jeudi 12 décembre 2019

It's our darkest blackout, it's our final end




Les deux premières semaines de décembre, jusqu'au 13, je suis toujours dans cet état déplorable.
Qu'il neige ou vente, que je sois au comble de ma réussite ou tout en bas de la pente. 

Je mets quelques temps à retrouver pourquoi : suis-je en plein syndrome pré-menstruel ? est-ce que mon spider-instinct détecte une fin du monde à l'approche ? est-ce parce que je n'aurai jamais de retraite et que le gouvernement préfère dépenser son fric en surveillance et renseignement (coucou toi !) que pour prendre les plaintes de victimes de violences ou les accompagner dignement dans un processus de justice serein et efficace ?

Non. C'est tout con : mon cœur saigne. 
C'est la période de l'année où je ne peux ignorer l'odeur du vent, le picotement du froid sur toute la peau que je refuse de couvrir, où je revois ces lumières, cette ambiance, ces rires et lui.

Je passe désormais mon temps libre à lutter contre les affreux, les violents, les connards et les non-repris de justice, mais comment lutter contre celui qui ne m'a strictement rien fait ?

Si ce n'est me laisser avec ces souvenirs sensoriels encombrants vers lesquels mon cerveau fuit, chaque année, pendant cette quinzaine mesquine.

Mon cerveau fait le grand huit, je lui en veux, non, je l'aime toujours, pas du tout, il me manque, n'importe quoi, où est-il ? on s'en fout. 

Mon cœur refuse de passer à autre chose alors que les années deviennent longues à compter. Je sais que mon souvenir de lui, de cela, du "il-ne-s'est-rien-passé", sont forcément erronés, désormais. Que ces élans d'émotions sont à l'encontre d'un lointain fantôme recréé par mon imagination un peu plus chaque année.

Je le sais car j'ai consulté pour ça. Alors c'est cool, je suis tombée sur une super psy (qui a eu l'outrecuidance de me plaquer pour un boulot plus stable... en même temps vu qu'elle encaissait qu'un quart de mes chèques, je pense qu'elle a bien fait d'arrêter de bosser à son compte), qui était aussi franche du collier que moi et qui m'a dit que c'était bien simple : parfois, les choses, les gens et le vécu restaient, pour la vie, et qu'il était inutile de se battre.

Alors je baisse les armes, pendant cette première quinzaine de décembre. Je laisse mon esprit aller où il veut, et tant pis si c'est avec lui.
Tant pis s'il refait l'histoire, si j'en sors essorée. 

Il fait autant partie de moi que cette bougie que j'ai serrée si fort en lui parlant de la fête des lumières, de la Sainte Lucie et du fait que j'avais appelé Lucifer, mon chat, à cause de ça, parce qu'il est arrivé à moi un 13 décembre et de la flamme qui s'est animée dans ses yeux quand j'ai dit tout ça.
C'était notre dernier soir.

Enfin, c'était le sien. Car je crois bien que de mon côté, il ne m'a jamais quittée.

2 commentaires:

  1. Un très beau billet, qui me rappelle une certaine morsure du passé (quoique printanière, celle-là).

    « Parfois, les choses, les gens et le vécu restent, pour la vie, et il est inutile de se battre » : oui, et c’est justement parce que tu t’autorises à laisser ton esprit vagabonder auprès de ce souvenir sensible le temps nécessaire que tu pourras – si tu en ressens le besoin – mieux poursuivre ta route un jour, apaisée (mais pas amnésique pour autant).

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