dimanche 8 avril 2018

[YUL&I - 4] Thinking of the art teacher



Tout le monde me demande comment est la population locale. J'ai bien du mal à répondre, car de ce que j'en ai vu, Montréal est peuplé à 95% de Sdf et à 5% de touristes (beaucoup de chinois). 

C'est l'armée des morts dans mon quartier le matin, des Sdf (tous mâles) qui traînent la patte et qui forment des conglomérats bloquant les trottoirs. J'ai du mal à comprendre comment un état aussi riche, avec autant de place, peut laisser faire ça. Et d'autant plus vues les températures actuelles (on a eu entre -17 et -10 toute la semaine). Par rapport aux parisiens, ils sont moins véhéments. Ils sont juste partout, et ce sont les seuls locaux que je croise avec les "commis" (vendeurs des magasins). 

Donc à part "nomades" et "abîmés" j'ai pas grand-chose à répondre quand on me demande comment sont les gens ici. 


Ca a un peu changé mardi, avec le début de mon job. L'équipe est formidable. On est à l'opposé des entreprises parisiennes. Râler est mal vu, l'humour est bien vu. Tout le monde prend son temps et effectue des horaires correctes en respectant la fatigue mentale de chacun. Bref, je ne parlerai pas plus du boulot aussi parce que les vautours (kikoo !) tournent encore sur ces plaines, mais : ohmygod on peut faire des livres dans une ambiance sereine et positive !


Anyway, juste avant d'embaucher, j'ai parcouru le Musée des beaux-arts. C'est cool les musées des beaux-arts, ça a toujours été un refuge pour moi, depuis toute petite. Il y a de la place. Peu de gens.  En plus souvent ces "peu de gens" sont des beaux gosses. Et, comme dans les bibliothèques, c'est le règne du silence, personne n'essaiera de te parler. Le rêve.



J'ai eu quelques coups de cœur.















Et tous mes préjugés sur le couple et la parentalité ont flanché quand je me suis retrouvée à plusieurs reprises aux côtés d'un papa (d'ascendance asiatique) et de sa fille métisse. Il lui expliquait tout avec une telle patience, une telle pédagogie et une telle précision tout en étant d'une douceur folle, que j'aurais aimé faire plein d'enfants comme ça avec lui ou les enfermer dans une bulle pour qu'il ne leur arrive jamais rien de mal. 


Bon, c'est l'exception qui confirme la règle que les enfants canadiens sont éduqués en roue-libre et n'ont aucun interdit.


A un moment super papa, devant un Rodin, a expliqué que c'était pas juste qu'on le cite toujours lui parce qu'il a bossé avec une femme dont on ne parle jamais (Camille Claudel pour ceux qui suivent pas), mon cœur s'est envolé.


Plus tard, je les ai recroisés et super papa, devant une toile abstraite que j'avais moi-même du mal à interpréter, a expliqué avec les mots les plus simples qu'on était plus dans le figuratif et que c'était l'émotion qui était représentée, et que c'est pour ça que c'est différent pour chacun. Que chacun a une vérité unique par rapport au tableau. 

Je lui aurais bien jeté toutes mes pièces choupinettes de 1 dollar avec un cerf dessus pour le remercier de m'avoir donné foi dans l'être masculin ET parent. (Mais je l'ai pas fait parce que 1) j'étais pas censée écouter et 2) j'ai besoin des pièces pour la machine à laver)



[Il y avait même Eddy de Pretto :3]


Et pas mal de boobs.



J'ai eu un moment radieux et suspendu dans une toute petite salle à l'écart : je suis toujours dans les bons plan d'introvertie où le confort et la solitude se combinent exponentiellement, je me suis donc retrouvée sur le canapé le plus confortable de-ma-vie, sous un puits de lumière, à l'écart du passage. Là, j'ai pensé à combien mes pieds avaient mal, à combien le soleil c'était sympa quand même et au fait que "OMG je suis à Montréal pour trois mois qu'est-ce qui m'a pris, qu'est-ce qui me prend ?" 

Mais je n'ai pas fait de crise d'angoisse. Ce qui est plutôt une avancée par rapport à mes dernières expéditions en solitaire à l'étranger.

C'est en sortant que j'ai versé une larme, mais ça n'avait rien à voir. 
J'étais passée devant à l'aller sans faire attention, mais cette fois, après les multiples émotions de ma visite, je me suis arrêtée nette :


Et, l'espace d'un instant, je nous ai senti un peu moins seuls.

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