jeudi 26 mai 2016

At the expense of the death of a bachelor



Asseyez-vous en rond autour du feu de bois, jeunes pousses de l'hormone, je vais vous parler d'un temps que les moins de 25 ans ne connaissent qu'à peine.

Il y a 10 ans, j'étais à mon pic, mon cap, ma péninsule. J'avais 17 ans, mon bac en poche, un appart' à moi, des amis plus âgés et plus bretons qui m'avaient appris à boire, un mec qui m'a envoyé "je t'aime" par texto en cours d'édition et... beaucoup de cheveux en moins.

Il faut savoir que mes parents ont passé leur vie à me faire comprendre que j'étais sûrement la moins jolie de leurs trois filles et que je faisais rien pour m'arranger, MAIS ils ont toujours considéré mes cheveux comme aussi sacrés que ceux de Samson. Du coup, ils ne les ont jamais coupés. 

J'ai donc eu mon bac avec des cheveux qui m'arrivaient aux cuisses. 
Un an plus tard, dans la lumière tamisée de mon appartement face à la gare du Havre, j'en ai coupé 20 bons centimètres.

Pourquoi ? 

Pour ressembler à lui :

William Eugene Beckett.

Je ne sais où mon cerveau s'est perdu entre mes années lycée, où j'écoutais Blur, Les Libs et les Strokes, mainly, et cette première année de liberté où je suis tombée en pleine scène Dance-rock américaine. 

On peut résumer cette scène par un label (Fueled by ramen) et une poignée de noms : Fall out boy, Less than Jake, Cute is what we aim for, Gym Class Heroes, Cobra Starship et, bien sûr, The Academy is (mené par William Beckett, voir photo plus haut) et... Panic! at the disco.

Et justement, hier, c'était à un concert de ces derniers qu'on m'a invitée. 
Je ne vous fait pas un dessin, ma folie furieuse pour cette scène s'est limitée, à l'époque, aux balbutiements de youtube et à myspace, ces groupes n'ont quasiment pas percé en France et je n'ai donc jamais eu l'occaz de les approcher, de près ou de loin. Heureusement The Academy is a eu une idée de génie : lancer la première webtv suivant les backstages d'un groupe de rock. Je savais donc TOUS LES JOURS ce que faisaient Beckett et ses boys. Ca s'appelait TaiTV et c'était drôle, inventif et mortel. Monté avec des bouts de ficelle et beaucoup de mauvais esprit. 

Ce qui était réjouissant, à cette époque, c'est l'unité totale entre les garçons du label. Fall out boy faisaient clairement la course en tête mais invitait tous les potes dans leurs clips, leur laissant une part non-négligeable du gâteau.

C'est ainsi que des morceaux de bravoure clipesques tels que A Little Less Sixteen Candles, A Little More "Touch Me" ont vu le jour :



Les Fall out jouent leur propre rôle, Pete Wentz (LA star de l'époque, le mec qui a inventé la dickpic, quand même) a été transformé en vampire par le chef d'une clique de Dandy Dentus qui est incarné par... Bill Beckett, le chevelu qui me fascinait à l'époque, et le rôle du bras droit de ce vampire est tenu par un nouveau venu, 19 ans à tout péter, un grand front, une grosse bouche et pas mal de panache... j'ai nommé Brendon Urie. 
Le chanteur de Panic! at the disco. 

Ca peut sembler compliqué comme ça, mais en fait c'est plutôt simple. Brendon a été intronisé par les stars de l'époque et a tout appris à leur contact pour, au final, être l'un des seuls à durer et à s'imposer encore maintenant comme une putain de popstar. 
Panic! pourrait être renommé "The Brendon Urie show", easy.



J'étais dans un état de surexcitation totale au moment d'envahir la Cigale. 17 ans dans ma tête, une envie de retrouver mes golden years et de sautiller comme je n'ai pas pu le faire à l'époque.
La salle est pleine et gonflée à bloc, ça hurle comme j'ai jamais entendu à la Cigale - et pourtant, j'en ai déroulé du câble, là-bas... (Non ? non.)
L'ambiance est totalement bon enfant, tout le monde a l'air aussi excité que s'ils visitaient Disneyland pour la première fois, et c'est de plus en plus contagieux. 

