jamais osé y apposer le nom de Jimmy Eat World parce que j'étais persuadée qu'ils ne foutraient jamais un orteil à Paris ? Et même qu'ils étaient décédés musicalement aux dernières nouvelles ?

Alors vous imaginez mon état lorsque j'ai vu que non seulement ils passaient à Paris, mais en plus à deux pas de chez moi, Flèche d'or (la salle avec laquelle j'ai une love-hate relationship) et pour une bouchée de pain ?

Pour comprendre pourquoi un petit groupe Arizonien de la scène indie alternative des années 90 me met dans cet état il faut en passer par trois chansons, que dis-je, trois hymnes :

Jimmy Eat World – The Middle
Jimmy Eat World – Pain
Jimmy Eat World – Hear You Me

Vous avez forcément entendu une des trois, si vous êtes majeur et vacciné. 
Record dans ma playlist, ces chansons sont dans mes lecteurs mp3 depuis leurs sorties respectives. Et m'ont toutes considérablement aidées à traverser des passages de ma vie pas jolis-jolis. 

Hier soir, en quittant mon appart', j'étais un peu comme une Shiri Appleby frétillant d'aller voir le concert surprise de Bon Jovi dans le clip d'It's my life (on a de la culture ou on n'en a pas, guys).

J'ai presque volé, flotté, et gambadé en même temps sur les pavés pour arriver devant la salle où m'attendait... un nightliner. Un what ? Un des plus gros bus qu'on peut affréter pour un groupe. Je me dis "woah", on est loin du van pourri qui parcourait Scottsdale et le reste des environs de Phoenix. Quand Hélo me rejoint, j'ai presque envie de sauter par dessus la sécurité pour y arriver plus vite. 

Le premier groupe a commencé, Minus the bear très agréable, et surtout très bonne première partie pour Jimmy Eat World. A découvrir pour ceux qui aiment la scène Indie anciennement appelée Emo (même si la définition a évolué et le style n'a plus grand chose à voir, bref, à découvrir au même titre que la plupart des groupes signés sur Fueled by Ramen, pour les nostalgiques).

On est effarés de la jeunesse du public, alors que je pensais que ce ne serait que ma génération et des gens plus vieux, il y a carrément des gamins presque plus enthousiastes que moi.

Lorsqu'ils arrivent, c'est comme un lifting immédiat pour moi. Je rapetisse. Je redeviens Dakota "Païn" Johnson (y'en a qui remember dans le fond ?), j'ai presque envie de serrer Jim, le chanteur, dans mes petits bras d'adolescente jusqu'à lui faire éclater la cage thoracique tellement c'est comme si je retrouvais un pote de lycée perdu depuis des siècles.
La foule (oui la foule, c'était plein à craquer, et multi-ethnique, des allemands, des hollandais, des espagnols et des anglais, au moins) répond aussitôt aux premières chansons, et, malgré quelques gueulards un peu imbibés, l'esprit restera très bon enfant jusqu'à la fin de la soirée. Un peu comme une classe de maternelle à un spectacle de magie.

Je manque d'arracher le bras d'Hélo quand les premiers accords de Pain résonnent un hymne (j'insiste !) adolescent sur le combat intérieur et la pression de la société et le recours réflexe aux painkillers "Anyone can find the same white pills. / It takes my pain away. / It's a lie. A kiss with open eyes / And she's not breathing back." Parce que Jimmy Eat World c'est ça : des sujets bateau où personne n'osait trop s'engouffrer au risque de paraître démago, des paroles simples mais efficaces qui restent en tête pendant des années. 

Le set jusque là propose une alternance des chansons des trois derniers albums mais les mecs ne sont pas du tout pingre en matière de vieilles chansons et n'essayent pas de nous refourguer leur dernier en date à tout prix, je leur en suis assez reconnaissante.

Jim est un brin ennuyé lorsque vient le moment de parler en français puisqu'il n'a appris que la phrase "Je ne sais pas parler français" qu'il maîtrise à peine. Il se noie dans ses "Thank you so much" mais il pourrait aussi bien dire "J'aime la vache qui rit", le public est complétement béat et acquis.

Je vis le concert d'adolescente que je n'ai jamais eu et il est parfait, au détail près que, contrairement à ma voisine je ne suis pas tendrement calée contre le petit copain idéal du lycée (éternel regret).

Arrive un moment plus calme où je sens qu'Hear you me ne va pas tarder. Hear you me est un hymne (j'insiste !!) commérant la mort de deux fans fondamentales de Weezer et de la scène alternative de l'époque. Les paroles, pourtant, arrivent à être universelles puisque chaque ligne tire une corde sensible et spéciale dans mon petit coeur broyé de midinette. Et je ne suis pas la seule. A quelques exceptions près (dont Hélo, qui blasphème en envoyant un texto pendant le moment le plus poignant du concert, BOUH !), tout le public reprend "So what would you think of me now, / so lucky, so strong, so proud ? / I never said thank you for that, / now I'll never have a chance. / May angels lead you in. / Hear you me my friends. / On sleepless roads the sleepless go."

