lundi 3 juin 2013

Drown into the throne that you sit on


Mes cinq cd ont trainé un peu trop longtemps chez une ancienne amie qui en faisait n'importe quoi.
Ca m'a presque plus brisé le coeur de voir leur état en les récupérant, ce jour-là, qu'en prenant la décision définitive de la jeter hors de ma vie.

Je les ai toujours, ces cinq disques. Plus un maintenant. Et j'ai tenu à les enregistrer sur mon ordinateur du bureau.

Pourquoi cela ?
Pour les avoir à disposition. Toujours.
Parce que, il y a longtemps, alors que je n'avais ni internet, ni vie qui en vaille la peine, j'ai pris un avion et, dans cet avion où j'étais seule, à 11 ans, j'ai branché des écouteurs dans l'accoudoir.



They say an end can be a start

Feels like I've been buried yet I'm still alive

Après un sourire irrépressible, j'ai compris que la chanson passait en boucle au bout de 10 chansons. J'avais fini par calculer à quelle heure me brancher pour l'écouter une prochaine fois - c'était un vol transatlantique.

J'ai donc décollé grâce à eux. 

A cette époque, pour m'aider à porter le fardeau de l'adolescence, il y avait quand même beaucoup de french touch. D'étés passés devant les clips où je prenais peu à peu conscience du pouvoir de la musique.

Il y a eu mes économies mises bout à bout pour obtenir un cd, puis deux, puis trois. Ecoutés sur une petite chaîne qui a duré le temps de mon enfance et que des gens malveillants ont noyée le jour de ma crémaillère à Paris.

Le 4e, je m'en souviendrai toute ma vie. Je suis allée le chercher le jour de sa sortie. Au Havre. J'avais une bande de garçons avec moi et je tentais de leur expliquer avec des mots cette passion sans frontière pour ces quelques accords et paroles. Je crois que le fond de mon message n'est jamais passé mais que sur la forme j'étais assez persuasive.

Je n'ai aucune idée de comment j'ai acheté le 5e. Mais c'est à ce moment-là que je les ai vus pour la première fois en live.

Paris permettait ça.

Le concert le plus stressant de toute ma vie. Cette peur ignoble de m'être trompée. Qu'ils soient mauvais. Quelque chose comme ça. 

Une peur d'avoir trop aimé quelque chose par défaut, parce que je n'avais pas accès à autre chose. Parce que je me suis focalisée, entêtée.

Et puis la baffe monumentale. Non seulement je ne m'étais pas trompée, mais je continuais à ne pas me tromper et, après ce zénith, je savais que je pouvais continuer à faire confiance.

Alors bien sûr, il y a toujours un tressaillement. Le 6e, comme une coïncidence, a été introduit par un single et j'étais sur la bonne radio anglaise au bon moment pour le capter. Tremblante. Adolescente. 

La respiration. Le soulagement. J'aime toujours.

Et puis les places pour leur concert parties en quelques heures mais pour lequel je suis encore tombée à pique. Il y a des détails qui ne trompent pas.

Alors quand j'ai enregistré les disques sur mon ordi du boulot, les réécoutant pour les labelliser (j'ai un vieux pc), les larmes ont coulé toutes seules. Celles qui n'ont pas été là quand elles auraient dû cette année. 

C'est ma jeunesse et mon adolescence qui sortaient de chacun de mes yeux.
De la reconnaissance aussi.

C'est un îlot de ressenti dans un monde devenu sans aspérités. 

Les 5 cd alignés comme des anneaux olympiques, comme autant d'années survécues jusqu'ici, tant d'années qui valaient le coup d'être vécues même juste pour ça.

Alors bien sûr, il n'y a pas toute l'histoire, et à cette dévotion ascète s'ajoute une petite rougeur sur mes joues parfois, maintenant, mais je secoue la tête très vite et ça s'en va presque toujours comme c'est venu.

Je ne pensais plus pouvoir être touchée et puis The Real thing est arrivée. 
Et la dithyrambie dans laquelle je semble avoir planté ma tente n'est pas seulement due à l'hommage Wildien. 
C'est complètement à nouveau les 5 disques de mon adolescence. En 3:22.

C'est un peu ça aussi mon utilité. Réécouter béatement ces disques à l'aune d'un nouveau monde. Une décennie plus tard. Me dire que s'ils n'ont rien perdu, peut-être que... moi non plus ?

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