mardi 15 mai 2007

On stage


Etre stagiaire c'est la douche écossaise constante.

D'abord ton big boss, avant même que l'enfer ne commence, te fait comprendre par des connaissances mutuelles qu'il a failli pas de prendre, à cause de ton jeune âge.
Ensuite, par le même biais, il te fait savoir ô combien ton C.V est impressionnant et ô combien précieuse sera notre collaboration.

M'en voila ô combien ravie. Surtout parce que j'aurais pas à aller à Paris tous les jours pour un stage en édition.

Finalement, j'intègre ce qui ressemble à Moulinsart lès Rouen, je rencontre tout un tas de gens. Du viking barbare que je vais annihiler un de ces jours, aux marraines bonnes fées du métier, aux autres stagiaires hauts en couleurs... et même un mec du studio artistique qui a eu la bonne idée de m'appeler "Violette" à notre première rencontre.

Bref. En tant que stagiaire, tu peux passer du jour au lendemain de déménager des cartons ou étiqueter des enveloppes à organiser des jeux concours avec les plus grandes radios de France.
Ou organiser la soirée de lancement du bouquin pour lequel tu fais la promo.
Ou construire une base de données de 240 entrées avec pleins de gens précieux dedans.
Ou parcourir la base de donnée "journalistes" et baver devant les emails perso du rédacteur en chef de MIIIIIIIIIIIIIIIIIP.
Tu dis "tu" à des gens kiffant. Tu souris comme une conne aux éditeurs régionaux qui ont bercé tes deux ans de DUT.

Tu peux aussi te faire ostensiblement draguer.

Sauf que m'appeler Violette, c'est la manière la plus sûre de me conquérir (même si ce n'est pas le but de la manoeuvre, j'en conviens), mais me tourner autour comme un chien fou argh pfeuh.
Surtout quand on a des chaussures immondes, qu'on est d'une famille nombreuse catholique et bourge de Rouen.
Arrière garçon !
Si je fricotte cet été ce sera avec la boîte à rythme la plus sexy de la région. Ou Frank Black s'il est gentil -et que je suis sous GHB.

Tout ça pour dire que môa quand je dis à des Rouennais que je viens d'où je viens (trois quarts d'heure de trajet) ils me regardent comme un messie maso.
Déjà, ils ne sont jamais allés aussi loin, et en plus, ils ne parlent pas habituellement aux gens qui viennent d'aussi loin.
Je sais que dans mon patelin y'a un quart de drogués, un quart de consanguins et le reste de vieux mais tout de même.

Papa patron, Maman prof.

Je fais partie des nantis du canton.

Dans cette ville, je suis au dernier échelon. Juste avant la femme de ménage à qui on laisse vaguement des ordres sur un post-it.

Au bout d'une semaine ici j'avais déjà marqué mon territoire :
P'tit boss impétueux savait que je le sentais pas et que je le laisserais pas m'esclavager.
Big Boss était tout frétillant de mon dévouement ô combien sans bornes.
Les femmes me gueulaient dessus plus ou moins autoritairement.
Les stagiaires étaient martyrisés par ma castratricité. (bah quoi, c'est bien les seuls que je peux débaucher... :()

Je me démène pas mal. J'essaie de tirer mon épingle. Je sais très bien qu'ils débourseront pas un centime pour prolonger mon stage cet été (ouais hein, je refais pas deux mois gratos)... mais qui sait, parrain piston, marraine débrouille…

Dans 10 ans j'suis au ministère de la culture moi. (ça sera une place privilégiée pour abattre à vue tous les gens que j'aime pô)

Finalement, travailler dans un bureau c'est comme la vraie vie. Avec des post-it en plus.

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