vendredi 15 avril 2016

I still need you, but I don't want you now



Je sens un peu le sol flotter sous moi. J'essaye de me raccrocher à des éléments stables de mon environnement. N'importe quoi de tangible. 

L'homme qui me sert a les mains noires, calleuses, mais précises. Il fait de grands gestes comme un chef d'orchestre en emballant la fleur. Il semble accepter mon silence pataud, ne l'interrompant que pour poser des questions primordiales.

"C'est pour une occasion particulière ?"

Je lui adresse ma moue dubitative/craintive, celle qui fait se lever ma lèvre supérieure en haut à droite et dévoile une partie de mes dents. 

Oui, parce que je suis une ivrogne qui pense avec sa bite et tente désespérément de créer du lien par tous les moyens.

"Euh... non."

Il a fini de préparer l'orchidée. Elle est blanche et droite et resplendissante. Je trouve qu'elle incarne parfaitement les excuses que j'ai à présenter. 

Je la serre contre moi pendant tout le trajet en me demandant si elle va être acceptée.
Je me dis que son sort est lié au mien. Que je l'ai attirée dans cette combine et qu'elle est ma responsabilité maintenant. 

La solitude, quand elle devient trop étouffante, me transforme en Amy Winehouse (sans le talent). Je suis une boule de feu inarrêtable qui se consume en cramant tout sur son passage. 
Même les gens, parfois. 

Ca faisait longtemps que je n'avais pas ressenti de culpabilité. Parce que je vis de telle sorte à n'être jamais amenée à faire des coups de pute pour parvenir à mes fins.

Mais parfois, mon inner Bad Gremlin prend le dessus et il y a des dommages collatéraux.

Personne ne s'inquiète vraiment pour moi. J'en ai parlé. J'ai pris la température. Pour savoir si je suis allée trop loin ou pas cette fois. Mais personne ne s'inquiète. Alors je vais faire pareil. 

Quelque part, je me demande comment ils réagiraient tous, si je m'immolais en place publique. 
Je pense sincèrement qu'ils feraient griller des marshmallows en riant : "Ohlala Johnson, t'es impayable !"

J'ai un peu l'impression d'être un divertissement pour mes ami(e)s bien casés dans leurs routines. Ceux qui vivent leur vie par procuration quand je leur raconte mes folles nuits et leurs conséquences.

J'ai cette utilité là me direz-vous. 
J'aime bien faire le clown. Mais ça ne me suffit pas. 
Surtout, ça enfonce dans ma tête la certitude de n'avoir jamais été prise au sérieux. Aussi bien dans mes malheurs que dans mes aspirations.
Mon entourage se rassure en se disant que ce n'est pas possible de vivre vraiment les choses comme ça. J'exagère forcément. 
Mais non.

J'aimerais bien échanger ma place avec eux ne serait-ce que 5 minutes. Qu'ils se rendent compte du bordel et qu'on ait une vraie discussion, d'égaux à égaux, où enfin on me considérerait comme crédible.

Donc, en attendant, je cherche du lien. N'importe quel lien. Dans les pires endroits et de la pire des façons, mais, personne ne pourra dire que je n'ai pas essayé.

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