J'ai 28 ans, je ne me coupe plus les cheveux comme mes pop-rockstars préférées, et pourtant, quand j'ai vu B. débarquer avec son petit pantalon en cuir et sa veste ajustée sur un torse nu glabre et offert à la foule de jeunes gens de tous horizons se pâmant devant lui... j'ai failli oublier que j'avais développé un goût sûr, et que maintenant je fréquente des concerts de naughty boys à la conscience politique développée

Brendon est "à l'américaine". Il fait un putain de show. Impeccable, carré, mais dépassé par l'énergie des fans qui couvrent sa voix et qui font craquer son masque parfait le temps de sourires trop forts pour qu'il les retienne. 

Panic!, c'est musicalement toujours la même chose : des hymnes de easy listening avec des choeurs faciles à reprendre et des paroles qui entrent toutes seules dans le crâne. Panic!, c'est avant tout une esthétique bossée, avec des clips toujours plus inventifs et un frontman qui se renouvelle et se fout pas de la gueule de ses fans (hyper fidèles et impliqués, à un niveau rarement vu à cette échelle, j'insiste). 

C'est hyper agréable à regarder, ça fait sautiller malgré soi, et puis il y a le putain de charisme de Brendon, qui vous cloue sur place, même quand il oublie de rentrer son bidou entre deux chansons (surtout, j'ai envie de dire). 

Et puis il y a un moment suspendu - celui que j'attendais - où il se plante sur l'estrade de la batterie, dos à nous, les bras en croix. L'instant dure, dure, dure. On est tous fascinés par le tracé des muscles de son dos, c'est pas le problème, mais on se demande un peu quand il va lâcher les iench. 
Et là.

Le putain de salto arrière. 
Le.Putain.de.salto.arrière.

Ca se voit pas quand on me regarde, mais j'ai longtemps fait de la gym, et j'ai jamais atteint - ou approché - ce niveau là.
Je suis restée coite. Et quand il a entamé une reprise de Bohemian Rhapsody, je lui ai juste tendu mes ovaires et mon utérus pour qu'il s'en fasse un chapelet. 

Y a un moment, tu peux pas lutter.
Parce que malgré les apparences et les "gneuhgneuhgneuh" des puristes, c'est pas facile facile de tenir sur la longueur avec un fond de commerce musicale foncièrement positif. Sans jouer sur ses fêlures. Sans tomber pour autant dans la guimauve. En surfant sur l'air du temps sans pour autant faire un copier/coller grossier des tendances.

Brendon est fin, Brendon se mange sans faim. (Enfin... je pense). 

Alors oui, la gamine de 17 ans en moi s'époumone que "le plus fort ce sera toujours Beckett", mais la jeune fille de 19 ans que j'ai été aussi me rappelle que William Eugene lui a brisé le coeur en se révélant être un phony, un menteur et un lâche. Et la Johnson de 19 ans... elle pardonnait pas. 

Alors remettre un pied dans la Fueled by ramen nostalgia, ça a fait un bien énorme. Voir un morceau vivant de cette époque être toujours fidèle aux valeurs de fête, d'humour bienveillant et de fraternité qui les caractérisait, ça a fait chaud à mon coeur de française qui est censée ne pas voir au-delà du cynisme ambiant. 

Merci Brendon. 
Je n'oublierai ni ta chute de reins vertigineuse, ni ton playback au piano (le mec chassait des moustiques avec les mains pendant sa partition), ni tes yeux brillants d'émotion.
C'est toi le champion de la Fueled by Ramen génération, je t'avais pas vu venir, et tu as su rallier toutes les Johnson que j'ai pu être à ta cause.



Pour le kiff je vous ai fait une playlist. Ne me remerciez pas.

2 commentaires:

  1. "Je lui ai juste tendu mes ovaires et mon utérus pour qu'il s'en fasse un chapelet."

    Clap clap.

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  2. "Et quand il a entamé une reprise de Bohemian Rhapsody, je lui ai juste tendu mes ovaires et mon utérus pour qu'il s'en fasse un chapelet."

    Mwahahahah ! U made my day !
    #PrixNobelDeBloguirature

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