On sleepless roads the sleepless go est une phrase qui tourne en boucle dans ma tête quand, chaque nuit ou presque, je ne trouve ni sommeil, ni repos.

Arrive l'heure des rappels où Sweetness est beuglé en choeur, elle aussi, mais seulement après un The Middle tout droit sorti de l'enfer (tout le monde se souvient du clip mythique ?). Un hymne (!!!) à la différence et au fait que it gets better (oui, ça devient à la mode) "It just takes some time, little girl you're in the middle of the ride. / Everything (everything) will be just fine, everything (everything) will be alright (alright)"
Où la salle se transforme en maison américaine aux fondations prêtes à céder. Où on est à deux doigts d'enlever ce qui reste de nos vêtements (oui, faisait chaud, adolescence, hormone, toussa). 

C'était bien. C'était magnifique. C'était meilleur qu'un voyage dans le temps, parce qu'on s'aperçoit qu'ils avaient raison, it just takes some time mais on en sort, plus important : on s'en sort. Et les os brisés par les bullies se remettent en place, la confiance en soi prend plus de temps à guérir et à s'épanouir mais, heart is hard to find et nous ne sommes qu'au middle of the ride.


Take care,
Heights "Santi Païn Dakota" Slapette Johnson.

jeudi 11 novembre 2010

Fall in Live #8 : Pas Kaolin

En accord avec un boycott unilatéral de ma personne concernant le groupe Kaolin (allergie auditive, toussa toussa), hier, je n'ai pas suivi Hélo, je me suis fait une soirée pointillée par des moments musicaux plus ou moins maîtrisés. 

Cette soirée a commencé dans le bureau de mon boss, qui me devait de l'argent depuis 3 mois, et auquel j'ai dû faire mes yeux les plus doux et mon sourire le plus mielleux pour récupérer le pactole de... 80€. Oui. J'en suis là. Ce boss a l'habitude de mettre de la musique classique à fond pour se concentrer, phénomène courant dans l'édition, j'ai repéré ça chez plein de gens (et paraît même que chez Gallimuche ils le font aussi).

J'ai ensuite filé à Monoprix où tous les clients avant et après moi à la caisse avaient pour point commun d'acheter de l'alcool et des chips. Heure de pointe des alcoolos. Katy Perry résonnait dans les enceintes.

Je prends ensuite le métro, sans mon MP3 que je gardais précieusement éteint car plus trop de batteries et le voyage du retour serait plus long que l'aller (cherchez pas...) quand tout à coup, une fausse blonde à l'accent ukrainien fort prononcé (cherchez pas non plus comment je reconnais un accent hongrois d'un accent ukrainien, I do, c'est tout) arrive avec son mini ampli et commence à entonner La Bamba et Stranger in the night, premier fou rire dissimulé de la soirée, l'intérieur de mes joues s'en souvient encore. 

Puis, arrivée dans le quartier de destination, un clodo s'emploie à jouer de la flûte à bec, je fuis donc à grands pas.

Enfin dans l'appartement souhaité, et après avoir entamé la bouteille de rosé de moitié toute seule, je suis  un ami guitariste en braillant, Last Request de Paolo Nutini (et aussi un peu, Goodbye My Lover et Wherever you will go) non, le thème n'était pas "chansons pour chopper" (même si...) MAIS "LE BLUES AMERICAIN N'EXISTE PAS". Comme, à ce moment de la soirée, je n'arrivais pas à suivre les débats d'école sur le fait que je ne sois "VRAIMENT PAS PRECISE", j'ai donc emmerdé le DJ en demandant "c'est le dernier George Michael ?" dès qu'il passait Screaming Jay Hawkins ou en citant le fameux film avec Britney Spears quand ils ont embrayé sur Crossroads de Robert Johnson (aucun lien, Heights est fille unique). J'ai failli me prendre des poings dans la gueule, mais, au final, j'ai fait ce que je sais le mieux faire : foutre la merde en paraissant naïve et imbécile. Tout à fait crédible. 

A peine sortie de la salle de bain, malgré moi, je me suis entendue dire "On va au Truuuuuskeeeeel" "Vas-y viens, on va au Truuuuuskel". La musique là-bas m'a semblé être un gloubiboulga innommable, surtout après le mélange mousseux-shots barbapapa (oui, pardon à mon estomac et à sa famille, toussa). J'ai, comme à mon habitude, dansé sur un banc (mais pas le même que d'habitude), me suis moquée d'un inconnu essayant de me draguer en prétendant s'appeler Pikachu (mais il ne m'a pas stalké ensuite : improving), payé ma tournée, ai eu envie d'aller aux toilettes (si, ça a un intérêt certain), et comme ma logique n'était pas du tout altérée, je me suis dit que sauter du haut du dossier du banc était le raccourci du siècle (MAIS rien de cassé !). La soirée d'hier était donc comme les autres mais en mieux, une parenthèse enchantée au milieu d'un Fall in Live fantastique. 

