samedi 26 mars 2016

Our life will never end


[Gotta love your man, yeah]

Cet aprèm j'étais debout devant la tombe d'Oscar. Mal installée sur les racines de l'arbre qui me mettait à l'abri des gens. Mon casque a joué Riders on the storm pour l'occasion. J'ai salué son choix par un hochement de tête.

J'ai pas trop réussi à me concentrer sur ma relation immémoriale et psychique avec mon dead poet, j'ai d'abord accusé les gens, tous ces gens, qui venaient dans mon cimetière, le jour de mon anniversaire, se mettre entre moi et MON Oscar Wilde. Puis je me suis dit "bitch, t'as plus 18 ans, grow up!" et j'ai regardé à ma droite.

Et l'écorce semblait me dire "Pppppsssst JohnJohn, little human girl come here...", j'ai d'abord été étonnée que cet arbre parle anglais, puis que cet arbre parle, et j'ai fini par le regarder des pieds à la tête et par me souvenir de lui près de 10 ans plus tôt, au même endroit - forcément. 

Mais pas au même endroit vraiment. A l'époque, il n'y avait pas ce bocal autour du sphynx d'O., et surtout, il y avait un autre arbre juste devant lui. Et à côté, aussi. L'un est scié à la base, et a deux paires de fesses de touristes posées sur sa souche et l'autre a tout bonnement disparu. Arraché.

Alors j'ai regardé mon compagnon d'infortune et j'ai posé ma main sur lui. Pour lui dire que moi aussi je me souvenais de lui. Qu'une fois je m'étais saoulée au rosé le cul posé sur ses racines mais que là il devrait se contenter du fait que je le piétine. J'ai rajouté, "De toute façon je fais ce que je veux, c'est mon anniversaire".

Mais lui et moi on savait bien que c'était faux.
Je suis bien née il y a 28 ans, presque exactement. Oui. Mais c'est pas vraiment un anniversaire. C'est un samedi. Un samedi d'un grand week-end que les vrais gens ont empoigné pour en profiter et partir en vacances avec ceux qui comptent vraiment, ou rejoindre leur famille ou... Donc je suis seule, avec mon casque, de la musique sans pub sponsorisée par une amie chère dedans, et je dialogue mentalement avec un arbre qui me connait presque mieux que tous les gens qui ont oublié de penser à moi. 

Parce que, spoiler alert, il a pas beaucoup sonné mon téléphone cette année.
Il faut dire qu'en bonne vermine, j'avais pris soin d'ôter le partage de ma date de naissance sur les réseaux sociaux.


Je regarde Oscar, puis l'arbre, et je me demande quelle est sa date de naissance, et s'il se sent seul, depuis qu'on a massacré ses compagnons. Une pensée m'assaille : celle qu'on protège comme Toutankhamon des morceaux d'os rabougris mais qu'on n'a pas hésité à abattre la réincarnation au sens propre du grand Homme. Je veux dire, c'est quand même de l'engrais d'Homme de lettre Irlandais de première main qui a nourri ces putains de...
Est-ce poli(tiquement correct) de demander sa race à un arbre ?

J'y connais rien en arbres, c'est pourquoi j'ai choisi une BFF nymphe des bois à qui je peux tirer sur la manche régulièrement pour lui dire "et ça c'est quoiiii ?". Mais elle est pas là. Paraît qu'elle avait une soeur à marier. Mouais ok. Mais j'accepterai pas cette excuse deux fois (et j'ai le pape avec moi).

Je suis en plein câlin avec l'arbre, et c'est hyper bizarre. (Oui, poser la main volontairement sur quelque chose est un hug gigantesque sur l'échelle de l'affection que je suis capable de déployer). J'ai pas grand-chose à foutre du regard des gens, non, ce qui est étrange, c'est que je sens comme un truc. Une vraie communication entre lui et moi.


J'ai envie de lui dire de pas s'en faire, que s'il est encore debout c'est que c'est lui le plus badass.
Et puis je me rends compte que je me parle à moi-même.


