mercredi 12 septembre 2012

Fuck this awful art party


Je me souviens du moment, cette année, où je me suis le plus sentie en couple.
Ca n'était, bien évidemment, pas avec mon copain du moment. 

C'était dans un local industriel réhabilité en galerie, c'était devant un tirage d'une photo mythique de Jim Morrison, et c'était avec mon nouveau gay préféré. 

Le garçon caméléon qui peut se transformer en hétéro-gendre-idéal selon les circonstances.
Le garçon que j'avais décidé d'inviter à mes soirées de boulot et qui est passé pour ma moitié, tout simplement parce que je n'avais pas précisé.

Entre des petits fours de l'espace et l'open-bar champagne, j'étais, bien entendu, tombée sur des collègues plutôt floues, de celles à qui on n'a jamais affaire, qu'on se demande bien ce qu'elles peuvent faire, d'ailleurs, dans leur bureau là-bas... 

Ce sont d'ailleurs ces collègues là, vous le remarquerez, qui s'intéressent le plus à vous quand, d'un coup, la souillon de l'édito apparait avec un joli garçon à son bras.

C'est tout un art de ne pas mentir mais de laisser croire. 

Je me souviens parfaitement du moment où il a fallu battre en retraite sur la mezzanine, quand l'alcool est monté trop haut, trop vite, trop fort, quand, protégée des collègues en talons aiguille par des escaliers trop hauts, il a pu redevenir le pote gay et moi Johnson, et qu'on a pu critiquer de tout notre saoul l'assemblée en trinquant comme des stéréotypes parisiens.

Parfois les gens qui jouent des rôles me paraissent plus vrais, plus indiqués, que ceux qui existent vraiment à ces places dans ma vie. Je pourrais vous parler, au hasard de ma famille, la vraie, et celle que j'ai reconstitué.

Et c'était complétement le cas. 
J'étais ce soir là en plein dans l'idée que je me faisais du couple - et qui n'avait rien à voir avec ce que j'avais à la maison. 

Je n'avais même pas proposé au "vrai" copain de venir, pas parce qu'il aurait fait tâche - et il aurait fait tâche, mais je m'en foutais -, mais parce que le "vrai" copain ne m'assumait déjà pas devant ses propres potes. Je me sentais toujours très déplacée en arrivant aux soirées d'amis d'amis où il se trouvait. J'accompagnais des potes en commun et il était là, on n'arrivait pas ensemble, on repartait en groupe. Personne ne pouvait se douter de qui j'étais pour lui à moins d'être Sherlock Holmes. 

Je revivais silencieusement la honte que la Bête, avant lui, avait de moi, avec la même certitude, au creux de mon ventre, que je finirai de toute façon la nuit avec lui. Que ça n'était pas grave, qu'il lui fallait du temps. Qu'il fallait que je me fie à toutes ces choses encourageantes que nos potes me disaient, et pas à l'image qu'il me renvoyait de moi.

Cette soirée là, avec l'ami comme +1, j'avais un garçon qui s'affichait avec moi, ni fièrement, ni honteusement, il était juste là. Je lui avais demandé de l'être et il était venu, à l'heure, souriant, s'amusant clairement malgré les circonstances un peu guindées. S'amusant surtout parce qu'on était tous les deux. 

Ce qui m'attriste, c'est que je ne suis pas sûre de trouver cette simplicité, cette clarté, cette acceptation avec un mec hétéro (célibataire). J'attends. Je sais que ça existe, pour d'autres.

Je sais juste que mon prochain mec devra m'aimer et m'accepter, et pas que dans l'obscurité. 
Ce qui me chagrine, c'est que pendant longtemps, je pensais que ce n'était pas trop demander.



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