vendredi 24 août 2012

My sorry-ever-after [Part III]




Il m'a ajoutée sur MSN (oui) et je crois que nous avons passé toutes les vacances de noël à parler.
Moi beaucoup, lui peu, mais les discussions démarraient toujours de son initiative.

J'essayais de cerner ses goûts en matière de fille, car j'avais une mission : lui trouver quelqu'une. 

C'est d'ailleurs dans ces circonstances qu'on s'est revus, fin janvier. J'avais ramené une autre copine à moi. Et j'avais bu, beaucoup, beaucoup bu. 

On s'est retrouvé devant une boîte de nuit sans vraiment que je comprenne comment. J'étais en crise et personne ne pouvait m'aider. Parce que personne ne savait. 

On m'a poussée à l'intérieur. Je tremblais. J'étais accrochée à mon sac. 

Ma pote n'était d'aucune aide. Elle me disait de me taire. D'être discrète.

J'ai voulu faire marche arrière. J'ai voulu prendre mes jambes à mon cou. Je me suis élancée vers la porte... et je me suis ramassée contre un mur de chair qui m'a soulevée, a fait un signe au videur, et m'a embarqué dans la boîte.

La Bête m'avait empêchée de courir seule dans les rues de Paris et de m'évanouir entre deux poubelles.

Je me suis tortillée pour qu'il me lâche. Il m'a retenue par le bras. M'a dit "viens avec moi". J'ai dit "Non. Pourquoi. Non. Pourquoi ?", il m'a regardé comme pour me demander "Tu as confiance en moi ?". 

Et j'avais confiance en lui. C'est bien ce qui me terrifiait. Je ne le connaissais pas, et j'avais l'impression de pouvoir tout lui dire.

Je l'ai suivi jusqu'aux vestiaires. Il m'a posée contre le mur. M'a dévisagée. Encore. 

Nos échangions de longs dialogues muets.

Ma copine, sa promise, est intervenue, ils sont descendus.

J'ai suivi. 

J'étais toujours en crise.

Je me suis endormie debout. En transe. Au milieu de la piste de danse.

Quand j'ai rouvert les yeux, La Bête avait la langue dans la bouche de ma copine et la main dans son pantalon.

Je me suis rendormie.

En dormant, debout, en transe, j'ai voulu partir en courant. C'est un ami de La Bête qui m'a rattrapée en me faisant "non" de la tête.

Finalement, je ne sais pas si nous avons décidé de partir ou si la boîte nous a viré, mais je me suis retrouvée dans la rue, à l'air frais. En queue de peloton. Nous avons entamé la longue marche pour rentrer à pieds de Paris à notre proche banlieue.

Durant notre pèlerinage, je me souviens d'une main ou deux sur mes fesses, la soirée était clairement devenue n'importe quoi. Je traînais avec des garçons hétéro. Je ne m'étonnais plus de rien.

J'avais mal au coeur.

Puis La Bête m'a passé une main autour de la taille. J'ai vérifié à deux fois que c'était bien lui, puis je lui ai dit, entre mes dents "c'est pas avec moi que tu devrais être."

Il a fait semblant de ne pas m'entendre. 

"Il va falloir que tu te décides
_ ...
_ Il faut qu'elle sache où elle dort...
_ ..."

Puis, un kilomètre après, il a fini par me lâcher et par rejoindre ma pote.

Le convoi passait en premier devant ma porte. Il était convenu entre tous les partis que ma pote rentrait avec La Bête et qu'on me déposait là. 

J'étais soulagée d'être à deux étages de chez moi. Je me sentais vide à l'intérieur. Sûrement la faim. 

J'ai dit au revoir, au fur à mesure que le groupe dépassait ma porte. Ma pote est passée. Et lui s'est arrêté.

Complétement saoul, il m'a prise par l'épaule, m'a secouée. Il n'articulait plus. Je ne le connaissais pas depuis assez longtemps pour comprendre ce qu'il voulait.

Il me disait qu'il voulait qu'on se voit tous les deux. Qu'il voulait qu'on dine ensemble. Qu'il voulait m'emmener au restaurant.

J'ai décidé que je ne comprenais décidément pas ce qu'il me disait. 

Il a essayé de passer derrière pour s'engouffrer dans l'escalier qui menait à mon appart'. Je lui ai bloqué le passage.

Je lui ai dit "Bonne nuit.", il m'a dit "Non" et m'a trainée jusqu'à un bac à fleur où il nous a assis. 

Il a commencé à me dévisager. Encore.

M'a attrapé une main. 

En l'espace d'une seconde, je suis redevenue sobre. 

Il m'a fait signe de m'approcher, je lui ai fait signe que non.

Il s'est mis alors à déblatérer sur tout et sur rien. Ca a duré un moment. J'ai compris qu'il voulait gagner du temps.

Et puis ma copine, ivre de rage, est arrivée, nous balançant un cinglant "Dites le tout de suite si je dois aller prendre mon train."

Je l'ai rassurée en lui disant qu'il arrivait tout de suite. Il lui tournait le dos et me regardait avec de grands yeux désespérés en murmurant "je veux pas, je veux pas, je veux pas.".

J'ai dit à ma pote "vas y, il te rejoint."

J'ai parlé très bas à La Bête. Je lui ai dit que s'il avait pas envie, il était obligé de rien, qu'ils pouvaient juste dormir. 

Il a gémi. 

J'étais tiraillée entre l'embarras de laisser ma pote attendre et celui d'avoir sur les bras ce grand garçon borné.

Et puis j'ai entendu la voix de mon amie, à nouveau "T'avais qu'à le dire si tu voulais qu'il monte chez toi !", et puis elle est partie.

C'est à ce moment là que j'ai compris que cette fille n'était plus mon amie.
Que si elle m'avait vraiment connue, elle aurait su que jamais je n'aurais fait un coup pareil. Que je me sentais déjà trop abjecte, trop malfaisante pour sortir avec un garçon dans des circonstances "normales". Elle aurait su qu'il ne se passerait jamais rien entre ce garçon et moi.

J'ai levé La Bête, il s'est assis à nouveau en disant "non non non". 

Je lui ai dit "tu fais ce que tu veux, moi je rentre."

Il a poussé un soupir plaintif. 

Je lui ai répété que rien de l'obliger à faire quoi que ce soit.

Il ne bougeait pas. Il y avait manifestement quelque chose qui m'échappait. 

Je lui ai dit que je pouvais l'accompagner jusqu'à l'appart' où il devait dormir, s'il voulait : ça a été le déclencheur. Il a secoué la tête négativement. J'ai insisté. Il m'a crié dessus "Non !". Et il est parti en courant, plus vite qu'aucun autre garçon que j'avais pu voir courir dans ma vie. 

En une seconde, il était en haut des marches, en deux, il avait disparu dans la nuit.

Je suis montée chez moi, lentement, repassant le film de la soirée dans ma tête.
Je me suis haïe. J'ai allumé les plaques électrique pour faire chauffer l'eau. Je me suis assise sur mon lit.

Je me suis dit "ce serait con que tu t'endormes, la cuisine prendrait sûrement feu."

Et je me suis endormie.

Quelques heures plus tard, je me suis réveillée dans une fournaise de tous les diables. A moitié intoxiquée. Ma garde-robe sentirait le cramé pour les mois à venir.

J'ai ouvert mes rideaux, mes fenêtres, mes volets, pour aérer.
J'ai frissonné.

Ma main était mouillée.
Le sol était blanc.
La neige avait enterré la nuit d'avant.


N'importe qui en serait resté là.
N'importe qui, mais pas moi.





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