Pour mieux reprendre demain, car, more than ever, tomorrow is another day.

mercredi 10 novembre 2010

Fall in Live #7 : Roland Tchakounte et Eric McFadden au New Morning

Bien. Maintenant que vous êtes grands, les enfants, et que cette histoire est périmée, je peux vous raconter pourquoi dès qu'on me dit "New Morning" je pars dans un rire nerveux d'un bon quart d'heure. 

Ca ne faisait pas très longtemps que j'étais sur Paris, à peine deux mois de stage, et on m'invite à une soirée semi-professionnelle au New Morning. Je suis bêtement. A l'époque, je ne connaissais personne et c'était l'occasion ou jamais. Arrivée sur place, on m'embarque dans le bar d'en face en attendant que la salle ouvre, et c'est là que je fais la rencontre d'un garçon à première vue bien sous tous rapports. L'ami d'une vague connaissance de boulot, si je me souviens bien. Assis à côté, on est amenés à discuter, à rire ensemble et à consommer de l'alcool. Lorsque le temps est venu d'investir la salle, on s'assoit sur les banquettes, lui à côté de moi. Et on reboit. Oui, c'était open-bar. L'alcool aidant, nous discutons à demi-mots pendant toute la soirée. Je sens que ça accroche bien. Je me dis "oh my, pour une fois qu'on me trouve pas zarb' de prime abord", je me laisse doucement convaincre qu'on est complétement entrain de flirter. Les lumières se rallument, nous nous dirigeons vers la sortie. Par le truchement de personnes ayant à dire au revoir à d'autres personnes et de personnes allant aux toilettes, lui et moi nous trouvons seuls, sur la moquette rouge, yeux dans les yeux, et c'est là qu'il me demande "Je peux te poser une question ?", mon coeur s'emballe, je m'apprête à tout et n'importe quoi incluant de lui filer mon numéro et j'acquiesce, puis, il lance la bombe : "Ca fait combien de temps que tu es lesbienne ?".

Voila.

Je ne m'en suis jamais complétement remise. C'est pour cela qu'il en fallait beaucoup pour me refaire entrer dans cette salle du diable et les souvenirs un brin humiliants qui s'y rattachaient. 

MAIS, Fall in Live est une raison suffisante et une gracieuse invitation a fini par me convaincre. 

Sauf que. Sauf que les dernières places restantes sont exactement celles que j'ai occupées ce fameux soir. Oh irony. Je mets donc trois chansons à ravaler mon rire nerveux. Et je finis par ouvrir les yeux alors que Roland Tchakounte et sa bande me ramènent quelque part dans le désert de l'Utah mais avec des zèbres et des girafes, dans le fond.

Du blues africain, jamais entendu parler avant, et surtout jamais entendu mixé avec du blues américain (auquel je suis plus familière). Le tout est une balade plutôt hypnotique, mon rhume aidant, et je perds un peu la notion du temps - même si l'éternité, sur la fin c'est un peu long. Et que lorsqu'il est temps d'accueillir Eric McFadden, il est déjà 22h30.

Eric McFadden, je ne connaissais pas du tout, mais, apparemment, lui connait le tout Paris et dédicace ses chansons à tour de bras. On sent un revirement dans le public, plutôt pâlichon durant le concert précédent, il se lâche et fait limiter voler les Stetson dès les premières notes. Le concert m'emballe très vite également, je suis enfin sortie de ma torpeur et j'admire la maîtrise instrumentale du monsieur qui semble connaître parfaitement les attentes de son public et ne jamais le décevoir, même lorsqu'il tente des petites impros bien plaisantes.

Mention à Devil Moon qui semble tout droit sortie de la b.o d'un de mes (futurs) romans : Eric McFadden – Devil Moon

 Et pour les Pop-addict invétérés, écoutez moi cette version de Womanizer : Eric McFadden – Womanizer


Apparemment le New Morning est un lieu de rencontres pour moi, et j'aurais appris hier soir qu'elles ne sont pas toutes catastrophiques.

Et ce soir, je boycotte Kaolin (quoi, j'ai le droit de pas aimer la soupe, sous toute ses formes).

mardi 9 novembre 2010

Fall in Live #6 : 2 en 1

Tout a commencé un dimanche soir sous la pluie, mes insomnies sous le bras, et Hélo à côté, je me suis même pas paumée dans mon propre quartier pour trouver la Bellevilloise où - je ne me l'explique pas - je n'avais jamais mis les pieds. Pourtant, mise à part la population arty-bobo trentenaire et gaga devant ses gosses que j'exècre (la population ET les gosses, hein), ça avait tout pour me plaire. Et ça m'a vachement rapprochée de mon souhait d'habiter à côté d'une salle de concert type Bronze dans Buffy. Trève d'égarement : nous y allions pour passer un dimanche soir pépére et c'est ce que la demoiselle et son acolyte de Thuy-nan nous ont apportés.

