mercredi 7 mars 2012

Can't remember who you are


J'aurais aimé être Karl Lagerfeld. 
Je me sens rarement aussi intéressée par la vie que lorsque je suis entourée de beaux garçons.

Dès que c'est le cas, et c'est rare, je ne parle plus que pour une seule raison : les faire rester un peu plus longtemps. 

Cela fait bientôt 7 ans que les garçons peuvent se méprendre sur mes intentions, et ça ne manque jamais. Mais cela fait bientôt 7 ans que je suis fondamentalement persuadée que faire entrer un beau garçon au long terme et l'ancrer profondément dans ma vie serait comme exposer un Michel Ange dans un Franprix. 

Avant, ce raisonnement découlait d'un dégoût de moi-même. Depuis quelques années, il est conforté par une expérience vécue et par une connaissance plus poussée de moi-même. 

Je veux dire : j'habite dans 20m², je n'ai foncièrement pas la place d'avoir un beau garçon à la maison et ce dans de bonnes conditions. En plus, il n'y aurait plus l'excitation du beau garçon rencontré au détour d'une rame de métro, du beau garçon qui commande un verre en même temps que toi au bar, du beau garçon qui prend l'ascenseur au même moment que toi.

Si j'ai réussi à faire entrer le beau garçon chez moi c'est qu'à un moment j'ai fait preuve de mes talents d'alchimiste de la manipulation. Dès lors, je les sens entachés. Et le doute du "pourquoi je suis là au fait ?" fait apparaître une ride entre leurs yeux. 

Je me sens un mélange profond d'Henry Wotton et de Basil Hallward. 
Je n'arrive à égaler Dorian que dans le rejet des autres et le contentement de soi. 
Well, je crois bien que je suis un peu les trois. 

Parfois, pourtant, mon vice s'apaise. Je prends le temps, je tourne la tête, regarde le visage de celui qui partage mon banc, et des pensées positives se forment peu à peu. Factuelles, mais sources de joie.

Je suis avec un joli garçon. Un joli garçon est avec moi. On respire le même air. Il sourit. Il passe un bon moment avec moi.

Peu m'importe de ne pas être bibliquement avec le beau garçon. Peu m'importe qu'il soit gay, bi ou straight. Je ne dirai pas que je suis au dessus de ça (mais je le pense...).

Dans cette période de ma vie où je me suis presque sérieusement mise en quête d'une relation stable, je n'ai donné, quand on me l'a demandé, que de vagues critères, célibataire, hétéro, majeur ? C'est à peu près ça. Entre 1 mètre et 2, j'ajoute souvent, histoire de faire rire, mais aussi, dans un coin de mon crâne, de tasser un peu plus les mauvais souvenirs de coeur chaviré par des géants de marbre.
Si jamais je trouve l'oiseau rare qu'est le mec lambda avec qui quelque chose fonctionnerait, je ne pourrais m'empêcher de m'évader, une ou deux heures, de temps en temps, pour aller admirer une statue grecque, ou un ami à moi, ou une simple connaissance qui ignore probablement que si on m'interrogeait à son sujet je répondrais : "Je le connais parce que je l'ai trouvé beau.". 



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