samedi 11 mai 2013

Hello darkness my old friend



Le côté un peu gênant d'être sans compromis et totalement fidèle à soi-même (outre le fait de décevoir les gens qui pensent mordicus que je joue un jeu et qu'en fait je suis pas vraiment comme ça) ce sont les meltdown en public. 

Ca s'est calmé ces derniers temps, je me suis blindée. Mais jusqu'à très (trop) récemment, on pouvait me retrouver dans une armée de bras, dans des lieux très très publics, la morve au nez et les yeux en mode Niagara. Je ne sais absolument pas retenir les émotions puisque je ne le fais jamais, par choix. 

Même si, parmi ces bras, il y avait des enlacements qui tenaient plus du "arrêtes maintenant, hein, tu nous fais honte.", ça n'était pas le cas de tout le monde. Les gens vraiment sincères, qui m'ont ramassée parce qu'ils ne pouvaient pas supporter de me voir comme ça, sont inscrits sur une golden list, dans un coin de ma tête.

Parmi ces gens-là, il y en a eu quelques uns de furtifs. Des gens qui ne me connaissaient pas mais m'ont chopée au vol, ont plaqué ma tête contre eux et ont trouvé des mots tout à fait gratuits pour me remettre d'aplomb.

Je ne sais pas si c'est le karma, mais j'aime suivre de loin ces gens qui ont été là pour moi. Histoire de me tenir à distance de leur vie, à laquelle je n'appartiens pas vraiment, mais de rester assez proche pour être là au besoin. 

Un cercle vertueux tacite.

Je ne supporte pas qu'on me touche ou même qu'on rentre dans ma zone de confort - oui le métro parisien est un supplice. Enfin, pas avant 2 verres. Ces moments-là sont les seuls où je laisse un inconnu entrer en contact avec moi.

Je me souviendrai toute ma vie de ce type qui, en plein festival, a vu ma mine déconfite, les yeux vagues, a vu ma posture prostrée, a vu une fille isolée qui, quand il l'a fixée, a détourné le regard. Par réflexe. Comme toujours. Qui, quand il lui a tendu ses bras, a secoué énergiquement la tête. Qui, quand il a accompagné son geste de quelques mots, prononcés doucement, avec calcul, mais assez fort pour couvrir le son des Kaiser Chiefs, s'est vu offrir un minuscule sourire en coin. Il a su qu'il avait gagné et m'a serrée fort, avant de repartir, me laissant le coeur léger, sans plus de promesse. 

Je me souviendrai aussi de cet autre qui a délaissé son groupe d'amis, sa soirée, son nombril, pour venir ramasser la petite chose tremblante sur son morceau de canapé. Le nez contre sa chemise, sa main refusant de quitter ma nuque tant que je n'étais pas calmée. Une mini thérapie de 10 minutes, de sa bouche plein de dents blanche d'être solaire, à mon oreille d'être pas totalement fini. Il m'a fait plus grandir en un hug que mes parents en 10 ans. 

Car, oui, je ne suis pas d'une famille très démonstrative, loin s'en faut, et j'ai reçu plus de beignes que de câlins. Je ne sais pas si c'est pour ça que plus personne ne peut m'approcher maintenant ou si c'est l'inverse. Mais, lors de la cérémonie pour Mémé - la seule personne de ma famille que je serrais dans mes bras dès qu'une occasion se présentait - alors que j'affrontais un peu tout seule avec mon xanax, une très vieille amie m'a carrément bondit dessus pour m'enfermer et me forcer à sortir quelque chose. C'est le seul moment où j'ai vraiment lâché du lest. Elle a su. Son instinct de mère, peut-être. Ou alors lui avais-je dit qu'il fallait me bousculer pour que j'accepte ces gestes-là, ces choses-là. 

Je ne supporte donc pas quand ces gestes sont gratuits, et les gens qui se tripotent tout le temps - pour rien - me sortent par les yeux. C'est contre ma religion, pourrait-on dire. Se faire la bise est une chose qui me dépasse. 

Rassurez-vous, ça me vient naturellement quand je suis avec quelqu'un. Je ne sais pas ce qui se passe en moi et quand ça se déclenche, mais qu'un garçon me donne envie d'être dans ses bras est un très très bon indice quant à son pouvoir sur moi. 

On me demande souvent pourquoi j'ai tant de relations dématérialisées. Pourquoi des gens que je n'ai jamais rencontré ou parfois seulement croisé 2 ou 3 fois tiennent une place si importante dans ma vie. 
Je dirais que ce sont des gens qui savent quand se servir du sacro-saint hug, même s'il est virtuel, même s'il n'est composé que de mots. Je dirais aussi qu'ils sont bien pratiques, parce que pas de gêne, pas de questions horripilantes de "pourquoi ce geste ?", pas besoin d'occuper l'espace, de savoir quoi faire de ses mains, de devoir maîtriser ma grimace constante et la tordre en un sourire qu'ils sauraient faux de toute manière.

Voilà mon coming-out d'handicapée de tout mon corps. Et de fille qui, tout en détestant ça physiquement, est  addict à ce qu'on la touche émotionnellement. 


Cela ne vaut évidemment pas pour toi, Jim, you can Touch me whenever you want.

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