mardi 4 février 2014

I didn't walk how you said i should walk, i walk how i do walk, and that's fine


Nowadays, ma vie est très très épistolaire. 

Je lis des lettres, beaucoup. Aussi bien celles qui me sont adressées que celles de grands auteurs.

Mon livre préféré est De profundis après tout, et vous n'allez pas me la faire à l'envers, j'aime ce qui est personnel. J'aime ce qui est adressé. J'aime quand l'autre sait à qui il parle.

Je sais toujours à qui je parle quand j'écris. 

J'ai reçu une carte postale aujourd'hui. Je me suis fait la réflexion de la perte de vitesse de ce média. Le SMS d'autrefois, un peu. J'en ai un paquet dans mes cartons, et j'ai hérité de celles que j'avais envoyé, toute ma vie, à ma Mémé. 

Ce sont des polaroids, aussi. Rien à voir avec ce que j'écris, en ce moment, quand j'écris à quelqu'un. 

Je vais loin, je creuse. Je blogge en mode #off. Je non-censure encore plus qu'ici (si si, c'est possible). 

Je me moquais doucement d'un ex à moi qui me confiait écrire des lettres manuscrits à son meilleur ami, qu'il voyait pourtant tous les jours. Pour moi, à l'heure du mail, dépenser de l'argent et de l'énergie à s'écrire sur papier était tout à fait ridicule.

Je commence à le comprendre maintenant.

S'écrire, prendre le temps de le faire longuement, en développant, c'est l'antithèse de l'écrit journalier qui nous envahit, celui de feu MSN, de Facebook et même des mails qu'on s'envoie professionnellement. 

La différence est l'intention qu'on y met. L'investissement. A quel point on s'offre à l'autre. A quelle hauteur on lève le rideau de son existence quand on lui adresse quelques lignes.

Les dialogues parlés, dans ma vie, sont très vides. Je cherche le sens ailleurs. C'est de là que vient sans doute cette impression tenace que j'échange plus avec un groupe de rock qui travaille un minimum ses paroles qu'avec tout un tas d'amis qui ne dépassent pas le "Salut ! Ca va ?" quand on se voit une heure trente tous les mois. 

S'écrire c'est aussi avoir un historique à disposition, dans lequel on peut fouiller plus sûrement que dans n'importe quelle mémoire. 

Pourquoi je vous barbe avec ça ? Pourquoi ce soir spécialement quand ça fait des plombes que ce sujet fait partie intégrante de ma vie ?

Parce qu'hier je me suis isolée dans un lieu qui me calme, à Paris, et je me suis isolée avec un livre presque pris au hasard, dans ma bibliothèque d'Alexandrie personnelle. 

Lettre au père de Kafka. Dans l'appendice de cette édition très chère à mon coeur, ramenée de Prague, était cette citation :

"La grande facilité d’écrire des lettres doit avoir introduit dans le monde - du point de vue purement théorique - une terrible dislocation des âmes : c’est un commerce avec des fantômes, non seulement avec celui du destinataire, mais encore avec le sien propre ; le fantôme grandit sous la main qui écrit, dans la lettre qu’elle rédige, à plus forte raison dans une suite de lettres, ou l’une corrobore l’autre et peut l’appeler à témoin. Comment a pu naître l’idée que des lettres donneraient aux hommes le moyen de communiquer ?"

En gros, Kafka dit qu'écrire à quelqu'un c'est bloguer. Je pense que Kafka aurait été un insupportable blogueur. Un petit chouineur chétif limite troll. Il a eu du bol d'avoir un père abusif, quelque part. Ca a produit chez lui une oeuvre quand, chez moi, ça n'a fait que créer un blog suivi par une quarantaine de personnes les grands jours. Je crois aussi que son esprit malade et le mien ne sont pas si éloignés. Je dis ça pour ses mésaventures amoureuses, sa relation exclusive avec Prague et sa propension à se lier d'amitié avec des êtres excentriques qu'il aime par dessus tout.

Franz et moi, on est semblables sur beaucoup de points, et j'écris beaucoup de choses qui pourraient faire partie de son spectre. 
Finalement, c'est peut-être à lui, que je devrais écrire.




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