Alors certes la jeune femme n'a pas une voix tonitruante et démentielle, mais elle a su composer des chansons à sa mesure et le rendu reste très agréable (à noter une reprise plutôt bien bonne de Bruises de Chairlift).

Maintenant passons directement au vif du sujet : Puggy, hier soir, au Bataclan. Trois garçons dans le vent, très en forme, que je souhaitais plus que beaucoup d'autres groupes en vogue entendre en live, je ne sais pas : une intuition. Déjà, ce groupe n'existerait pas sans l'union européenne, c'est peut-être un détail pour vous, mais, pour moi, que le batteur soit Suédois, ça veut dire beaucoup.


Je les avais découvert à Tarata, où ils étaient déjà très bons, mais de mes yeux vus, ils arrivent directement dans le top 3 de Fall in Live, et même à la première place devant un Golden gate quartet et un Carl B. un peu plus calmes, un peu trop pros pour arrimer le haut du podium et une mention pour Free Energy, mes petits galopins philadelphiens, véritable découverte. Mais revenons en à la choucroute :

En première partie, un OVNI, Cascadeur, autre lauréat du CQFD des inrocks (cuvée hiver 2009), que j'ai regardé d'un air mi amusé mi déconcertée, mais je pense que c'était le but. Et dans ma tête la petite phrase "Ohmy, si jamais Machin se mettait sérieusement à la musique c'est exactement ce qu'il ferait", maintenant, reste à voir si Machin est toujours vivant et s'il aime à se déguiser en catcheur mexicain, rue Oberkampf, les lundi soirs de novembre. 

Puggy, après deux albums et portés par le single sous forme de "on dirait une balade mais en fait non et en plus y'a des gros mots dedans" How I needed you, a réussi à remplir cette salle du bataclan et à se forger un public de fous furieux qui les suivraient au bout du monde (en plus ils ont de la marge, la plupart ont environ 18 ans, mais il ne faudrait pas les résumer à des gamines : y'avait du vieux qui opinait du chef, également). Sur ce dernier album que de bonnes chansons à potentiel d'envoi de bois sur scène et, dès l'amorce, ce fut le cas. Qu'est-ce qui fait la différence avec les autres concerts ?

Leur générosité. Leur plaisir palpable d'être là et pas ailleurs. L'échange avec le public. Et les cheveux volatiles de Ziggy, batteur suédois de son état. Mais je m'égare.

Le seul bémol de la soirée est que les fans sont tellement dévoués qu'on peut se sentir largués par les private jokes qui abondent, mais bon, raison de plus pour y retourner !

dimanche 7 novembre 2010

Fall in Live #5 : Memory

Je me souviens des premiers livres que j'ai lu, à 2/3 ans. Les faisant répéter inlassablement par mes soeurs pour pouvoir les apprendre par coeur et faire croire à tout le monde que je savais lire (chose que je saurais réellement faire 1 an et demi après, more or less).

Je me souviens de la première exposition que j'ai vue, Modigliani au musée des Beaux Arts de Rouen (comme quoi je suis ultra fidèle, même artistiquement). 

Je me souviens des premières photos que j'ai prise, du haut d'un toboggan, sur une montagne du Jura, petite bulle de paix au milieu d'une enfance chahutée. 

Je me souviens mal, par contre, de mon premier concert. Je sais que, haute comme trois bouteilles de cidre, je courais autour de la place où Jean Ferrat jouait à la pétanque et je squattais les genoux d'Allain Leprest, mais, lorsque je l'engueulais parce qu'il disait "merde" et que c'était hautement défendu on me répondait "il a le droit, c'est un poète". Pas un musicien. Un poète. Bon.

Musicalement, donc, j'ai toujours eu un mal fou à me fixer, à me trouver. J'ai enfoncé des portes ouvertes mais échappé à des gouffres populaires. Je m'en suis pas trop mal sortie. Mais impossible de me souvenir de mon premier concert. 

Hier, à la bibliothèque - non, à la DISCOTHEQUE - Clignancourt, je me suis dit que ça devait vraisemblablement être à la bibliothèque de mon village, vu que c'est là que j'ai fait à peu près toutes mes classes, des livres, forcément, à la poésie, en passant par les ateliers d'écriture, de conte et pour finir, de dessin & peinture.


Hier, Silvain Vanot, un auteur/compositeur/musicien/toussatoussa français (normand, même) essayait d'illuminer le premier vrai après-midi de novembre digne de ce nom. Première chose à souligner : tout était contre lui, des employés de la bibliothèque grévistes qui s'étaient un peu opposés à sa venue en ce jour d'action, à un de ses musiciens malades, en passant par des problèmes d'ampli, bref, le monsieur a beaucoup de mérite de s'en être tiré haut la main (et là encore on pourrait dire : expérience, professionnalisme, etc.)

