mardi 12 juillet 2011

Darwin smiles

La personne à côté de moi quand je me réveille change tous les jours ces temps-ci.
Les gens tournent, et je ne sais plus à qui j'ai raconté quoi, comme une menteuse qui s'embrouillerait dans ses mythes, je ne parviens plus à démêler ma propre histoire.

Je vis donc par instinct et sensations du genre "si moi rentrer maison moi déprimer, alors moi prendre le 1er bus qui passera et advienne que pourra".

Mon quotidien c'est d'écarquiller les yeux sur un écran d'ordinateur et l'absurdité du monde du travail qu'il représente. Je veux un boulot où la planque serait toute trouvée : dans les livres qu'on me donnera à lire, et les moments de too-much émotionnel, je claquerais la porte du bureau et me réfugierais dans un manuscrit.

Je sais à peu près ça, pas grand chose d'autre.

Je ne m'inquiète pour personne - pour Mémé, un peu - mais certainement pas pour moi.

J'ai ce garçon hypnotique pour me bercer le regard quand je n'ai vraiment plus rien à faire.

A force de combler mes blancs par la présence des autres, j'ai quand même ressenti à nouveau des choses. Une grande bouffée d'adolescence vendredi/samedi, encore meilleure qu'une ascenscion de sommet alpin question oxygénation. Et quel meilleur endroit que le musée des Arts Premiers pour une régression totale.

Être n'importe quoi, il n'y a qu'avec l'ami d'enfance que je le peux encore.

Et cette nuit, une planification de voyage qui aurait dû se faire sous la couette, mais finalement pas (trop chaud, beaucoup trop chaud), des éclats de rire jusqu'à tard, très tard. Des "ça c'est vraiment Pragois" sur tout et n'importe quoi.

Plus tôt, se prévoir un week-end à Dublin à l'arrache, autour de verres en plastique au contenu douteux dans un bar gay qui sent les égouts. Un bar, des barres, mais je me suis tenue.

La musique comme fil conducteur. Ma planque la plus invisible. Je t'entends pas j'ai mes écouteurs. Comme réponse à toutes les agressions du monde. Sa musique à lui, Lion à moustaches, new man of my life, pour combien de temps ? We'll see... La musique du dernier album de Kill the young. Le souvenir de cette connasse qui avait oublié de me prévenir qu'ils partaient acheter les billets, et bien sûr, ils distribuaient un billet par personnes, tout ça pour pécho un pote en commun. Vieille histoire qui a déclenché une guerre froide, longue et m'a révélé à quel point je pouvais être rancunière et manipulatrice.

Mais ce souvenir amer des KTY s'est effacé la semaine dernière, devant la mairie du IIIème quand le ciel s'est écarté devant la musique, la foule, l'été. Rose. Bleu. Violet. Paris.
De groupes d'amis en groupes d'amis, je sautille, j'ai l'impression que personne ne pourra me retenir dans cette fuite en avant éternelle. A part la musique. La saison des festivals me fait plus de bien que n'importe quel médicament.

Médicament.
Et cette question lancinante "t'as des médocs alors ?". Fuite en avant.

Je ne bois plus, je ne peux plus boire, ça tombe bien, ce job qui a failli me faire sombrer dans l'alcoolisme est terminé dans 8 jours. Symbôle.

Si je cours assez vite, je ne verrai ni ma mort arriver, ni celle des autres, ni la fin de toutes ces autres choses que je double mentalement et qui sont loin derrière quand je réalise que je les ai dépassées.


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