mardi 26 juin 2012

You make up your angry eyes

La petite fille qui rentrait des cours en se jetant sur la télé salon me manque. 

Unique medium équipé du satellite, soit bien avant l'arrivée d'internet : ma seule ouverture sur le monde.

Pendant ces rares heures où je pouvais être seule, je m'empiffrais des programmes potaches de Comédie ! ; La Grosse émission, Robins des bois en tête. Le dépaysement était total. Mon monde était désherbé. Le rire était ma drogue : en état de manque du matin à l'heure de fin, j'avais besoin de ce moment.

Il faut dire que je n'avais rien d'autre : pas de famille, pas d'amis, surtout pas de petit-ami. Seulement mes illusions. Mes notes moyennes hautes. Mon imaginaire, qui prenait le relai dans la journée pour soulager le stress constant de devoir surveiller chacun de ses gestes, de rester sous la ligne de flottaison du regard des autres.

Je regrette cette fille. Cette fille qui voulait, à la limite, savoir ce que c'est d'embrasser un garçon, un jour, mais qui n'imaginait même pas pouvoir passer à quelque étape supérieure que ce soit. 

Les jours où le dégoût que les autres affichaient n'entachaient pas sa vision d'elle-même, elle était déjà bien contente. 

Et puis, elle se démerdait. Elle était seule mais tout fonctionnait. Personne ne la heurtait vraiment profondément. Ce n'étaient que des coups à essuyer, mais pas de blessures profondes.

Maintenant que j'ai vu de mes yeux vus, que j'ai vécu, que la vie m'a prouvé que je pouvais être heureuse et épanouie, même si c'était pour un laps infime de temps, je ne peux plus vivre dans ce déni si pratique de "personne ne voudra jamais de moi, autant vivre en autarcie totale". 

Me faire vivre ça, et me le retirer aussitôt a été d'une violence incommensurable pour mes certitudes. Pour ma personnalité. Plus rien ne tient debout. J'étais, jusqu'ici, la fille toujours rejetée. Et puis il a voulu de moi. Mais m'a rejetée quand même. Et me voilà dans le no man's land de la vie. 

Est-ce que je suis toujours cette gamine et est-ce qu'il m'a prouvé que tout le monde avait raison de ne pas vouloir de moi ? 
Est-ce que je suis autre chose ? 

Est-ce qu'il y aura quelqu'un d'autre d'assez fou pour s'approcher ? Est-ce que ça prendra encore 5 ans ? Est-ce que j'en aurai eu marre d'ici là ? Est-ce que j'aurai fini par faire ce que le monde me pousse à faire depuis ma conscience s'est éveillée ? Est-ce que je serai devenu folle à force de ne pas comprendre ? Est-ce que la résignation est toujours possible maintenant que j'ai vécu ce que j'ai vécu ? 

La torpeur était douce, mon auto-conviction extrêmement forte et contentente.
C'est sans doute pourquoi j'y suis restée le plus longtemps possible.

En me montrant que je pouvais être désirable (du moins au début, même en se trompant et en me prenant pour une autre, et avant de réaliser à quel point je le décevais), il m'a condamnée au malheur ad vitam aeternam.

2 commentaires:

  1. En comprenant que tu es désirable, que tu n'a pas de "malediction" à rester seule, ou quoi, justement, tu as certaines cartes en main. Le reste tu verras, en attendant : les amis. Les chats. Oscar et les bouquins. <3

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  2. J'aimerais que nôtre affection pour toi soit une douce couverture pour t'y blotir.

    Tu merite d'être aimée, pour moi sa ne fait aucun doute, ne serais-ce qu'en raison des qualitées qui me vienne à l'esprie quand je pense à toi, c'est une quéstion de temps avant que se soit un homme qui les remarques.

    Gros bisous Sugar

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