Au sens propre comme au figuré.

La tempête des Doors s'est calmée dans mes oreilles. Je salue l'arbre, je salue Oscar. Je prends mes bottes à mon cou et je vais m'enfoncer entre les tombes anonymes.

Je suis sur le chemin du retour. L'aller m'a fait découvrir des parcelles inconnues. Je n'y croyais plus. En 14 ans d'arpentage, je pensais avoir couvert les 44 hectares. J'ai vu des choses glauques, des choses franchement drôles, d'autres réjouissantes, touchantes. En 1h de marche, j'ai vu un résumé de la vie. 

Ma première étape a été Jim. Même si sa tombe m'insupporte. Les gens. Ce réverbère qui n'éclairera jamais rien (c'est une caméra cachée, Big Brother Lachaise is watching you). Ces chewing-gum collés (What-the-fucking-fuck?). Ces guides qui parlent sans honte du fantôme de Jim, qui traduisent à la truelle son épitaphe et vlatipa qu'il devient lui-même un démon ("vous savez 666 et tout ça..." #truestory).
Mais voilà. J'ai eu 28 ans. Et Jim, il a jamais eu 28 ans.

(TSSS ! Je veux pas entendre de théorie du complot maintenant, c'est MON ANNIVERSAIRE).


J'ai surtout décidé de pas fêter cet anniversaire parce que je comprends pas comment moi j'ai survécu si longtemps et pas lui, pas eux. 
Alors j'ai décidé que j'aurai ni 28, ni 29, ni rien d'autre. Mais comme mourir est un truc que j'arrive toujours pas à caler dans mon emploi du temps d'éditrice sooo busy, je me suis dit que j'allais me vautrer dans le symbolisme. 

Tous les ans, j'organisais des fêtes orgiaques avec plus d'invités que de mètres carrés. Je claquais des sommes monumentales pour couvrir l'assemblée d'alcool et de victuailles. Je courrais toute la soirée pour satisfaire les petits besoins de tout le monde. Je recevais des poneys en échange. Je me disais que c'était bien. 

Et puis j'ai fini par comprendre que je voyais la plupart de ces gens à cette occasion là, et cette occasion là seulement.
Là, j'ai réfléchi à ce qu'aurait fait Mémé-the-Great et je me suis souvenue qu'à un moment donné de sa vie, quand la coquetterie l'a emporté sur la crédibilité, elle est partie à l'envers quand on lui demandait son âge. Elle a fini par croiser tous ses petits enfants et je crois qu'à la fin, elle considérait qu'elle avait un âge négatif. 


Moi qui suis restée bloquée à 17 ans, je me suis dit que je célébrerai plus jamais rien après 27. (C'est faux, j'ai fêté mon 10 000e jour sur Terre l'été dernier, parce que c'est hyper badass).

J'ai donc fêté mon 26 mars comme j'ai passé mon noël 2015 et (presque) mon 31 décembre. Seule avec moi-même, de la comfort food et un chat peu obséquieux. 




Le 25 à minuit, j'étais pleine de bulles et je bavais devant leurs live. Best birthday night evah.

Depuis que j'ai trouvé mon âme sœur en matière de "dire les pires choses au monde avec la voix la plus innocente de l'univers", je suis en cure intensive.
Damnit, ils vont même me faire retourner de mon plein gré en NORMANDIE.

Je vous en dirai (forcément) plus sur FWF dans les temps à venir. Si je suis toujours dans le coin. Quand j'aurai digéré un peu la révélation totale qu'ils sont. (Moi, quand on met des mots bien tournés sur des trucs que je ressens depuis 100 ans, ça me rend toute et complètement chose).


Donc à tous ceux qui m'ont oubliée aujourd'hui, imaginez-vous moi comme ça :


Et sentez-vous assez coupables pour me payer au moins un verre (au plus un resto)((au plus du plus un vrai poney, parce que j'ai assez de figurines MyLittlePony, ça va merci)).

Oh et :


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