jeudi 4 août 2011

Yellow

21h et quelques en ce 3 août. Je suis sur le quai du métro, Gare du Nord.
Gare du Nord.
Gare du Nord. 
Je prends une claque. L'écriteau est bleu et blanc sur fond de mur en briques. L'odeur n'est plus la même. Les gens non plus. 
Je suis Gare du Nord et plus à Prague.

Je viens de laisser s'échapper ma compagnonne de voyage - parfaite de bout en bout. Partir en vacances avec quelqu'un étant avant tout une question de rythme, j'avais trouvé la personne idéale pour Prague, finalement, et ce même si ce n'était pas l'amour de ma vie (sorry dear).

Une claque aussi parce que je n'en reviens pas du peu d'effort qu'on fait, des lauriers sur lesquels on se prélasse, nous français. Ok, on a le plus beau pays du monde, la plus belle capitale, le meilleur vin, les plus beaux garçons, des baguettes et mon blog, mais putain de merde, débarquer à Roissy et devoir prendre le RER B (le plus crasseux/chaud/bondé de Paris pour les néophytes), traverser la banlieue nord, cette balafre indigne qu'on dynamite en essayant de faire comme si on n'avait rien construit et surtout rien parqué là dedans pendant des décennies. Mets toi dans la peau du touriste Japonais, c'est le voyage de sa vie, il a traversé le monde entier, il a du Versailles, du Tour Eiffel, de la Joconde plein les yeux, et voilà qu'on le trimballe dans un train à bétail et qu'il peut admirer Aulnay-sous-bois à loisirs derrière une vitre où les joues grasses d'un millier de badauds ont laissé des traces, tout ça pour débarquer Gare du Nord, dans ses dédales de couloirs lugubres. Le bruit, l'odeur. Paris ferait parfois mieux d'être en carte-postale. 

Je soutiendrai toujours que je ne pourrais pas vivre ailleurs en France, mais après ce que j'ai (re) vécu il y a une semaine en débarquant à Prague... Je pense qu'au lieu de traiter les "Pays de l'Est" comme le tiers-monde on pourrait en prendre de la graine. "Pays de l'Est" pour parler de Prague est une abomination totale. La République Tchéque a toujours eu une place, une pensée, une culture à part, et, peut-être plus que la France, a résisté. Résistance contre le nazisme, résistance contre le communisme, pour imposer son idée propre. Prague est un être vivant, peut être plus brisé, martyrisé et libéré que Paris. 

J'ai toujours laissé parler les mitigés, les tièdes, les "mais y a pas la mer à Prague", pas la peine de défendre une ville qui s'impose d'elle même. Comme un livre qu'on referme en se disant qu'il n'y a rien à rajouter. Où les personnages ne sont certes pas toujours aimables mais ont une histoire qui justifie tous les grognements de la Terre, une francophilie qu'on leur rend mal, une capacité à se relever un peu trop discrète dans les livres d'Histoire. Dixit la fille qui a habité pour une semaine l'endroit où Jan Palach est parti en fumée. 
Je pourrais vivre à Prague. Et je vais m'efforcer, dans mes prochains articles, de vous expliquer pourquoi (et vous comprendrez aussi pourquoi cette note d'intention/d'introduction s'intitule ainsi).


Good night to you.

2 commentaires:

  1. Euh coucou ? On me voit ? Ah cool !
    Je suis assez d'accord avec toi concernant le retour de bâton des gares parisiennes, sachant que perso, j'arrive à l'avoir sans même quitter la France. Paris Austerlitz à 7 heures du matin, avec le métro qui sent et les gens qui te regardent méchamment parce que tu oses te trimballer avec une valise (ce qui implique que tu as eu des vacances TOI), ça calme direct, ke retour était brutal u_u

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  2. Oui voilà, en plus du paysage tu as l'amabilité légendaire du Parisien dans les transports en commun. Et puis rajoutons les Champs-Elysées - qui font tant rêver les étrangers - couverts d'ordures.

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