samedi 18 octobre 2014

The Last of the summer days





En sortant du cinéma, j'ai croisé un fantôme de mon passé. J'ai vite tourné les épaules, et j'ai préféré regarder l'horizon. Il était bleu pas automnal. J'ai pris une photo, et j'ai entamé mes 20 minutes de marche pour revenir chez moi.

Un père célibataire avec fille, c'est son week-end. Il me sourit puis se souvient qu'il a une gamine au bout du bras.

Je passe mes mains dans mes poches. L'air est plein de cuisine de saison alors que les fenêtres auraient dû rester fermées. Mais il fait pas loin de 25°, à 20h. Les épices, les arômes s'accordent à la variété du quartier, des indiens, des chinois, des français de souche.
Mon estomac invente plein de choses qu'on pourrait faire tous les deux.

Mes pieds, eux, connaissent le chemin et n'ont pas envie de rester plantés sous des néons. Le cerveau décide qu'on a bien assez à la maison.

Je relativise quelque chose de théorique, car la longévité de mes relations n'a jamais réussi à me le prouver : même si j'avais des copains, je serais impossible à gérer en couple.

Chez moi, rien ne dure. Et un inconnu assis sur mon canapé l'a cerné en 5 minutes. "Peur de l'engagement ?". Non, je tente toujours. Mais je me débrouille pour tout foutre en l'air, ou pour gratter là où je ne devrai pas, jusqu'à me dégoûter des gens.

Je suis à un tournant de ma vie. Je l'ignorais encore en déposant sa rose annuel sur la tombe d'Oscar, mais tout va changer.
Mon quotidien, du moins.

Je vais faire le choix rationnel, tout en n'arrêtant pas de me demander ce qu'aurait ouvert une autre décision.

J'écoutais cet inconnu me raconter sa vie, essayer de faire connaissance en temps record, de chercher la compatibilité à chaque coin de phrase. Puis, à force de fixer son visage, je l'ai vraiment vu. Et je me suis prise à penser que je pourrais tout à fait coucher avec lui. J'ai plongé mon nez dans ma tasse de café, au cas où ça s'afficherait en direct comme une bande info sur mon front.

En un temps record aussi, je sais que ça n'ira pas. Que je pourrai tenter tant que je veux. Je ne pourrai ni vivre avec lui, ni vivre quoi que ce soit d'un temps soit peu sérieux avec lui. Le côté artiste maudit, l'égo sur la main, l'instabilité. Il est chou. J'ai passé un bon moment, mais le soir, en me couchant, je l'ai presque oublié.

Il m'a moins touché que cet autre avec juste un regard sincère, un sourire direct et une timidité touchante. Le genre de garçon dont je ne m'approche pas non plus de peur de les casser. Des petites poupées de porcelaine que je regarde évoluer en me disant "c'est bien qu'il en reste.".

Cette semaine, j'ai plu à un homme. Tellement qu'il est revenu trois fois, m'a rappelée sous des prétextes un peu léger. Sa nervosité, son bégaiement, ses regards à moitié étouffés. Le "Woah" qui s'est échappé de sa bouche en m'écoutant étaler ma science. J'ai été zen-cool-sympa avec lui. Parce que ça m'a fait du bien d'assister à ça. De me souvenir que ça peut être positif, toute cette histoire d'interactions sociales.

Je pense que si je m'auto-convainc que je ne trouverai jamais personne, c'est surtout parce que je pense que je serais bien incapable de vivre quoi que ce soit, avec qui que ce soit.
Je suis l'Homme de verre des relations humaines.

Secrètement, dans mon for intérieur, j'ai le portrait secret caché d'un grand roux aux yeux bleu lagon. Celui que j'affuble du lourd fardeau de mes derniers espoirs. Celui à qui va incomber la tâche de me briser le coeur en d'encore plus petits morceaux.

The last good guy of the earth. 

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