mardi 5 décembre 2017

You've been waiting in the sun too long


[For the love you bring won't mean a thing]

Chères trente et quelques lectrices et lecteurs, vous êtes vous déjà demandé de quoi j'avais l'air, dans la vraie vie ?

Cette question ne s'adresse bien sûr pas à ma poignée d'amis et à la douzaine de stalkers réguliers en provenance directe de mon quotidien qui composent majeure partie de mon lectorat.

Je vous pose la question parce que je me la suis posée, justement. Alors voilà la réponse.

Hormis ces vingts dernières minutes où vous m'auriez trouvée sous la douche en train de chanter It's my life de Bon Jovi en yaourt avec le pommeau en guise de micro, je suis quelqu'un d'assez transparent.

Je veux dire par là que vous passeriez sûrement à côté de moi sans vous retourner et ce même si vous n'êtes pas parisien et donc coutumier du fait. 

Même quand je suis le centre de l'attention, il émane de moi une sorte d'onde gravitationnelle qui fait que personne ne se rapproche.

Tenez, cette semaine j'étais à un événement pro. Des dizaines de personne m'avaient dit avoir hâte de m'y voir et pourtant ce soir là, rien. Les regards sont passés à travers moi, même quand j'ai maintenu le contact visuel et agité la main. 
Il y a pourtant une fois où je me suis présentée à nouveau à une personne avec qui j'avais débattu pendant 3 heures il y a peu. 

Au restaurant, je suis la fille à qui les serveurs ne viennent jamais demander ce qu'elle veut (sauf au Royaume-Uni, mais ça n'est pas le sujet) mais déboulent dans la seconde quand quelqu'un d'autre à ma table lève la main.

J'ai longtemps pensé que c'était un manque de charisme, quelque chose d'inné. Mais je suis plutôt connue pour aligner les conquêtes quand je m'y mets. Une fausse timide.

Jean-Michel Blague, mon psy, dit que ça vient de mon enfance difficile et que j'ai intériorisé tellement de regards négatifs que je les projette à mon tour en non-verbal.

Bon.

Alors voilà, si demain on se croisait, je ne laisserai aucune marque dans votre vie.

De tous les gens à qui j'ai laissé une carte de visite, aucun ne m'a jamais contactée. Si, une fois j'ai eu un mail, et ça s'est arrêté là. 

C'est, comme toute chose, à la fois un handicap et un bienfait. Un handicap parce que dans mon boulot, ça aiderait pas mal si on se souvenait de moi, de ce que j'ai dit et de ce que je défends. Un bienfait parce que les gens qui passent outre cet effet repoussoir sont forcément des vrais, des durs, des tatoués. Des ami(e)s, quoi. 

Parce que je vous rassure, je ne suis pas seule. J'arrive de temps en temps à coincer en face à face certains énergumènes et à me rendre attachante. Ça demande beaucoup d'efforts. 
Je déploie une énergie démesurée à tout faire pour les garder juste au cas où. Pour ne pas qu'ils aient même l'idée de s'enfuir. 

Etre un Casper social, ça fait aussi que je suis souvent aux bons endroits aux bons moments. Souvent on ne m'a pas viré de backstages parce qu'on ne faisait pas attention à moi. J'ai entendu plus d'un scoop croustillant parce qu'on faisait pas gaffe que j'étais en arrière-plan. Je me fais très bien oublier, c'est pratique quand j'ai quelque chose à me reprocher.

Je bosse quand même là-dessus. J'essaye déjà de comprendre pourquoi l'intégralité de mes collègues me fait la technique du "je me lève et je fais semblant d'avoir un truc à faire en dehors de mon bureau" quand je viens les voir. Souvent j'ai des choses importantes à dire, je vous jure. Job related I mean.

On m'a posé d'innombrables lapins, des lapins où je n'ai pas eu droit à des excuses puisque les personnes ne se sont jamais souvenue qu'on avait rendez-vous en premier lieu. 

Donc maintenant, si vous vous posez la question un jour, vous aurez déjà la réponse : je dois être gravée dans le vent, la fille du Passe-Muraille et d'Itinéris l'espionne. De quoi ai-je l'air ? De beaucoup de choses, mais pas la peine de s'y appesantir, vous ne me retiendriez pas.  



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