jeudi 2 juin 2005

Goodbye Girl [L'histoire d'un gâteau à la carotte]



[ ... non j'ai pas pleuré en lui disant aurevoir ]

...

Faut que je la fasse cette note, ouais, faut que je la fasse cette putain de note.

On s'était donné rendez vous chez une amie, nous, une petite partie de la classe, 6 + une,  pour réviser, mais surtout pour lui dire au revoir.

Jacqueline, le sourire qui est arrivé dans notre classe comme un cheveux sur la soupe, la rouquine qui restera la seule et l'unique Suisse de ma vie.

J'avais planqué le cd de Raphael que je lui avais offert dans mon sac, elle riait encore quand je suis allée le chercher.

Forcément, on a pas trop révisé, parce qu'elle, elle ne passe pas le bac, alors elle faisait un gâteau au chocolat dans la cuisine, au mixeur, forcément.

Et puis la soirée est arrivée, après une escapade entre les barbelés dans le champ d'à côté pour voir des signes kabbalistiques sur les granges abandonnées, après avoir marché jusque la Seine, après s'être fait attaquer par un âne et un poney, après avoir mangé des chocolats meilleurs encore que des kinder Bueno, après avoir fait prendre une dernière photo par des vieux touristes anglais...

... Au bout de sa cinquième bière et de son deuxième pet' -la suisse est tenace- on a eu ce "putain de moment".

Celui où, autour du feu, 14 yeux vacillaient en même temps à la lueur des flammes de 7 bougies.

7 Vies, plantées tout autour du feu de camp, et nous assises dans un silence monastique qui contemplions ce 'spectacle', incrédules quant au fait que nous soyons capable d'être aussi touchées par de simples colonnes de cire.

C'était nous ces bougies, et même si certaines se sont éteintes avant d'autre, la mienne a tenu bon, elle a failli s'éteindre, mais pour repartir  de plus belle, elle s'est enterrée dans la terre, et l'a brûlée. La Terre brulait encore bien après que la mèche se soit éteinte.

Et puis on a fredonné, Voila c'est fini. Et bam. Là, ou un peu avant, ou un peu après, je me suis rendue compte que le jour même elle partirai.

Alors on s'est couchée, et il parait que j'ai ronflé, pour le peu que j'ai dormi, parce que je m'assurais qu'elle était toujours là, par terre, sur son matelas d'un millimètre, qu'elle n'avait pas disparu d'un coup comme ça risquait d'arriver. Non, une touffe de cheveux roux bouclés dépassait bien du duvet. Alors je refermais les yeux en pensant que ce n'était qu'un mauvais rêve. Et que le moment venu, je ne pleurerai pas.

On a  tout rangé. Fait le ménage. La vaisselle. Même si j'étais un peu inactive, un peu dépassée par les événements. Et ma mère est arrivée. J'étais toute en noir, comme en deuil, absolument débile quand on y pense.

 Et puis Jackie m'a dit de dire au revoir à notre hôte et amie avant. Et puis elle m'a serrée dans ses bras "merci d'avoir été là.". Et puis j'ai baissé la tête. Et puis je me suis noyée sous mes cheveux pour pas qu'elle voit. Pour pas qu'elle voit que je suis faible face à des émotions vraies.

Je suis partie comme une voleuse, avalant les trois quart des mots que j'aurai voulu lui offrir, m'engouffrant dans la voiture, ne pouvant pas regarder derrière moi pendant qu'on manœuvrait.

J'ai comme l'impression d'avoir perdu un être cher. Et pour l'instant, je ne m'en remets pas vraiment.

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