Le dernier garçon dont j'ai été amoureuse (et après qui je suis toujours entrain de ramasser les morceaux 1 an et 2 mois après) est en passe de devenir... le dernier garçon dont j'ai été amoureuse.
Depuis toujours, je n'ai été que ça : cet endroit pue l'amour et quoi que je fasse, c'est par putain d'amour de mon prochain.
Mais ça, c'était avant.
Le calme intérieur s'est installé au prix de mes palpitations.
Plus rien ne cogne à ma cage thoracique, si ce sont les cages thoraciques d'inconnus ramassés dans des bars.
Des furtifs.
Je me persuade que si je parviens à me souvenir de leur prénom, c'est que toute dignité n'est pas perdue.
Dignité, culpabilité, amour, tous ces mots qui ne répondent plus quand on les épèle.
J'ai passé ma vie à attendre que les autres se réveillent et m'accordent leur attention, même un peu. Et puis, comme un déclic, j'ai compris qu'attendre était incompatible avec Johnson.
Ce nouveau mode de vie : "Je veux, je prends", me coûte beaucoup, en énergie, en points de vie, en argent, mais il me convient. Il est dans la droite lignée de mes chromosomes.
C'est pour ça que ça ne m'a pas paru plus bizarre que ça de passer noël seule, préservée. Ou de commander mes billets pour Dublin, seule. Parce que j'ai assez attendu après des autres, qui préfèrent sans surprise passer leur temps ailleurs, avec des mieux.
Je prends ce qu'on m'offre. Quelques minutes. Deux phrases. Trois sourires.
Je n'accepte les règles de ce système si injuste, celui-là même que j'ai toujours combattu en petit Enjolras du coeur, que pour les faire se tordre en ma faveur.
Au moins, ça me contente.
Je m'enfonce dans une existence cynique et monastique (si l'on considère un moine très sexuellement actif). Ca ne ressemble pas à la moi d'avant, mais puis-je honnêtement dire que ça ne me ressemble pas ?
Parce que je suis paumée au milieu de moi même. Je ne sais quoi faire de mes dix bras. Alors je me vautre dans les valeurs refuge : les moments suspendus, quoi qu'il en coûte, et les places de concert.
Dublin, pour prendre ma dose d'Oscar. Après, il faudra trouver d'autres idées. D'autres ressources.
Mais peut-être que si je les épuise, ce sera l'occasion d'en finir en beauté ?
– Les gars, on est sur un gros, gros budget pour cette 27e saison. Faut mettre le paquet. J'écoute vos idées.
– Bah, ça devient chaud... Se renouveler, toussa... c'est de plus en plus difficile chaque année.
– Ouais, je veux dire y a deux ans on a frappé fort avec l'arrivée du chaton et toutes les liquidités y sont passées, alors ptet qu'il faudrait revoir nos ambitions à la baisse question investissements.
– Bon, brainstormons.
– Bah les voyages, ça marche toujours bien.
– Ok, mais là on est sur une toute autre orga, non je parle de local, de quotidien. Il faut trouver des raisons à Johnson de continuer à suivre notre RealityShow au moins jusqu'à la prochaine saison.
– Hum... En même temps on bosse avec un lemming qui est toujours tenté de se foutre en l'air, je suis à deux doigts du burnout là, perso.
– Sinon les guest star ça marche toujours bien.
– AH OUAIS. Là, on parle ! Développe.
– A chaque fois qu'on l'a fait rencontrer "par hasard" des rockstars, elle a gagné des points de vie. Genre beaucoup.
– Mais on a un peu fait le tour là ? Il reste qu'un nom, sur notre liste.
– Ca peut marcher ! C'est qui ?
– ...Bowie.
– Putain...
– Elargissons. Pensons worldwide. Transmédia. Elle aime d'autres choses que la musique quand même. Parfois. Si ? Non ?
– Ouais... mais question sexe débridé on a tout donné sur décembre 2015.
– Non non non, je parle sur du long terme là. Faut lui donner de quoi la fidéliser à la vie.
– JE SAIS. On a qu'à jouer la carte de la nostalgie !
– Mais elle a eu une adolescence de merde et l'enfance était pas bien mieux et tous ceux qui la rendait heureuse sont morts, alors je suis pas sûr que...
– ...et puis elle est déjà followée par Nathan des Worlds Apart sur twitter donc je vois pas bien ce qu'il nous reste.
