mardi 22 août 2017

Who lives forever anyway?



Entre ma boulimie de la comédie musicale Rent* depuis juin et l'avant-première de 120 battements par minute hier soir, on peut dire que j'ai passé un été très très Sida. 

Ah oui, et il y a eu mon premier dépistage en mai.

Alors, la question qui m'est venue naturellement, est :

Qu'est-ce que ça veut dire, le Sida, pour une meuf hétéro en 2017 ?

 (* Oui, ENCORE une comédie musicale, oui mais celle-ci elle vous plaira même si vous êtes pas fan du genre. Parce que 1) c'est adapté de La Bohème de Puccini transposé dans le lower east side de la fin des années 80 2) C'est formidable 3) La pièce a été érigée en un culte comparable à celui du Rocky Horror Picture Show par ses fans, hé ouais.)

Reprenons. 
Je suis une grosse privilégiée : blanche, française, née dans la middle-class, certes femme, mais bon, on peut pas tout avoir. 
Question santé physique, à part des pannes mécaniques (fractures et autres os qui n'en font qu'à leur tête), on peut dire que je suis plutôt du côté des gens qui ont eu du bol, à un mini AVC près (remember quand j'avais eu la moitié du visage paralysé en 2012 ?) - depuis j'ai arrêté la pilule. 
Et je n'aborderai pas ma santé mentale moisie car là n'est pas le sujet.

Mais il se trouve que j'ai des sœurs qui ont connu l'épidémie à son plus fort (oui, elles sont beaucoup plus vieilles que moi) et qui m'ont fait écouter Queen très tôt. Freddy était une de mes premières idoles, quand j'avais 7-8 ans. C'est anecdotique mais c'est mon premier souvenir de la maladie. Du coup, ça a été très vite synonyme de "chose qui tue", et qui peut toucher tout le monde, privilèges ou pas, ce qui, je crois, n'est plus tellement une association faite systématiquement.

120 BPM est salutaire pour ça : rappeler à notre génération et aux autres ce que c'était, et ce que ça pourrait redevenir. (Ce film est salutaire pour plein d'autres trucs, allez le voir)(et pleurez)(et riez)(beaucoup)

Durant ma slut-phase, j'ai eu des partenaires de mon âge et plus jeunes. Et je suis tombée vraiment sur tout niveau capote. De ceux qu'il a fallu menacer pour en mettre une, à ceux qui en avaient toujours sur eux (dans leur poche hein, bande de tordus). 

Quand j'étais ado, j'étais la copine relou (et vierge) qui faisait toutes les chambres en lançant des capotes à l'aveuglette vers mes amis en train de froisser les draps. Puis j'allais me coucher (seule) avec le sentiment du devoir accompli.
Je me rappelle super bien du savon que j'ai passé à un pote qui ne demandait qu'à me raconter sa première fois et à qui je n'ai pas laissé en placer une du moment où il m'a confié ne pas s'être protégé. 

J'étais très mère-la-morale, et on pourrait croire qu'à partir du moment où ma vie sexuelle a débuté (oui, ça a fini par arriver), je m'appliquerais ces conseils à moi-même.
Et bien oui. Ce fut le cas.
Sauf qu'on n'est pas tout seul quand on fait du sexe où il est question de capotes.
Et trois fois des vilains-pas-beaux m'ont mise en danger. Alors pour les feignasses qui n'auraient pas lu les épisodes précédents (moi, oui), je vais m'auto-citer : 

"Le malotru qui ne m'a pas signalé le problème technique rencontré avec le préservatif.
Celui qui m'a violée.
Et, enfin, celui qui a décidé unilatéralement de pas en mettre."
 
J'ai eu beau avoir été touchée par les messages de prévention, être éduquée, avoir connu des gens séropositifs, m'être protégée même quand j'avais 5 grammes, j'ai senti trois fois planer au-dessus de moi l'ombre de ce putain de virus. 0/10, would not recommend.
 
Donc, depuis ma tour d'ivoire de meuf blanche qui mange à sa faim, j'ai quand même un message à faire passer à mes consoeurs (et frères, d'ailleurs) : si vous vous retrouvez dans une situation de consentement où le mec est frileux de la capote, ne cédez pas, sous aucun prétexte. Et ouvrez-la. Dites leurs que c'est non sans, et qu'il n'y a pas de débat. Que si monsieur n'arrive pas à "assurer" avec, il y a plein de trucs qu'on peut faire (en partant du principe que vous avez tous les deux des doigts). Il n'y a aucune excuse. Ne vous laissez pas embobiner juste parce que vos hormones vous poussent à vous frotter à ce type. Une fois le rush passé, croyez-moi, ils vous apparaîtra nettement moins sympathique d'avoir été si prompt à vous mettre en danger pour son petit plaisir perso.
Bien sûr, s'il n'y a pas de consentement : portez plainte et sauvez peut-être leur prochaine victime, et courage, et chatons, et licornes.

Si vous vous en apercevez trop tard : mon dieu mais mettez leur la misère (sauf s'ils sont violents, restez safe), sans en venir aux mains, partagez avec eux la douloureuse quête de la pilule du lendemain, votre attente cuisante des prochaines règles, votre dépistage. Vos peurs, vos doutes, vos angoisses. Peut-être qu'ils s'en foutent, mais ils sont responsables.
Même si vous n'êtes plus en contact, trouvez un moyen de leur rappeler que leurs actes ont des putain de conséquences, même dans le cas où vous ne vous retrouvez ni enceinte, ni malade, Bouddha soit loué. 
Ne laissez-pas ces fils de pucerons l'esprit libre, martyrisez le peu de conscience qu'ils ont. Pourrissez leurs journées en partageant votre putain de charge mentale qu'ils ont accablé. Et si vous connaissez leurs prochaines proies, ou leurs autres partenaires, n'hésitez pas à les prévenir. Ce n'est pas du cafardage, c'est une question de santé publique.
 
Ce sont des types qui vous mettent en danger, ne l'oubliez jamais. 
 
 

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