Beaucoup d'humour malgré des airs d'ours mal réveillé, il s'adapte parfaitement au quiproquo qui a fait que beaucoup d'enfants soient présents dans la salle (samedi après-midi = animation pour les marmots dans la tête des parents qui ne savent plus quoi faire pour s'en débarrasser, d'où mes nombreux souvenirs de week-end passés en bibliothèque, inscrite à tout et n'importe quoi) et même si  les paroles de certaines chansons vont laisser plein de questions inexpliquées aux parents au retour à la maison.

Ce qui est sur, c'est que les gosses coincés sous les bacs de disques entrain de lire leur bd (toi aussi amuses toi à les trouver sur la photo ci-dessus) chercherons en vain, dans 10, 15 ans, quel a été leur premier concert et aurons peut-être une épiphanie en allant eux-mêmes amener leur gosse dans une bibliothèque, 20, 25 ans plus tard.

samedi 6 novembre 2010

Fall in Live #4 bis : Apogée, décadence & T-shirt

Carl est un monument car il a été l'autre de Pete, et ce sera toujours ainsi. Que ça lui plaise ou non. Son autobiographie Threepenny memoir, parue récemment prouve qu'il en a conscience, même s'il en profite pour exprimer son ras-le-bol.

A la Cigale, une connasse de première a trouvé ça intelligent de remuer le couteau dans le plaie en balançant sur scène un t-shirt à l'effigie de Pete. Carl, dans son jardon incompréhensible a marmonné quelque chose qui voulait vraisemblablement dire "Avancez putain, mettez vous dans le crâne que c'est du passé". 

A côté de ça, je ne l'avais jamais entendu jouer autant de chansons du répertoire des Libs avant, et ce sont elles qui enflamment vraiment le show, pas celles de son album éponyme. A coté de ça, il y a la série de concert non pas de reformation mais de "retrouvailles" dirons nous, que je soupçonne vraiment de n'avoir vu le jour que pour renflouer les caisses des jeunes hommes, un Pete qui doit financer sa consommation et un Carl qui a un enfant à naître et un avenir à construire (maintenant, qu'apparemment, il a arrêté sa propre consommation, ahem).
Toujours est-il que j'ai rarement vu Carl plus distant sur scène. Il a enfin ce qu'il voulait : il n'est dans l'ombre de personne, à la tête des affaires, son groupe étant sa famille, celui-ci ne devrait pas le lâcher une fois de plus (même si, jamais 2 sans... well). Carl s'y croit à fond et, contrairement à ce qu'il affirme dans son livre et à qui veut l'entendre, il a perdu tout humour. L'étincelle de folie est éteinte. Tout semble surjoué, gonflé, d'un enthousiasme forcé. Il ne sourit même plus. N'a plus personne sur scène avec qui échanger (l'explosion sensuelle et chimique de tous ses concerts passés que ce soit avec Pete ou Anthony). 

Son album est certes sympathique mais on est loin du génie foutraque des Libs et du rock bien rodé (et bien produit) du premier album des DPT (je suis beaucoup moins fan du second, même si tout n'est pas à jeter, mais ce n'est pas le sujet). J'ai l'impression que l'ami Carl joue au monsieur. Et tout, de ses sautes d'humeur (même si je les comprends ô combien et que j'aurais été la première à claquer la gueule de la lanceuse du t-shirt maudit) à son emploi soudain d'instruments pédants (une contrebasse, really ?)(et le violoncelle qu'on a dû entendre 3 secondes 1/4 car couvert par la batterie, les guitares et la basse, hum ?).

Même moi, fan d'un peu après la première heure, toujours fidèle et à 100% derrière lui et pas l'affreux jojo (ma théorie sur la perversion narcissique de Pete, je vous l'évite) je le trouve lourd, à se plaindre, à geindre, à perdre confiance en lui malgré un soutien incomparable de personnes qui le suivent depuis plus de 7 ans, ce qui est énorme aujourd'hui.

Carl hier n'a pas dit au revoir, s'est barré comme un voleur, le backstage semble avoir remplacé l'on-stage, pour la première fois depuis que je suis amenée à être dans la pièce que lui, je n'ai pas eu envie de l'alpaguer pour lui dire ô combien il est la réincarnation d'Oscar Wilde (par contre je veux bien savoir qui a rewrité le premier chapitre de son autobio, parce qu'elle kicks-ass).

Fall in Live #4 : Black XS Inrocks festival à la Cigale


La Cigale est une salle où hier, modernité et passivité se sont rencontrés. Une soirée pleine d'émotion qui donnera sûrement lieu, pour moi, à deux articles différents.

