mardi 16 septembre 2014

Dust it off.




Ca m'a amené à réfléchir au sujet de la cruauté. Qu'elle soit involontaire passe encore, mais, à mon grand âge de 26 ans (really? dans un an j'aurais vécu autant que Jim Morrison ?), il est des épisodes que je ne digère toujours pas.

Il y a peu, la grand-mère de mes cousins est morte après une maladie terrible, des souffrances affreuses. Pourtant, je n'ai jamais réussi à puiser en moi assez de compassion. J'avais même du mal à ne pas vociférer des "m'en fous.".

Il faut dire que pour les gens comme moi, ne faisant pas vraiment partie de son cercle de proches, elle était infâme. Du genre passif-agressif, qui se cache derrière une bonhomie d'apparence mais qui te juge à la moindre respiration. Pour qui personne ne dépassera son sang et sa chair. Malheureusement, comme mes cousins venaient rarement dans nos contrées, elle était obligée de composer avec moi, de temps à temps, à leur demande express.

Et voilà comment, un jour, j'ai passé du temps chez elle sans ma mère. Les autres avaient le droit de jouer dans la salle à manger, mais moi, je devais rester dans la cuisine. C'était le genre de personne qui te servait trois fois trop et t'obligeait à finir ton assiette, la réchauffant inlassablement. Le genre de personne qui laissait faire sa propre fille quand elle te forçait à manger de la viande, toi qui était déjà végétarienne depuis 5 ans à 8 ans. 

C'était une teigne. Et elle me tournait le dos, en cuisinant, tandis que je baillais en dessinant sur des feuilles déjà recouvertes du gribouillis des autres, car même une feuille blanche, ça aurait été un don indigne, voyez-vous.

J'ai dû laisser sortir ma frustration et mon exaspération. Je ne sais pas trop comment. J'ai sans doute dû bloquer l'accès à la cuisine, retournant la situation : puisqu'on m'y enferme, ça devient mon royaume. Personne d'autre ne rentre.
Une bêtise peu grave étant donné qu'il y avait un autre accès, de dehors.

Je suis rentrée chez moi, ce soir là, et on m'a couché aussitôt. Le lendemain, je suis allée à l'école, puis, à l'heure du dîner, le téléphone a sonné.

C'était elle. Ma mère a répondu et s'est répandue en circonvolution. Elle dira ce qu'elle veut, mais elle tient de sa propre mère pour cela : elle fait la carpette dès que quelqu'un est d'un milieu social plus honorable que nous. Se faire bien voir et toutes ces conneries. Je mangeais ma soupe, une serviette rose géante attachée autour de mon cou d'un double noeud, et j'écoutais d'une oreille distraite la télé et la conversation de l'autre. 

Le ton a changé, soudain, et plus ma mère se taisait, plus ma tension montait. Qu'est-ce que la vieille peau pouvait bien dire qui fasse clouer le bec de ma mère, dans un silence glacial, avec ça ?
Une dizaine de minutes plus tard, le téléphone fut raccroché, et j'étais parcourue d'une frisson prémonitoire. 

J'ai vu ma mère tourner à l'angle de la pièce, ses yeux furieux, et charger littéralement en ma direction. 

J'ai tenté de m'échapper, comme un chat paniqué, en glissant de la chaise, me cognant à la table, ne sachant par où aller. J'avais toujours ma serviette autour du cou, et c'est par là qu'elle m'a rattrapée. M'étranglant et m'attirant vers elle pour mieux me pousser contre le mur ensuite. Je tombai à terre, bloquée. Et c'est avec résignation que je couvrais ma tête pour me protéger de la pluie de coups qui allait tomber, tout en sachant que ce n'était pas le pire.
Le pire, c'était que ma maman profère des phrases aussi tranchante. N'écoute même pas ma version des faits. Choisisse le côté d'une femme qu'elle savait profondément méchante. Qu'elle préfère me faire passer l'envie de me révolter plutôt que de ne me dire simplement de monter dans ma chambre et de ne pas recommencer.
Les gifles, je m'en fichais. J'en faisais un jeu, dans mon lit, de me remémorer la dernière et de dessiner un graphique mental de la régularité de celles reçues les mois passés. 

C'est le bleu au moral, l'absence de total de confiance que je pouvais en fait avoir en cet être qui, à cet âge là, représentait encore tout pour moi, qui fait toujours mal aujourd'hui. 

J'en voudrai à ma mère jusqu'à la fin des temps. Il n'y a rien de négociable là-dedans. Et même devant tous les services qu'elle me rend et la dévotion apparente qu'elle a pour moi. Même si je suis la meilleure élève de ses filles et que c'est moi qui prend de ses nouvelles le plus souvent. 

Mais j'en voudrai toujours plus à cette femme, qui n'en avait strictement rien à faire de moi et qui aurait dû se contenter d'être soulagée que je déguerpisse de chez elle, mais qui a pris le soin machiavélique de contacter ma mère pour lui dresser un tableau noir de mon comportement, sachant très bien le sort qui allait s'abattre sur moi ce faisant.

Faire le mal, pour le mal. Faire du mal à une gamine. 
Je n'ai jamais compris ses motivations autres que le pure evil

Je n'ai donc ni pleuré cette femme, ni eut du chagrin pour elle. Je crois que lorsqu'on m'a donné de ses nouvelles, alors que je n'en demandais pas, j'ai prononcé le mot "Karma".

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