vendredi 11 mars 2005

Baby when I saw you turning at the end of the street

 
Allongée sur mon lit, poussant des soupirs d'ennui, frustrée de mes frustrations, je pensais souvent  : "Et là, IL va venir et sonner chez moi pour m'avouer qu'il m'aime depuis si longtemps qu'il n'y tient plus..."

J'en venais à espérer que même un inconnu vienne sonner chez moi, m'annoncer son amour.

L'inconnu n'a pas sonné. Il a frappé.

Il aura fallu 8 ans pour que ce pseudo fantasme se réalise.

Je venais de finir de lire un bouquin de 700 pages, et quand je sors de deux heures de lectures je suis aussi larguée que Jennifer Aniston. Vaseuse, je descends jusque dans ma cuisine sous le harcellement incessant de mon chat, hurlant à la mort pour sa moitié de boite. J'ouvre le frigo, mais mon chat ne fait plus de bruit, à l'affut il a guetté quelque chose derrière la porte, dans un silence de plomb je le regarde faire, amusée, mais surtout persuadée qu'il s'agissait du vent. Je me trompais.

On frappe à la porte de ma cuisine -semblable à la porte d'entrée-, mon intelligissime chat court curieux jusqu'à la porte d'entrée sachant très bien que j'allais ouvrir.

J'attendais comme par hasard aujourd'hui une amie de ma mère, un papier à transmettre, donc je ne me serai jamais attendue à ce que j'allais voir.

J'ai donc ouvert le rideau... euh la porte, avec un geste lent pour garder tout le suspens à mon chat qui commençait à remuer dans les starter. Puis mes yeux se fixèrent sur lui, lui, lui et lui.

Non, ce n'était pas les Worlds Appart réunifiés, c'était un seul et même porte à porteur, en tenue de travail, stricte mais classe, il dit sûrement une ou deux phrases mais je n'entends rien. Je vois. Ses yeux sont les plus marrons qu'il m'est été donnés de voir, unicolores et parfaitement ronds, leurs gouffres noirs s'accordant parfaitement avec ses cheveux corbeau. Un visage de dieu grec et la classe naturel d'un Italien. Dans son attitude pourtant, rien de charmant, plutôt neutre, parfaitement neutre en fait.

En réalisant mon mineurisme, Don Juan me demande si mes parents sont là. Pour une fois non, quand j'avais besoin d'eux, ils n'étaient pas là. J'aurai du dire quelque chose d'autre, mais j'avais eu du mal à arracher les trois lettres de ma bouche tout à fait sèche. Avec ma dégaine de lectrice assidue (main dans les cheveux pendant que l'autre tourne les pages, j'étais décoiffée, j'avais les yeux cernés et rouges et _qui plus est_ un T-shirt trop petit), je n'ai pas dû lui faire grande impression surtout avec mes yeux bovins de quand je regarde quelque chose de stupéfiant. Encore heureux, je crois que je n'ai pas rougi, il se serait enfui en courant, c'est pour ça d'ailleurs qu'il n'a pas insisté après m'avoir demandé si je v savais quand quelqu'un rentrerai... Je me souviens avoir essayé de lui donner un âge pendant ces courts instants... Chose impossible, le front lisse, aucune rides d'expression, et maintenant avec du recul je ne peux même pas dire, son image s'efface peu à peu de ma mémoire.

Il est parti sans demander son reste, sans laisser de carte ou justifier sa présence.

J'avais une intuition que quelque chose DEVAIT clocher. Tenaillée par un doute, j'envoie un texto à Milie qui a la qualité d'habiter ma rue, elle me répond quelques secondes plus tard "Je ne sais pas, chez moi ils sont passés hier les Témoins de Jehovah.".

Je le savais putain, je le savais. Après Raël qui me la joue "je sais tout sur vous Clarisse", maintenant c'est L'apocalypse qui m'envoie un Tentateur pour me forcer à céder à cette pseudo secte.

Non vous n'aurez pas ma liberté de penser, ou alors juste une nuit... juste une.

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