mardi 3 novembre 2015

Beneath the sheets of paper lies my truth





La dernière fois que j'ai voulu écrire ici, j'ai commencé par "La dernière fois que j'ai dormi avec un garçon,..." et puis la vie m'a interrompue et la note n'a jamais été terminée/publiée. 

Depuis cette tentative, cette première phrase n'est plus vraie. 

Les compteurs sont remis à zéro.

J'ai l'impression, ces jours ci, de vivre dans Alias sans qu'on m'ait tellement briefée. Comme si j'étais un Time Lord au lendemain de sa régénération. 

Je glisse de palace de la rue la plus chère du Monopoly, en Sorbonne - mais sur l'estrade cette fois, en bras de jeune homme qui croit que j'ai 22 ans, moi aussi, de grand rassemblement de l'internationale hipster, en salle de cours où j'étudie aux côtés du producteur le plus en vue du moment, et même que quand j'en parle, dans un restaurant, les inconnus voisins m'interrompent et s'immiscent, comme si je faisais partie d'un tout. 

Je n'ai plus 22 ans depuis 5 ans, mais j'ai par contre un syndrome d'imposture toujours fermement chevillé au corps. Auquel s'ajoute un syndrome post-traumatique, depuis peu. Et un chauffe-eau en rade.

Je suis au bord de la crise de nerf tandis que les chiffres de vente de mes livres explosent. La pression s'intensifie, aussi. La perfidie prend de l'ampleur, et j'incarne le défouloir parfait, plus que jamais. 

Depuis que je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas de place pour un significant other dans ma vie, j'ai du mal à cerner ce qu'il me reste à accomplir ici-bas. Tout l'intérêt de mon existence repose sur une masse de 5 kilos de poils noirs mi-longs qui mordillent ou ronronnent au choix, selon l'humeur. Cet été m'a prouvé que je pouvais tout perdre très rapidement. 

Plus d'illusions. Rien de très excitant, en perspective. En venir à la conclusion que pour s'en prendre le moins possible dans la gueule, il fallait éviter de bouger. Ne pas lever le petit doigt. Ne pas sourciller.

C'est dans ma nature profonde, pourtant, de me révolter et de faire bouger les choses. On m'a rappelé il y a peu qui j'étais, avant. 
Avant que la vie et ceux qui la parsèment s'emploient à me faire comprendre à grands coup de tacles à la gorge que ça ne fonctionnait pas comme ça. Que les gens comme moi ne gagnaient jamais, ou alors pas très longtemps. 

Je suis ce que je déteste : blasée, immobile et au bord de la compromission. 
Ca me saoule tellement qu'on s'intéresse à moi, qu'on me fasse raconter mes journées, qu'on mette la focale sur ma petite vie, que j'en deviens ronchon. Si je fréquente les autres, c'est pour me changer les idées, être rassurée sur le monde et tenter de leur apporter une aide quelconque. D'améliorer leur vie. 
Le projecteur est trop aveuglant quand il est braqué sur moi. Ca me transforme en animal sauvage. 

J'ai démissionné de la vie il y a un moment. 
Il n'y a pas grand-chose à savoir sur mes journées : je meuble, je m'efforce de me divertir, de penser à autre chose qu'au vide car tout le monde sait combien j'ai le vertige. 
A croire que ma vocation réelle était en fait de devenir ange gardien. Mais j'ai vérifié, il n' a pas d'annonces de ce genre chez Pôle Emploi.

Avant, je passais ma vie à attendre, quelque chose, quelqu'un, pour moi.
Maintenant que j'ai compris que j'étais coincée ici - à cause des autres -, j'attends l'opportunité d'être utile à quelqu'un, à quelque chose. 

Je suis à dispo et non plus dispo. 


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