Même quand j'étais la plus anonyme des petites lycéennes, puis étudiante, je brouillais les pistes sur mon vrai moi, juste pour le plaisir de, en pensant que ça me protégerait d'un grand méchant loup hypothétique.
Maintenant que je sais qu'il n'a rien d'hypothétique, et qu'il peut traquer n'importe quelle anonyme petite quidam, je me méfie d'autant plus.
Sauf la semaine dernière.
Je suis, depuis quelques temps, totalement désensibilisée de la vie. Je suis rentrée pieds nus, marchant sur tous les bouts de verre du XXème en rentrant de la Flèche, c'est pour vous dire. Trouver un boulot de m'a pas fait sourciller. Me faire éviter par d'anciennes amourettes au Salon du livre ne m'a rien fait. Me faire rentrer dedans par de futures non plus. Je ne ressens plus rien et je ne pense donc plus à me protéger. J'ai complétement baissé les armes, et, du même coup, les boucliers.
L'inauguration du salon du livre a été la porte ouverte à toutes les fenêtres. Une sorte d'exhibition en exclusivité de la Heights Slapette Johnson enfouie depuis 10 ans au fin fond des internet. Johnson & mon vrai moi ne faisions qu'un.
Dès lors, tout le monde s'est mélangé. Les gens vrais, les gens d'ici, les gens de là-bas. Ils font tous plus ou moins partie de ma vie. Savent à quoi je ressemble. Connaissent le son de ma voix.
Ce n'est pas pour ça qu'il n'y a plus de tricherie. Il n'y a seulement plus d'effort pour contenir ce qui ne valait pas la peine de l'être, puisque pouvant être si facilement découvert.
J'ai toujours tout dit d'emblée. Ce qui peut sembler être un secret profond ne l'est pas pour moi. Et au détour d'un café j'ai pu balancer à des connaissances toutes récentes des traumatismes que d'autres mettraient 10 ans de thérapie à s'avouer.
Mes failles sont ailleurs. Mes failles sont dans ce qui est naturel chez les autres. Mes failles ont tout à voir avec se rencontrer, rire, parler, boire ensemble. L'abattement des murs.
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