vendredi 12 août 2016

I don't have to see you right now



Je souffre d'anxiété social. J'ai la maturité émotionnelle d'une ado mal dégrossie. Et j'ai été traumatisée par deux, trois garçons peu recommandables à qui j'ai eu le malheur d'accorder un peu trop vite ma confiance. Ainsi que par des amis de toujours qui, au contraire, ne m'ont jamais totalement accordé la leur et ont préféré les starlights de nouvelles relations fugaces à notre bonne vieille routine poussiéreuse.

Et puis je suis arrivée à un point de ma vie où je m'étais accommodée de tout ça, où j'avais développé tout un tas de parades qui me permettaient de naviguer sans trop de heurts dans la vie. 

J'ai même été accueillie à bras ouverts par un groupe de nouveaux amis bienveillants et rock&roll qui changeaient un peu de mes vieux amis qui s'encroûtaient et n'étaient plus trop compatibles avec mes centres d'intérêts quotidiens (la quête de la meilleure bière, du meilleur concert et de la meilleure bouffe végé-friendly à Paris, principalement). 

J'ai pris ça comme un signe que je faisais les choses bien, et que tout allait rentrer dans l'ordre, dorénavant. 
Il y avait une forme d'amour inconditionnel dans ce groupe et, même si à cause des paramètres ultra-élevés de mon pare-feu émotionnel je ne le laissais pas m'atteindre tout à fait, je m'en rapprochais de temps à autre, pour me réchauffer un petit peu. Ca ne me parvenait pas encore à me convaincre totalement qu'il restait de l'espoir en l'humain et pour moi, peut-être, un jour, mais c'était joli à regarder. 

Mieux, au fil des mois, on m'assurait que je faisais partie de ce tout harmonieux et même que j'y contribuais et que j'étais quelqu'un de siouper et qu'il fallait que je me détende, il allait rien m'arriver. Rien de déplaisant en tout cas.

Alors que diable, je me suis détendue. 

Et, coup sur coup, il y a eu "le garçon avec qui il ne s'est rien passé" suivi de près par un putain de tsunami cacamical. 
En gros, la personne à qui je m'étais le plus ouverte depuis genre 8 ans, qui me connaissait mieux que personne à ce moment donné, y compris mes plus grandes peurs (qui sont : les araignées, tomber amoureuse et avoir un impact négatif dans la vie de qui que ce soit) m'a tout simplement décrit à quel point j'avais eu, tout le long de notre relation, un impact négatif sur son existence (et celle de ses proches, par ricochets).

Depuis ce brisage de coeur en deux temps, je reste stupéfaite d'avoir pu être doublement mise par terre, et le deuxième sans l'avoir vu venir, alors que mes défenses étaient pourtant bien en place. 
Je me suis alors rendu à l'évidence : je n'étais pas allée assez loin dans l'auto-protection. 
Jetant l'éponge de toute espèce de compréhension des relations humaines, j'ai tout simplement arrêté d'en développer. 
Depuis lors, je n'ai laissé entré aucune nouvelle personne dans ma vie susceptible de pouvoir me faire du mal. 
Plus de lien, rien de profond. Des gens pour passer le temps, à la conversion intéressante et aux aptitudes sexuelles formidables oui, mais pas de gens qui me font se dresser le poil rien qu'à les croiser. Pas de gens que j'ai envie d'appeler dès que j'ai du temps libre. Avec qui je perds toute notion de tout et qui me donneraient presque envie d'ouvrir les barrières et de dire "viens à la maison, y a le printemps qui chante".
Personne qui serait susceptible de me faire perdre les pédales au point de compromission extrême : la connaissance de moi. 

Parce que putain, j'étais quand même rien qu'un yorkshire à trois pattes qui en menait pas large quand ce garçon m'a ramassé contre mon gré et est entré dans ma vie (comprendre "a fourré sa langue dans ma bouche en me laissant entrevoir un paradis plein de poneys violets") en me remettant en tête le concept farfelu de "mais si tu aimable, Johnson". 
On sait tous qu'au final c'était une lubie de mec bourré/high-as-fuck, et ça va, je m'en remets imhotep, ça fait deux ans bientôt et il squatte toujours dans mes rêves, mais bon, on tient le bon bout.  

J'étais ce même bâtard pouilleux qui quémandait un peu d'attention et beaucoup d'amour platonique auprès de mes nouveaux amis. Je commençais à peine à me refaire une fourrure, et ma quatrième patte pointait tout juste le bout de son nez (cette métaphore est aussi bancale que l'animal décrit, j'en ai conscience) que paf le chien. On m'a annoncé que je ne le méritais pas, telle la caf qui reprend ses allocs ou une erreur de la banque en votre faveur.

Au moins trois de mes exs me renient au point de dire qu'ils ne sont pas mes exs. La grande majorité des explications d'adieu (amoureux et amicaux)(quand il y en a) ont été des variations de "tu as manipulé mes sentiments pour toi". Et à chaque fois, je comprends pas ce que j'ai fait, sans doute parce que "Je souffre d'anxiété social. J'ai la maturité émotionnelle d'une ado mal dégrossie. Et j'ai été traumatisée par deux, trois garçons peu recommandables à qui j'ai eu le malheur d'accorder un peu trop vite ma confiance."

Donc me voilà. Littéralement en haut de ma tour, à regarder le monde passer et à repousser consciencieusement tous les bourgeons de nouvelles relations qui s'offrent à moi. Parce que les personnes qui s'étaient fait les croisées de mon malheur, bien décidées à me prouver que j'étais aimable - et aimée, sont celles là même qui m'ont sorties en phrases de conclusion : "ah ouais nan en fait c'est toi qu'avais raison de puis le début :-/ :-/ :-/ :-/". Pas aimable et néfaste, comment voulez-vous que j'impose ma présence à des gens que j'admire et que je respecte.

Depuis le début de cet été, quand la vie m'a fait ressortir de mon métro/boulot/dodo habituel, j'ai regardé quelques silhouettes s'éloigner. Des gens au fort potentiel, qui auraient pu bousculer ma vie. Quand ils m'ont fait rire, ou frissonner, aussitôt l'alarme de panique s'est réveillée en moi.
On en est au point où je rase les murs pour éviter les personnes qui essayent d'établir une connexion avec moi. Surtout quand j'en aurais vraiment, mais alors vraiment envie.
Et où une phrase se répète en boucle dans ma tête : Plutôt finir seule que revivre ça.

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