Pour bien vous donner une idée de l'ambiance, la fosse, hier, était remplie de jeunes donzelles souvent mineures, souvent provinciales, avec Hélo et myself au milieu, deuxième rang. Comme un retour en arrière dans mes premiers festivals, sauf qu'ici, tout le monde sent à peu près bon. Plus haut, sur le balcon, les journalistes et VIP regardent la scène d'un air blasé... mais ça n'allait pas empêcher un groupe de furieux petits bouseux américains (from Philadelphia, yeah right) de venir tenter de bouleverser l'ordre établi. Free Energy, des petits monstres boostés à la redbull (oui, à la redbull, Fall in Live n'ayant jamais eu connaissance d'autre substance énergisante mais nettement moins légale)(si ?) qui déboulent sur scène comme on passe le finish d'un 100 mètre et nous emmènent dans un sprint époumoné à travers leur set super électrisé.

Pour faire un petit parallèle qui rappellera beaucoup de choses aux anciens du blog, le frontman m'a foutrement rappelé un William Beckett jeune qui aurait retrouvé ses couilles (pardon, Bill), les chansons sont efficaces, et les gars généreux, et c'est important, car le reste de la soirée sera nettement moins joisse de ce côté là.

Ils laissent leur place à un écran pub pour le parfum de Paco (sponsor oblige) et du fameux live de Carl B. dans le café français qu'il fréquentait assidument lors de sa tentative de sauvetage des Libertines, à son époque Montmartroise. Applaudissements et hurlements prépubères plus tard, Surfer Blood arrive sur scène, le pas traînant, l'oeil morne.

Le type même de gens qui doivent sourire quand on les brûle. Sauf que je n'avais jamais vu ce type de personne sur scène. Alors oui, question musique, rien à dire, mais question ambiance, tous les efforts faits précédemment par Free Energy sont ruinés et on remue à peine le bout des pieds. Le chanteur manque sérieusement de charisme et pour ne rien arranger, son micro est hyper mal réglé et nous rend un gloubiboulga informe de ce qui aurait dû être des paroles. Heureusement, au bout de 4 chansons or so, Free Energy envahit la scène avec tambourins, maracas & co pour redonner la pèche au set de leurs amis. Tout d'un coup la foule s'enflamme à nouveau et c'est avec une grosse pèche que l'on attend le messie, Carlito premier. A noter tout de même, leur percussionniste qui a tenté un truc que je n'avais jamais vu dans ma longue carrière (!) amener un tambour dans le public, soutenu par nos petits doigts agiles (enfin, surtout ceux d'Hélo)(j'ai une photo mais je risque le divorce en la publiant alors j'attends son éventuel accord ^^) et voila le public comme sixième homme au sens participatif du terme. Surfer blood : une groupe complétement Ségolène Royalien, même s'ils ne doivent pas être au courant.

C'est là que je ferai une ellipse temporelle pour revenir plus amplement sur l'affaire dans une note à part, puisque Carl B. a toujours été, sur ce blog et dans ma vie, à part. Sachez juste que je suis sortie de sa prestation zombifiée, ayant accroché une place sur le devant de la scène. Couverte d'une sueur qui n'était majoritairement pas la mienne, la tête appuyée sur mon sac, prête à m'endormir, épuisée et ruinée de l'intérieur (j'y reviendrai...).


The Drums sont les seuls à se faire attendre (je salue l'organisation impec' question timing et changement d'instruments, bravo les gens de la Cigale c'était hyper pro) et je manque par trois fois de m'endormir. Leur entrée sur scène dure dure et s'éternise, pompeuse à souhait, un coup d'oeil sur les balcons et je vois les blaseux tout à coup intrigués par ce qui pourrait être de la hype-top-trendy-avant-garde. Les mecs sont habillés d'une façon au mieux 50's au pire foutraque, avec des coupes de cheveux qui font presque peur et une attitude pour le moins autiste. Ils se font leur trip mi-danse classique/mi-valse chacun dans leur coin et délivrent un show qui, s'il est impeccable musicalement, pèche à communier avec son public. Je veux dire, le public était là, et les portait énormément, mais je n'ai rien senti du retour - alors même que j'avais quasi le nez dans le chanteur pendant tout le concert. J'ai baillé, baillé et rebaillé, c'était limite honteux d'être à cette place alors que je m'emmerdais sec. Bref : The Drums, je comprends qu'on aime, même si je soupçonne qu'on ne les aime pas pour les bonnes raisons et que ce soit juste un phénomène temporaire, mais je n'ai pas du tout adhéré.

A bientôt pour de nouvelles aventures (ou pour un retour sur le set de Carl... je ne sais pas quand).

vendredi 5 novembre 2010

Fall in Live #3 : ...and Pop goes my heaaart

Retour au Pop in et aux têtes déjà croisées ailleurs et higher, qui se détournent bizarrement lorsque l'à jeun est venu. Well. Your bad.