– Les gars, pensez posters partout dans sa chambre. Pensez à l'alliance entre pâmoison et choc artistique. Pensez blond.
– Buffy ? Non, mais Whedon voudra jamais...
– Non non. Pensez star. Pensez oscar. Pensez... ours.
– Oh putain.
– Leo ?
– Leo.
– Oh la vache, là les gars, on la tient.
– On lui booke une soirée avec Leo Dicaprio ? Vous êtes sérieux ? C'est quand même hyper peu crédible, elle va finir par se douter de quelque chose...
– C'est quoi notre but ? C'est bien d'être encore là la saison prochaine, non ?
J'aurais pu. J'y ai cru un moment, quand la nausée est montée comme la marée. Et puis non.
L'état d'urgence, dans ma vie perso, est au diapason de celui alentour.
Je me demande s'il y a des gens qui sont très heureux en ce moment, et comment ils le vivent. Ca doit pas être évident.
Quand j'ai lu pour Bowie, j'ai eu une réaction de chat. Plus un ruminement/souffle qu'une véritable réaction humaine. Depuis, j'ai pas dit un mot là-dessus publiquement. J'en ai pas.
C'est rare de me réduire au silence. De faire taire mon cerveau. Mais s'il y avait bien une personne pour relever ce défi, c'était lui.
En décembre, j'ai mis en pratique la théorie développée depuis 11 ans sur ce blog. Je suis allée me frotter à des vrais gens. Des garçons. C'était un défi personnel, une pulsion irrépressible de vie, aussi. Une réaction à 2015. A l'époque des fêtes.
C'est un concept qui m'est étranger et, pour la première fois, je les ai vécues à la Johnson : seule chez moi avec mon chat et du guacamole.
Il y a eu des proches, oui, et merci d'ailleurs, mais il y a surtout eu moi, et plein de garçons. Soyons réalistes.
Parmi eux, le seul qui fait battre mon coeur a des yeux d'alien et je ne lui ai jamais parlé. Parce que si je devais lui adresser la parole, je ne trouverais rien de mieux que "J'aime ta voix de tête." et faudrait trouver un moyen de baragouiner ça en anglais, qui plus est.
Je me contente de l'aimer en l'emportant sur mes oreilles dans le coeur des rues. Je cherche l'hiver. Pour une fois, il me donne raison d'être en t-shirt en janvier.
Enfin non. J'ai une nouvelle robe, uniforme Johnsonien monomaniaque. Quand je trouve un truc qui me plait, je le mets tout le temps.
A croire que je n'ai pas trouvé de garçon qui me plaise assez, dans cette masse grouillante.
Il faut dire que j'ai peu parlé. Ou alors pour ne rien dire. Pour la chasse.
Je n'ai jamais été aussi vampire que cette dizaine de nuits.
J'ai passé 2016, jusqu'ici, à me reposer de tout ça. A travailler bien sagement. A me demander si c'est bien fini, cette vague d'indignité. Si ça va revenir. Quand, ça va revenir.
Ca m'a amusé, mais ça n'a rien résolu. Alors oui, ça fait stopper le cerveau et ça dope aux hormones en tout genre. Ca me donne cette lueur implacable dans les yeux. La confiance de faire plier un autre, puis un autre. Autant de volontés annihilées par mon don pour la manipulation verbale. Des jolis visages qui défilent et ne laissent rien d'autre qu'un prénom de plus.
Après tout, puisqu'on est entourés de vide et de gens sans velléité de substance, autant en faire un feu d'artifice permanent.
Comment ne pas commencer ce récapitulatif de 2015 à l'envers ?
Le 12 novembre 2015, j'étais à un concert imprévu. Il m'a fait un putain de bien. J'y ai découvert ces chatons :
[Tom Ogden = potentiel Alex Turnerien, I dare say]
Le lendemain, Paris déraillait et je les écoutais en boucle, sautillant sur des titres comme Blow, You pulled a gun on meou Cut me and I'll Bleed.
L'ironie de la situation ne m'échappait pas, mais je continuais à me balancer de gauche à droite, parce que la musique.
Je voulais vous en parler plus tôt, mais j'ai eu un contretemps fâcheux.
Mais ça va, je suis allée essuyer les larmes qui n'ont pas réussi à couler sur des blousons de cuir.
