lundi 27 février 2017

[Franxit - part 3] Keeping watch in the night


[Never do anything by halves if you want to get away with it. Be outrageous. Go the whole hog. Make sure everything you do is so completely crazy it’s unbelievable. - Matilda, Roald Dahl.] 

Je me suis dirigée vers Shaftsbury comme on va à un rendez-vous d'affaires. Depuis mon arrivée, j'ai remarqué que les londoniens étaient plus maussades que d'habitude, plus pressés, plus bousculés, plus le nez dans leurs smartphones - et pourtant je suis parisienne. Je ne sais pas si c'est le Brexit ou la météo (on y reviendra, vous dis-je !), mais ils étaient moins happy shiny que d'habitude. C'est pas grave, je me suis d'autant plus fondue dans la masse. 

C'était enfin l'heure des Miz et de ses fauteuils super inconfortables et de son public insupportable, mangeur de bonbons et incapables d'éteindre leurs portables. C'est moins n'importe quoi qu'à Broadway mais putain dans un théâtre en France, je leur donne pas 5 minutes avant d'être incendiés (littéralement). Assise à côté d'une gamine qui n'en a rien à foutre et qui est là parce que môman voulait se faire plaisir mais pas la faire garder, je me prends à rêver d'un monde où je serai dictatrice et où j'imposerai des séances pop-corn free et enfants-free dans tous les lieux culturels du monde. 

Première surprise, c'est un festival d'understudy (les doublures des rôles-titres) et moi, j'aime bien. Parce que généralement t'as une énergie d'outsider déployée qui est pas évidente quand tu vas voir un show en matinée. Bref, Adam Bayjou en Valjean vaut vraiment le déplacement. 

Comme je n'ai pas beaucoup de budget et que Londres est quand même chère-sa-race, je me suis booké Matilda en soirée. Une comédie musicale adaptée du livre de Roal Dahl qui raconte l'histoire d'une petite fille honnie par sa famille parce que 1) elle est d'une précocité rare et a lu toute la littérature anglaise à 5 ans et 2) ils auraient voulu un garçon. Bon. Ai-je besoin de préciser que quand j'ai lu le roman pour la première fois je me suis grave identifiée et j'attendais avec impatience que MA Miss Honey/Mademoiselle Candy vienne me sauver de ma sordide ville de naissance ?

Vous allez me dire que je cherche la merde : je viens de décrier la présence de gamins dans des spectacles à 60€ la place qui ruinent l'expérience avec leurs gigotages, leurs interventions intempestives et leurs "Mooommy what does 'newt' meaaans?" et je vais voir un musical destiné aux 6 ans et + où se rendent masse de scolaires. Oui, je ne suis pas à une contradiction près. Les critiques étaient tellement bonnes et l'occasion tellement rêvée que j'ai quand même pris mes billets. Alors, clairement, c'est assez fantastique, mais pas assez old school pour moi. Trop d'effets spéciaux un peu gratuits, trop de divagations "juste pour rajouter des numéros de danse". Je pense qu'une adaptation non-musicale aurait suffi. Maintenant, c'est ouf de voir une gamine de 9 ans tenir la scène de bout en bout pendant 2h30 et rien que pour ça, c'est à voir (même si, dans le même genre, autant opter pour Billy Elliott). J'ai donc décidé de renouer avec l'enfant que j'étais et de m'offrir un breakfast-for-dinner avec des Red Velvet Pancakes qui étaient à se damner.


En sortant de Matilda, je fuis la foule et tente de m'extirper de l'agitation du West End quand la voix de Marc lovelyone Bolan me stoppe. Elle vient d'un bar à cocktail où T-Rex est joué à fond les ballons (je crois qu'au UK ils ont définitivement pas les mêmes régulations en terme de décibels). 
Petit moment suspendu avant que la nuit m'engouffre.

La nuit à Londres, il y a beaucoup de ruelles mal éclairées, mais je ne me suis jamais sentie menacée. Je ne me suis jamais perdue non plus, ce qui, quand on me connait, tient du miracle. 
Je peux marcher des kilomètres la nuit, avec ma vision floue qui adoucit les rebords des choses. Il y a moins de gens, moins de bus géants, moins de bruit. 
J'aime saluer le British Museum d'un hochement de la tête, comme un vieil ami immuable. 
Mon wi-fi se connecte toujours automatiquement quand je passe devant lui, si ça c'est pas une preuve d'amitié... 
Je rejoins ma chambre pour une dernière nuit, pas sans avoir goûté un Peppermint Tea qui m'a donné un tel coup de fouet que j'ai fini ma valise, une grande partie de mes lectures et de ma correspondance avant de me jeter épuisée dans la quête du sommeil. 
Je sais que ma santé mentale n'aurait sans doute pas survécu à deux jours de plus, seule avec moi-même. Demain serait déjà le dernier jour, mais le soir, j'allais retrouver mon centre de gravité félin qui n'a de cesse de tenter de me convaincre que la vie c'est chouette et qu'il faut lui dire "Ooooouiiiii !!!" (J'ai le plus extraverti des chats, goddamnit).

Il me restait une journée à rendre extraordinaire lors de ce voyage. Et ç'allait être celle de Dickens, de rencontres fortuites douces-amères et de mes retrouvailles avec mon alter ego de toujours, mon bien-aimé Phantom. Stay tuned!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Veuillez écrire un truc après le bip visuel : BIP