vendredi 24 juin 2016

Sing me to sleep


Je suis née dans un monde où tout ne pouvait que s’améliorer. Après tout, les avancées technologiques allaient dans ce sens : les ordis, internet, les téléphones portables…
Je suis née naïve et optimiste, pensant que ouais la race humaine pouvait être mesquine et cruelle mais qu’au fond, notre réflexe de survie nous pousserait à aller vers l’avant.
L’avant.
J’avais pas réalisé qu’on n’avait pas tous la même définition.
Quand j’étais petite, je pensais que le racisme était en passe d’être éradiqué, et que l’éducation suffirait à tuer les dernières poches de résistance dans l’esprit non-éclairé de mes camarades.
Quand j’étais petite, je me disais que l’avenir était brillant, vu que le programme du président c’était « manger des pommes », et que si c’était juste ça l’important, c’est qu’il n’y avait pas de graves dangers.
Quand j’ai un peu grandi. J’ai vu tous mes amis LGBT qui s’assumaient pas encore tout à fait, frémir, de peur qu’on sache. Et moi je les rassurais en leur expliquant qu’il y avait, quoi qu’il arrive, des villes magiques où ils pourraient vivre comme ils l’entendent, sans que personne ne leur fasse de mal.
Je pensais aussi que l’Europe ne ferait que s’élargir.
Quand j’étais grande, je suis tombée amoureuse de Londres. Je me suis sentie pour la première fois chez moi à l’étranger, là-bas.
Je me suis dit qu’à moyen terme, j’allais partir, vraiment et m’y établir. Because grass is always greener on the other side.
Le seul vrai problème à ça, c’était mon chat.
C’était il y a 12 mois.
Now I got 99 problems but my kitty ain’t one.
J’ai pensé toute ma vie que les grandes villes seraient mon éternel refuge. Celui où on peut être transparent et donc libre. Sans le regard pesant et les jugements d’autrui.
Et bouger de l’une à l’autre me semblait un bon chemin de vie.
La Johnson de six ans ne comprendrait rien à ce monde.
Celle de 28 bosse dans un bureau qui donne sur le drapeau européen. Ce matin, on sait pas trop quoi se dire.
Même la Johnson gothique de 16 ans n’aurait jamais pensé qu’on en arriverait là. Mondialement.
Elle pensait que la guerre, c’était d’un autre temps. Ou une affaire d’américains.
Mais que l’Europe était l’exception. L’exemple.
Je ne sais pas trop comment vous vivez tout ça, car j’ai toujours été la pessimiste de la bande et que mes idées noires ont été dépassées, fois mille.
Alors vous allez vous réfugier dans votre foi. Quelle qu’elle soit. Foi en Dieu, foi en vous, foi en rien.
Perso, la mienne, c’est la musique, manqueuh de bol. Et les petits groupes anglais, manqueuh de bol. Ceux-là même qui ne pourront plus tourner aussi facilement à cause des visas et des douanes. Je ne sais pas si vous connaissez beaucoup de rockstars, moi oui, et la phobie administrative de nos élus à côté de la leur c’est oui-oui refait son passeport.
La pessimiste en moi sait qu’aucun super héros ne viendra nous sauver (à part peut-être Justin Trudeau)(my love)(call me)(xoxo). Que ce n’est pas fini. Que ce n’est que le début.
Et que la majorité de la population a tellement intégré le fait de ne pas réfléchir qu’ils se réveilleront trop tard, dans deux, trois ans, s’ils se réveillent un jour.
J’ai l’impression que ce matin, tout le monde est un peu plus tout seul.


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