Il y eu eux :
Ash (le groupe de mon adolescence) et We are Scientists (le groupe de ma VIE) et pour la première fois de mon histoire avec eux, et parce qu'on est toujours plus fort à deux, j'ai sorti les doigts de mon séant et j'ai réussi à parler à Keith Murray, et genre il y a compris, et répondu. Avec ses yeux bleus.
Parce quoi moi, de la rockstar, je te la nourris, je te lui ébouriffe la tête et je te l'emmène faire du tourisme à Paris easy. Mais là on parle d'une idole. C'était pas gagné.
C'est aussi la soirée où j'ai reçu le deuxième meilleur hug de ma vie. C'est pas rien.
Je pensais que l'année était finie, et puis le père-noël, sous les traits d'une copine de concert ayant le permis et beaucoup plus d'abnégation que moi m'a inscrite sur la guest-list du show de mes absinth friends à Anvers.
[Eux, encore et toujours, qui reviennent comme le loup blanc les cool cats qu'ils sont.]
Le temps de se demander quel est le fuck de Floflo&TheMachine, de boire du champagne, et des bières et de la vodka, de recevoir un hug de Chilli, de donner un cadeau de noël à Will, un cours de français à Pete et de froncer les sourcils en sermonnant Sam quand il fait des blagues se terminant par "It means it's time to split-up".
Ils savent pas, ni W.A.S, ni eux, ni les Citizens! - et le cadeau prophétique qu'est Tom Burke -, ils n'ont aucune idée de la dose d'eux dont j'avais besoin à cet instant, à cet instant précis.
J'ai foutu le paquet niveau musique pour ensevelir le fait que ce récap annuel et tant attendu par vous trois, mes lecteurs, sera anarchique et bigarré, mais pas très charmant.
J'ai passé un an de rien à digérer le garçon avec qui "il n'est s'est rien passé" et, avec lui, toute illusion.
Car 2015 a été l'année de la rupture mentale, le point de non retour au niveau de mon équilibre et de ma santé, et surtout, 2015 a été l'année où j'ai fait le deuil de l'amour.
Une année où je regardais à ma droite vers le joli garçon tout nu et où je pensais en serrant les dents : mais quand est-ce qu'il se casse ?
2015 a été l'année où j'ai le plus été full-on connasse. Full-mode puma, cette demi cougar qu'on est quand on n'a pas encore trente ans.
L'été m'a extirpé des rires de joker quand la vie s'est évertuée à vouloir m'arracher la seule chose à laquelle j'avais eu l'outrecuidance de m'attacher.
Mais, en août, alors que Marlowe semblait tiré d'affaire, Kasabian et Noel Fielding et Interpol et Daniel Kessler m'ont chopée par les entrailles pour me secouer et me rappeler à la réalité : c'est la musique l'important.
Puis ce fut à Londres de me réconforter.
Alors je suis partie pour un automne parisien le coeur léger, et là, la vie m'a rappelé que personne n'est à l'abri, de rien, et qu'on a vécu 60 ans d'un calme qui n'avait rien de normal. Que ce calme, il est terminé, et qu'alors que mes ami(e)s paniquent, parce qu'ils/elles avaient prévu de faire tout plein de marmots dans ce monde de paix, de brunchs et de culture érigée en monarque absolue, tout à coup ça va plus être la même.
Quelque part le monde vers lequel on se dirige me ressemble pluss. Il est dark et moody et incohérent et insoluble. Mais ça ne me réjouit pas pour autant. Je savais quelque part qu'on était partis pour ça, ma rage adolescente et mes idées noires et mon pessimisme et ma vista, j'aurais préféré me tromper.
J'ai encore plus envie de protéger tout le monde, de prendre les gens sauvables de ma vie et de les enrouler dans un papier bulle d'alcool, de fêtes et de musique forte.
Le Karma sait me récompenser à sa façon, quand il s'amuse à me faire rencontrer trois fois de suite Carl Barât dans des toilettes, quand une des idoles qui m'a accompagné toute ma vie s'est saisi de ma main à l'arrière d'un taxi, quand une stage door dont j'ignorais l'existence s'ouvre sur mon passage sur un garçon dont on ne peut décemment pas ignorer l'existence (et les jolis cheveux). 'Cause I'm in love so old Put your flowers down, it's too cold Fuck your romance, I wanna pretend That Jenny Lee Lindberg is my girlfriend With the sun on my back it's a nice day I will never choose any other way With the sun on my back it's a nice day I will never choose any other way