lundi 20 juin 2011

Alone

Personne ne bouge. Personne ne dit rien.

Ils attendent, retiennent leur souffle. Parce qu'en plus c'est à moi de parler ?

Ok.

Je sens à nouveau sa main s'agripper à l'intérieur de ma cuisse. Je me dégage d'un geste vif, net. Pas trop brusque. Il passe sa langue sur ses lèvres puis dit quelque chose qui finit par "chatte", je suis très heureuse d'avoir du Bashung très fort dans les oreilles.

Je réfléchis vite et bien. J'ai mon couteau dans mon sac. Oui. Est-ce que ça vaut la peine de le sortir. Peut-être. Est-ce que j'ai ma mini-bombe de déodorant ? Non. Merde.

Sa main revient contre ma jambe et tente de m'attirer vers lui, cette fois la chanson s'est arrêtée et j'entends "tu es très belle".

Justement, ce matin, le cheveu terne et les yeux cernés, j'avais attaché les uns et pas maquillé les autres, enfilé un vieux t-shirt par dessus même pas mon plus beau jean en pensant à la moi d'avant, qui était persuadée que chaque jour où je sortais sans être au top, je risquais de louper l'amour de vie. Well...

Toujours rien autour de moi, je cherche les gens du regard mais ils se détournent, je n'implore pas, j'opte pour la stratégie d'attirer l'attention sur lui. Alors je m'écarte d'un coup, la foule recule, un grand cercle entre lui et moi, et je prononce fort, mais sans crier : "Tu ne me touche pas !", j'affronte son regard, je sais que les gens autour ont beau ne pas bouger, ils le feraient si jamais ce malade me sautait à la gorge. Et puis. J'ai mon couteau.

Déjà, avant de monter dans la rame, un mec me bouscule, m'attrappe l'épaule en me disant "désolé mademoiselle" et me touche un sein avant de se barrer comme un voleur. C'est ça que j'ai en tête en montant. Ca et "il faut que je vérifie s'il n'a rien eu le temps de prendre dans mon sac", on est tous serrés, un couple de néerlandais vieux comme le monde se tiennent dans les bras comme si le Titanic sombrait. Non c'est juste la ligne 4, à Paris, à 19h30. Là je sens que quelque chose m'effleure les fesses. Parce qu'à ce moment là ce n'est que "quelque chose". Je me décalle, en pensant qu'il s'agit de la valise de quelqu'un. Ca recommence. Je me mets complètement de face pour vérifier que c'est bien ce mec, sale, au teint mat - forcément, ça pouvait pas être un wasp, non fallait que ce soit la caricature UMP de la racaille - les yeux fous, les mains tremblantes. Et puis se passe ce par quoi commence cette note.

Je sais que j'ai pris le bon wagon pour prendre directement ma correspondance, je peux donc m'élancer à vive allure, me caller entre le pas de deux hommes d'affaires - pas plus fréquentables peut-être, mais qui se tiennent dans le métro en tout cas - cette fois je cherche dans mon sac sans fond. Je le trouve. Je le serre. Mon couteau replié au creux de ma main.

J'arrive sur le quai de la 3. Il y a trop de monde de toute façon, je l'ai semé. Je m'assois entre deux femme, je n'ai pas besoin de reprendre mon souffle, je ne l'ai jamais perdu. J'ai mon regard de tueuse, mon coeur de pierre et mon armure sous-cutannée. J'ai - malheureusement - trop connu ça pour m'effondrer là, devant tout le monde, et surtout pas lui. Les pensées affluent, je suis heureuse de pas être une bombasse et d'être un 10/20 bien tassé qui demande rien à personne, et dire que pour une fois j'ai ni décolleté ni jupe, et, last but no least :

C'est aussi pour ça qu'il s'agit de mon premier contact physique avec un garçon depuis plus d'un an.


4 commentaires:

  1. A noter que mon couteau est un cadeau, et que, depuis que (hélas) deux grands blacks ont essayé de me serrer dans la rue en se disant l'un à l'autre "toi tu la prends par devant, moi par derrière", jusqu'à courir après moi dans ma propre cage d'escalier où ils ont laché prise, je le garde toujours à portée.

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  2. Oh my God!
    Rien que quand des types "louches" me causent dans le métro comme hier soir j'aime pas ça, mais alors là ... :o
    Décidément, Paris n'est pas pour moi!

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  3. Ca peut arriver n'importe où. Paris ou pas.

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  4. Paris est vraiment une ville de merde à cause de sa populace. Ville lumière de mon gros cul.

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