jeudi 15 février 2018

Oh, I've tried to speak but there's nothing left to say


[Kamoulox !]

Ce soir, je frétille parce que je suis invitée à une fête.
Je suis jamais invitée à des fêtes.
Non pas que je sois une sans-amie qui parle toute seule et passe la Saint Valentin avec son chat en vidant une bouteille de vin rouge, mais mes amis, justement, n'organisent jamais de fêtes (ou alors le font très discrètement et ne m'invitent pas, ce qui serait très très cruel et je ne les pense pas capables de ça).

C'est toujours moi qui donne l'impulsion "Hey hey, on se voit ? On se fait un film ? Un resto avec des patates et du fromage ? Une belote ?"

Parfois, ma paranoïa frappe trop fort à la porte et je me demande ce que ça ferait si j'arrêtais de proposer des trucs. Parfois, je suis dans une phase dépressive et j'arrête vraiment de proposer des trucs, et le fait est qu'effectivement, quand on cherche on trouve.

J'ai depuis peu fait la paix avec cette petite voix qui me hurle "personne ne t'aime, tu n'as pas d'amis" parce que les anti-dépresseurs m'ont fait comprendre que si des gens s'enquiquinent à faire partie de ma vie depuis 8 ans (et plus), c'est pas juste du masochisme ou parce que ma chatte a le poil soyeux. 

J'ai compris que mes amis n'étaient pas du genre à organiser des fêtes, des sorties, des tartiflettes et des virées à l'autre bout de l'Europe pour attendre dans le froid un groupe de jeunes anglais aux cheveux gras (bon, sauf une). 

Parfois – rarement, donc – je suis invitée à une fête mais je suis physiquement incapable d'y aller. Parce que je n'y connaîtrai personne, qu'il faut faire plus de transports en commun que mon quota anxiété ne le permet ou parce que ce jour-là, d'autres gens, d'autres événements m'ont vidée de mon énergie (pour vous donner une idée : quand je me retrouve au milieu d'une foule mon énergie a la durée de vie d'une batterie d'Iphone 4)

Mais ce soir, je connais tout le monde ou presque, c'est direct en bus et j'ai bien besoin de me détendre. Alors je frétille. Je suis un peu anxieuse, mais de l'anxiété sympa. Comme un trac social.

Souvent, la vraie moi, la meilleure moi, se réveille à la nuit tombée. Si vous déjeunez avec moi, je ne suis qu'un tiers présente, au mieux. Mais le soir, la nuit, je suis en pleine possession de mes capacités. Je peux être drôle, je peux être brillante, je peux même être intéressante.

La société a décidé d'imposer au plus grand nombre des horaires qui les privent des deux-tiers les plus fascinants de ma personne : c'est son problème.

Moi, je me contente de frétiller dans mon coin d'avoir été invitée à une fête, de me réjouir que les astres se soient alignés pour me donner la possibilité et les ressources de m'y rendre, et comme d'habitude je vais ramener trois fois trop de choses parce que je suis secrètement très très reconnaissante d'avoir été invitée, qu'on ait souhaité ma présence, à une fête.





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