mercredi 7 mai 2025

[Bacșiș 5] Back in the U.S.S.R


La tension était donc à son comble : arrivera, arrivera pas ? 

Et si oui quand, et dans quel état ? Avait-elle réussi à trouver de la nourriture végétarienne ? Avait-elle suivi un chien enragé à travers la Valachie ? S'était-elle faite enlever par un ou une vampire en quête de sang frais ?

Bref, spoiler : Rat-des-champs, que nous appellerons désormais Dealul - ce qui n'a aucun lien avec son activité professionnelle, même si... - allait finir par nous rejoindre dans l'après-midi.

Pour occuper VâVâ jusqu'à ce moment-là (car à partir du moment où elle avait terminé son feed Tumblr, elle avait du temps de cerveau disponible), j'ai décidé de la trainer dans un musée dont je m'attendais à ce qu'il soit un énorme attrape-touriste mais qui avait la qualité, s'il en est, d'être ouvert un lundi, contrairement aux autres.

J'ai nommé le musée du communisme, au balcon duquel trône une silhouette de Nicolae Ceaușescu. C'est un tout petit musée interactif où on a le droit de manipuler tous les objets d'époque, d'ouvrir tous les tiroirs, de porter les vêtements et d'écouter des vieux disques. 

Là-bas, on a appris par exemple pourquoi les murs étaient si fins dans notre immeuble. Le parti comptait sur la surveillance entre voisins pour que tout le monde se tienne sage. A ce titre, il existait une ligne fixe pour deux appartements. Quand quelqu'un nous appelait, il pouvait tomber sur nous, ou l'appartement d'à côté, et si les gens voulaient écouter les conversations, ils n'avaient qu'à saisir le combiné. 












[C'est Françoise Hardy, croivez-moi sur parole]

On s'est aussi aventurées dans le musée du Petit Paris, reconstitution d'intérieurs d'époque qui vaut le détour et montre bien à quel point Bucarest était à la croisée du Moyen-Orient et de l'occident. 










L'arrivée de Dealul étant désormais imminente et celle-ci descendant d'une longue lignée d'ayatollah du "manger sain", nous en avons profité, avec VâVâ, pour aller bouffer un bon gros grec des familles.
Mais genre, dans un vrai resto de tradition grecque, avec la radio nationale à fond les ballons, enquillant nos olives de kalamata au son de ballades sirupeuse qui transpiraient le yaourt au miel.



On est allées ensuite s'avachir sur notre canap en attendant le retour de l'enfant prodigue - débattant de si oui ou non on allait lui révéler la présence d'un énorme-cafard-sa-mère croisé la veille au soir dans le salon où notre pote allait camper. 

Finalement, on s'est dit que ignorance is bliss et on a souri comme des jeunes communiantes en l'accueillant, lui présentant les chats du quartier et nos ascenseurs fétiches (Yorgu et Georg) animés comme il se doit d'un tempérament de l'est, fonctionnant à une fréquence aléatoire et d'une façon aléatoire. 

Une pause thé après, il était temps de repartir à l'assaut de la ville, à commencer par l'église du monastère de Stavropoleos 




Placée sous la protection des archanges, elle semble avoir échappé au chaos du temps qui passe et du monde qui l'entoure. Magnifiquement préservée, c'était sans doute le lieu le plus éblouissant de ce début de séjour.  



J'étais contente d'avoir trouvé un truc joli à faire histoire de manier la chèvre (VâVâ) et le chou (Dealul) ; deux humaines que séparent, on peut le dire, une sorte de fosse des Mariannes d'enthousiasme. 

La première et son flegme légendaire, ainsi que son franc-parler aiguisé, qui n'hésite pas à dire "c'est moche, cette merde." et la seconde, avec son énergie débordante et son sourire à toutes épreuves, capable de se téléporter instantanément au moindre signe de conflit. 

Sans parler de moi, la neurasthénique monomaniaque détraquée et control freak, qui a besoin que TOUT LE MONDE SOIT HEUREUX PUTAIN C'EST TROP DEMANDER ? 

Maintenant que tout le monde était là, que la première sortie était un succès, et que l'on se baladait dans un grand parc, allait m'arriver en pleine gueule ma prochaine crise d'anxiété : "qu'est-ce que fout ma cat-sitteuse ? Mes chats sont-ils décédés et déjà momifiés, sans croquettes ni eau depuis 2 jours ?"

Partie ainsi loin dans ma tête, entre culpabilité et angoisse, je n'ai donc pas suivi grand-chose de ce qui s'est dit.

Une fois attablée dans une taverne, à manger des légumes (Dealul était arrivée, fin de la récré), j'ai noyé mon seum dans un vin local qui piquait, exposant mon plan pour notre journée du lendemain, la première que nous passerions toutes les trois où s'annonçait à la fois un soleil radieux et une inconnue au niveau de ma psyché : comment allais-je vivre cette veille d'anniversaire ? 

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