dimanche 3 mars 2013

Misery loves company


C'est à l'ombre de cette pyramide que se sont faites la plupart de mes mises au points vitales de cette année.

Il faisait doux, trop, sûrement, pour que je me planque dans l'ombre. J'étais à Rome. Dans un sanctuaire des plus mystérieux pour moi, depuis l'adolescence.

L'endroit où Percy Shelley (qui me poursuit, de New York à ici) et John Keats sont enterrés.
Les grands esprits se retrouvent souvent dans la mort, j'ai remarqué. 

J'ai compris, en cet endroit divin, pourquoi j'ai presque été déçue que l'humanité ne périsse pas dans l'apocalypse annoncée (et tout juste avortée, au moment de ces réflexions). 

J'ai compris que, pour moi, l'Homme n'avait plus grand-chose à faire sur Terre. 
Les grandes avancées ne sont que des répétitions ou des corrections de ses erreurs passées (trouver des cures pour des maladies que nous avons encouragées voire créées). 

C'est dans cet état d'esprit que je relis Les Misérables. Que je me dis, que moi, en tant qu'éditrice, je ne fais pas mieux que le reste de l'humanité moderne : j'édite du grand public pour apaiser les peines, pour que les gens puissent s'évader. Je ne créée rien, je remue la boue, je sépare l'argile de la bouse. Rien de bien grand là dedans. Mes icônes sont invariablement des gens morts il y a longtemps ou qui ont vécu désabusés.

Je suis passée aujourd'hui devant ma rockstar. Oscar. Punk avant l'heure. Dont la mort, un orteil dans le 20ème siècle, aurait dû nous éclairer. Nous donner un indice.

Je me découvre profondément réac quand je vois mes aïeux disparaître. Disparaître pour de vrai. Plus de place pour eux, plus d'endroit où aller les saluer, même après le trépas. En cendres. Mes grands-parents, les seules personnes que j'ai jamais réellement admiré. Dont je tiens un sens de la dignité aigu, et peut-être quelques autres qualités... Pourquoi pas de pyramides ? Pourquoi pas de mausolées ? 

Je me suis fait peu à peu à l'idée de n'être rien, dans un monde où être quelque chose n'a plus la même valeur qu'avant. Si j'ai acquis la confiance que j'ai aujourd'hui, si j'ai réussi à enfin être sûre de moi, c'est surtout parce que j'ai compris que le reste n'en vaut pas la peine.

Qui lirait Hugo maintenant ? Quelle maison le publierait ? Et s'il était publié, quelle carrière il aurait ?

I am reaching, but I fall 
And the stars are black and cold 
As I stare into the void 
Of a world that cannot hold 
There is nowhere I can turn 
There is no way to go on....

Ca ne me donne malheureusement pas envie de me battre pour autant. Un des garçons ayant fait le plus battre mon coeur, dans ma vie, était pourtant un militant. J'ai toujours aimé les révolutionnaires. 

Je serai une éternelle amoureuse à sens unique des Enjolras du XXIème siècle. 

Je suis également accro aux garçons pour qui la vie est un éternel printemps. Justes et optimistes. Déraillant seulement (et de manière contrôlée) au nom de l'amour. Un amour qui les a enlevé au monde des mortels bien avant que je ne les rencontre, bien souvent.
Des Marius. 

Vous l'aurez compris, je me situe entre l'intransigeance dépassée d'un Javert et la vie perdue d'avance d'une Eponine (c'est d'ailleurs comme ça qu'on m'a appelé une partie de mon enfance, il n'y a pas de hasard). 

Je me prends à regretter le temps où je m'ennuyais. Le temps où internet était encore loin. Le temps où je n'avais aucun confort, et un cerveau constamment assailli par des réflexions intenses. Le temps où je croyais encore tout possible. Où j'avais la rage et l'envie. Où j'étais persuadée que je réussirai ma vie.

Car ma vie, la voilà, j'ai eu tout ce que j'ai voulu. Sauf l'amour. Parce que c'est ce que je veux profondément, et que ce serait trop facile - je resterai donc une misérable au moins grâce à ce manque absurde.

J'ai eu tout ce que j'ai voulu, à bientôt 25 ans. Je n'ai plus d'aspirations autres qu'un peu plus de confort. Histoire que le temps passe plus vite, jusqu'au jour où. 















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