L'attente fut longue, mais joyeuse, non, Hélo et moi n'avons pas encore épuisé tout sujet de conversation (même si nous encourrons un grand risque d'ici 15 jours). Musicalement, ma journée avait été frappée par l'écoute inopinée d'Ado FM chez mon épicier de quartier. Au détour d'une chanson où un rappeur me conte contre mon gré ses peines de coeur, celui-ci conclut par un sublime "je n'en sortirai pas inerte". Je comprends mieux l'adolescence de ce pays, d'un coup.

L'attente donc, plus d'une heure de gens qui - nombreux, il est vrai - font des allers/retours pour voir si la porte de la salle de concert daigne s'ouvrir. Un peu plus tôt, c'est l'autobiographie de Carl B. que je tenais entre les mains pour attendre ma compagnonnesse devant le bar, Carl B. sur les oreilles, et ce soir (qui était demain soir, hier) Carl B. devant les yeux. Carl B. all the way. Revival d'il y a quoi... 6 ans, déjà ? Et deux ans que je n'ai plus vu le monsieur, autant vous dire que je suis sur mes nerfs, sur mes gardes, sur 220 volts.

Donc oui, hier, c'était nul. Voila. Young Michelin, gagnant de CQFD, concours de jeunes talents des inrocks, n'a rien de jeune et encore moins de talentueux. Ca m'a rappelé ce que le rock de beauf a produit de plus mauvais à la grande époque. Au meilleur du set ça ressemblait à du "je veux faire mon Bertrand Cantat, je passe à côté, mais j'ai essayé" et au pire, c'était du sous-wampas, le tout gravement assaisonné de longs instrumentaux typiquement là pour faire genre "on est de vrais musiciens, t'as vu". Bref. Que de la gueule. Repassera. Et leur public leur ressemble, donc tant mieux pour eux, moi je ne comprends pas l'engouement et encore moins cette envie passéiste de retrouver des mélodies et des thèmes d'il y a 20 ans. Move forward people, there's so much to do.

Mais tonights is the night, et ça m'étonnerait qu'on soit déçues. Cela m'étonnerait même fort. Carl B. oui, mais aussi Free Energy, Surfer Blood et The Drums. Ca va décaper à la Cigale.

A demain les Fallou (peut-être avec une vidéo si mes fans en furie me laissent le temps de faire du montage).

jeudi 4 novembre 2010

Fall in Live #2 : Lisaveta & Tis

Pendant que tout le monde serre les fesses pour accueillir le président Chinois, il y a des gens, comme Hélo et moi, qui faisons des choses vraiment importantes pour le monde. Genre Fall in Live.

Hier nous étions au Pop In. Enfin, moi j'étais devant le Panthéon, dans une brasserie, avec le futur de l'édition française, et je les ai plaqués un peu vite pour rejoindre Oberkampf. A peine la rue Soufflot quittée, je tombe sur un attroupement, des étudiants (voire lycéens) occupent un étage de la Sorbonne et ont fait une liane de leurs sweatshirt pour se faire monter des paniers repas. Je me serai bien arrêtée pour savoir de quoi il en retournait mais j'étais déjà late, et j'avais pas mal de gossip à partager par téléphone. 

Une erreur de récupération d'Hélo sur le quai de la 8 plus tard (je me suis refusée à fréquenter une station portant le nom barbare de St Sebastien Froissard, histoire de garder un minimum de dignité) nous entrons dans l'entre de la mort : Le Pop In. Un bar plein d'escaliers où les concerts ont lieu dans une cave. 

Un demi de Killkenny et un coca-light (je vous laisse deviner qui a pris quoi) nous voici arrivée tout pile à 21h40 pour le début de concert de Lisaveta, un groupe que nous ne connaissions pas du tout, puisque, au départ, on venait surtout pour le groupe d'après : Tis.

Cette soirée s'est vite transformée, pour moi, en un revival des concerts de province de ma tendre adolescence. Tous ces concerts du cousin de la cousine d'une copine qu'on connaissait de vue dans les caves au pire des parents au mieux des pubs du coin. Une organisation qui laisse à désirer et qui est dénoncée de manière peu distinguée par le premier groupe, d'ailleurs, qui manque de nous tuer les oreilles en faisant ses derniers réglages et accuse le manque d'aide du bar. 

Un faux départ plus tard, le concert commence, et si les paroles peuvent prêter à rire, j-'ai juste retenu une histoire d'épagneul et deux trois rimes sans grand sens pour une néophyte comme moi - la musique est plutôt agréable. Des intrus longues mais maîtrisées. Je n'aime d'habitude pas le pop-rock français qui chante en français mais la pilule est passée, donc bon point pour eux. Malheureusement, et ce sera le fil rouge de la soirée : grand manque d'originalité. Ni la voix, ni une chanson, ni un son particulier ne s'est démarqué et me permettrait de le reconnaître parmi 100 autres. Ni même 10, si j'y pense.

