mardi 6 mai 2014

Turning slowly, looking back, see



Deux ans.
Comme si les journaux n'étaient pas suffisants, le monde entier s'est mis à me le rappeler.

L'odeur de cuir mouillé et de café froid, partout. Comme à New York. 

Deux ans après mon attentat du World Trade Center à moi, on peut dire que j'ai avancé.
Si je ne l'avais pas fait, ça aurait été préoccupant, mais rien n'était gagné.
Pour autant, je ne dirais pas que c'est une victoire.
Je suis profondément traumatisée, à la fois par la rupture et ses circonstances, mais aussi par les semaines de solitude terrible qui ont suivi. 

Beaucoup d'amies ont subi des ruptures sales après moi, et cette expérience m'a poussé à être là pour elles. Même trop. Parce que cette désertion subie a été plus cruelle encore que le coup de guillotine initial.

On pouvait s'y attendre mais je n'ai pas retrouvé de petit-ami - déjà que celui-ci était un peu tombé du ciel.
Il m'a fallu 15 mois et 5 grammes pour ressentir à nouveau du désir.
18 mois et 4 grammes pour accepter qu'un garçon pose à nouveau ses mains sur moi. 

Le fait est que je suis une petite chose fragile et que chaque coup a un impact beaucoup plus important sur moi que sur la plupart des gens.

Il aura fallu 1 an et 10 mois pour que je puisse réécouter Eliott Smith.

Alors tout n'est pas gagné : 
Je ne peux toujours pas parler de New York ou entendre quelqu'un parler de New York sans sentir les prémices d'une crise d'angoisse se nouer en moi.
J'en fais une à chaque fois que je recroise les gens de cette époque là. Ceux qui n'ont pas survécu dans ma vie sociale.
Je n'ai rien réussi à construire avec personne alors que j'en crève d'envie. Mais les signaux d'alarmes sont généralement trop forts : j'ai vécu la déception, les non-dits, la lâcheté de plein fouet et je cherche celui qui saurait me rassurer sur tous ces points. Je reste persuadée qu'il n'existe pas. J'attends qu'on me détrompe. Mais attendre, c'est perdre à coup sûr.

Il aura fallu 1 an et 11 mois pour ne plus sentir ma bouche se tordre dès que quelqu'un prononçait son prénom.

A l'horizon de 2014, je regarde les couples s'étioler. Même ceux que les années n'avaient pas su séparer. Même ceux qui s'aimaient plus fort que la distance, les différences et la malveillance. Il ne reste rien, autour de moi, qui pourrait m'inspirer de l'espoir en la matière. Il subsiste seulement cette étincelle à la con, ce truc en moi qui me fait croire aux contes de fée et pleurer devant des conneries sirupeuses. Ce qui m'a fait appeler ce blog Love Street et ce qui me pousse à sourire aux garçons. Ce "peut-être, un jour" qui se glisse seulement un instant, parfois, dans mon flux de pensées et qui parvient à détraquer complètement mon système de défense. 

Je me suis fait à l'idée que nous cherchions toutes le "moins connard de tous", celui dont la connardise s'adaptera à notre souplesse et notre faculté à subir et pardonner.
C'est terrible, c'est affreux. Mais c'est le constat que je fais. 

Je ne sais pas ce qui fait partir en couille des garçons très bien à la base. Ce qui peut leur monter à la tête pour qu'ils se croient, d'un coup, comme ça, absolument tout permis. Pour que l'on passe de la prunelle de leurs yeux à "boarf, elle le verra pas" "elle me quittera pas pour ça" "je vais tenter on verra si ça passe". 

Je reste incrédule et désespérée, mais avec la volonté farouche d'être dans le faux.

Je n'arrêterai pas de chercher. Même si je passe mon temps à terre, vautrée dans la boue à déraper en tentant de me relever et ce en tentant d'oublier qu'il aura fallu 24 mois pour me remettre à peu près d'un mail envoyé en un quart de seconde.



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