mercredi 16 octobre 2013

Confusion I'll greet like an old friend


C'est ridicule.

Je fronce le nez, les yeux, les sourcils devant mon écran. 

J'assiste à la parade nuptiale d'une connaissance et je bouillonne. The boy is mine the boy is mine the boy is MINE. 

Bon. Je ne sais même pas si j'en aurais envie. Je n'ai rien fait pour. Je ne le connais même pas. Mais, cette jalousie féroce me gagne et me possède bientôt jusqu'à influencer mon humeur pour toute la soirée.

Jusqu'à, surtout, remettre en question une amitié par rapport à l'éventualité infime d'une relation un jour avec ce type que ma subjectivité a qualifié d'exceptionnel et qui pourrait très bien être une pourriture infâme. 

C'est ridicule. Confus. 

Ca me rend hostile.
Le manque. La frustration aggrave la situation.

Le sentiment de solitude, l'hiver venant. 

De solitude extrême. Diffuse. Captivante.

Ce sentiment d'avoir quelque chose à dire mais que les paroles restent bloquées derrière les dents, même une fois la bouche ouverte.

Je suis à un croisement amical. Je ne l'ai pas vu venir.

Il y a, dans ma vie, ces amis qui me font froncer les sourcils. Qui mettent les pieds sur mes plats-de-bandes en me gênant vraiment beaucoup. En m'indisposant.
C'est très clair : ce ne sont déjà plus mes amis, mais, encore fallait-il en prendre conscience, et mettre en branle le projet d'acter ce constat. 
Les prémices d'un grand nettoyage de printemps.

Le souffle, long, soupiré, qui accompagne cette prise de conscience : oui, ok, t'es bien gentille Johnsy, mais qui te reste-t-il après ? 

Tes amis sont tous des étrangers, qui ne sauront jamais qui tu es, car ils ont débarqué trop tard. Ils connaissent quelqu'un que tu ne connais pas toi même. Ils savent qui tu es devenue, mais pour eux tu l'as toujours été.

Or, les vrais amis savent ô combien c'est plus compliqué.

Mais les vrais amis sont aussi ceux que j'ai lassé. Ceux qui décrochent leur téléphone au bout de la 5ème sonnerie, et de ma 3e tentative de les joindre. Qui m'écoutent d'une oreille distraite, distante de tous les kilomètres qu'ils ont souvent mis entre nous et qui soupirent eux aussi, discrètement, mais pas assez pour que ça m'échappe.

Alors les mots restent bloqués. Ils restent là - parce que je ne vais quand même pas embarrasser quelqu'un qui, s'il ne l'est plus tout à fait maintenant, a été fondamental dans ma vie, à un moment donné.

Il y a les amis dont la vie TGV file à 100 à l'heure et qui prennent 5 minutes pour te saluer sur le quai d'une gare de campagne où tu sembles être bloquée. Grève SNCF all the way dans ton existence.
Quand ils embarquent à nouveau et démarrent en trombe, tu as les mots toujours bloqués dans les joues, mais amers, cette fois. Car tu n'es même pas sûre qu'ils soient heureux. Et 5 minutes de temps en temps c'est bien seulement quand tu peux repartir en sachant ces gens importants sur de bons rails.

Et mes amis jeu-de-hasard, sur lesquels j'ai misé avec un peu trop d'entrain, qui ne sont rien dans ma vie, ni palpables, ni vraiment présents, surtout pas fiables. Pour une seconde de leur temps, je donnerais beaucoup. Trop. 
Je suis droguée de ceux-là. Ceux-là même qui, selon les standards de mes amis fiables, de mes rocs, de mes fréquentations quotidiennes, n'existent pas...

Il manque définitivement quelqu'un près de moi. 
Je ne suis pas satisfaite de l'état actuel des choses. De cette position inconfortable qui fait que les efforts doivent être fournis par moi, encore et toujours, car je suis une chaîne isolée de l'arbre social. 

Je ne suis la priorité de personne.
Je sais que les gens font des enfants pour remédier à ça.
Sûrement la pire raison de toutes. 



6 commentaires:

  1. Il est un privillège - et non pas une tare - offert aux personnes capables d'introspection qu'on peut apparenter à un arrêt sur image. Aussi commun qu'on puisse la croire, de moins en moins de gens ontcette capacité à s'arrêter deux secondes pour réfléchir à ce qui se passe. Lorsque tes amis sont prisonniers de l'allure à laquelle la vie les traîne, toi, tu jouis de cadeau de pouvoir penser à ta vie et aux leurs.

    Evidemment, c'est très compliqué d'exiger d'eux qu'ils s'arrêtent, comme toi et pour toi, quand il leur est si difficile, déjà, de le faire pour eux-mêmes. Ca rend l'affaire injuste : tu as dans les mains les inquiétudes qu'ils fuient et tu peines donc à les alerter sur les soucis qui peuvent vous concerner respectivement, vous réunir ou susciter l'entraide qui te manque si cruellement.

    Pourtant je maintiens qu'il s'agit d'un privillège, bien qu'il soit sacerdotal, et qu'à l'embrasser sans crainte on gagne à surpasser ce qui nous noie. C'est une ballade pénible, parfois, dans laquelle on apprend toutefois tellement sur soi-même qu'on parvient à se suffir. C'est à partir de là qu'on retrouve enfin ses amis, leur pardonnant leurs inconséquences ponctuelles et arrivant enfin à voir à nouveau chez eux ce qui compte tant pour nous.

    Ce que j'essaie de dire, c'est qu'on ne dispose pas tous de la même acuité et que ça exige des plus éclairés une certaine concession. Si tu l'acceptes, peu à peu les choses s'améliorent. Il faut juste être appliquée et patiente.

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  2. Il serait forcément imprécis de quantifier combien ta sagesse m'avait manquée.

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  3. Ma ?! J'espère bien ne jamais devenir sage..

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  4. Je sais que je ne le suis pas. J'estime simplement qu'à chaque injustice correspond un avantage.

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  5. Putain. Merde. Tu.. es... optimiste ?

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