Tis, enfin, plus frais, mais terriblement proche de Cocoon, deux voix masculine/féminine se répondent, sur des mélodies plus pop que rock, beaucoup de balades et de thèmes mignons. Une référence à Dorian Gray qui aurait dû me séduire mais qui m'a poussé à retourner aux toilettes pour deux raisons : des chansons trop longues et un manque d'alternance dans le set, mettre 4 slows à la suite ça peut faire penser à un quart d'heure américain mais ça ne capte pas mon attention. En un mot : mignon. Mais déjà vu. En mieux, malheureusement pour eux.

Ce soir on prend le même endroit et on recommence : la barre est plus haute puisque nous allons juger si Young Michelin est à la hauteur du Prix CQFD (ceux qu'il faut découvrir) des Inrocks qu'il a décroché il y a peu. Et ensuite, sans doute l'after Black XS festival au Bus Palladium, si la fatigue ne l'emporte pas (déjà).

mercredi 3 novembre 2010

Fall in Live #1 : Golden Gate Quartet au Casino de Paris

Pour bien fêter ce début de Fall in Live, je me suis perdue dans le quartier St Lazare, bien évidemment. Enfin arrivée au Casino de Paris, je remarque qu'Hélo et moi sommes des jusqueboutistes un peu effrayantes puisque nous arborons toutes deux des Ipods et écouteurs aux couleurs de nos manteaux. Je dis bravo Paris. 

Ellipse temporelle : nous voici assises à de super places (merci Yohann) orchestre, centre, et même pas le nez devant la scène. D'ici, on s'aperçoit même qu'on doit être pas loin des plus jeunes de la salle (un indice nous a amené à cette conclusion : dans le public, même les femmes avaient une tonsure).

Mais venons en au fait : Le Golden Gate Quartet est un ensemble qui a commencé sa carrière en 1934 et qui est (apparemment) entrain de faire sa tournée mondiale d'adieu, mais bon, vu que leur leader pète la forme, j'en suis pas si sûre.

Ils ressemblent à ça :

Et je compte marier Clyde Wright, à gauche, le leader donc, à ma Mémé, ils ont deux ans de différence et je pense que ça détonnerait grave dans mon village normand de 6000 âmes.

En me rendant à ce concert, j'ai fait le constat pétrifiant que la dernière fois qu'on avait tenté de me faire ingurgiter du gospel c'était en 5ème1 à coup d'Owen the Saints chanté en canon par mes camarades boutonneux et moi. Autant dire que le résultat était très, très, trop loin de ce que j'ai pu admirer hier soir. 

Le show est rodé, aussi bien le numéro comique/émotionnel de Clyde que les rappels toutes les 3 chansons que leur "new cd" est en vente juste derrière nous. Soit. 

Si je ne peux pas me sentir concernée à première vue par des chants religieux (je suis plus ou moins athée, et pas du tout monothéiste en tout cas) il y a une certaine universalité et un histoire saisissante derrière ces chansons. Clyde rappelle, pour ceux qui n'auraient pas suivi, les origines du Negro Spiritual avant Nobody knows et justifie l'inspiration de ses propres compositions en disant qu'elles lui sont venues en prières (moyen d'inspiration comme un autre). 

Une abondance de Lord, God et Jesus, donc. Mais ça ne s'est pas transformé en prêche géant, puisque l'honorable vétéran a précisé qu'il s'agissait de ses croyances et qu'on n'était aucunement obligé de les partager. 
Larguée devant une culture toute étrangère, ils l'ont été aussi, notamment lorsqu'il nous raconte la surprise qu'il a eu d'apprendre qu'on nous avait coupé les robinets d'essences et qu'à cause de ça les gens n'étaient pas venus au concert d'hier et avaient préféré partir en vacances dès la réouverture de ceux-ci. 

Je suis un peu à cheval entre les deux mentalités : l'américaine et la française. Le vieux monsieur plein de bons sentiments qui dit que le sida c'est mal, que Everybody's got to cry sometime et surtout qu'aider son prochain est la seule paie qu'il attend et qui nous rabache pourtant qu'on doit acheter son disque et que "we got to give" en frottant ses doigts comme pour dire "par ici la monnaie". Il faut comprendre que là-bas, les deux sont liés de manière tout à fait publique, et qu'ici ça peut choquer. Qu'on a une sorte d'hypocrisie qu'on nomme "décence" sur tout ce qui concerne l'argent. 

Derrière ces basses considérations, l'émotion est là, le rire comme le cœur qui se serre parfois, et la conclusion à tout ceci est que nous tenons la preuve vivante (ou presque) qu'un boys band peut durer. Même si les chorés sont un peu moins élaborées, les costumes sont toujours aussi soignés.

Et puis si vous voulez saisir l'émotion du moment en chair en os et en sourire figé, voici la vidéo Live Report tournée à chaud juste à la sortie du concert.