lundi 20 août 2012

The ties that bind us they will never ever fray


[I'm not a Funeral-crashing dropout with a ghost friend]



Ces chaleurs assourdissantes me rappellent invariablement un été romain. 

Mes parents m'avaient embarquéz pour une croisière méditerranéenne, je partageais leur minuscule cabine, autant vous dire que c'était trouble in paradise. 

J'avais 14 ans et j'étais obsédée par les clips musicaux. Dans notre cabine, il y avait justement une petite télé qui diffusait en boucle les dernières vidéos à la mode. 
Cet après-midi là était sans escale, et mon père avait décrété qu'il ne voulait pas que je regarde cette chaîne - pas que je ne regarde pas la télé, non, juste pas cette chaîne, sûrement parce que c'était l'unique chaîne qui représentait un intérêt pour moi. 

Quand je n'ai pas changé assez vite la chaîne - j'ai dû parlementer - il s'est levé comme une furie et s'est abattu sur moi. J'ai juste eu le temps de rentrer la tête (comme on nous apprend à faire à la gym), de la coller contre mon ventre, derrière mes genoux, pour accuser les coups. 

Une pluie de coups. 

Ce jour là, il s'est bien déchainé, mais toujours pas assez pour que ma mère sorte de la salle de bain et me vienne en aide. 

Quand il a eu fini, il a attrapé la télécommande, changé de chaîne et s'est assis, un doigt dans le nez, comme à son habitude, comme si rien ne s'était passé.

En larmes, j'ai cherché à tâtons le premier bouquin qui passait par là et je suis sortie de la cabine.

J'ai cherché, en vain, un endroit où me planquer sur ce bateau aux murs transparents, où les autres vacanciers occupaient tout l'espace. J'ai fini enfermée dans les toilettes des femmes.

J'y ai passé l'après-midi entier. 5 heures. 

Quand je suis enfin sortie, j'ai voulu me rafraichir devant le miroir, c'est là que j'ai vu la marque sur mon épaule et mon omoplate.

Les cinq doigts de la grosse main de mon père imprimés sur ma chair. Ca n'avait rien de superficiel. Ca allait bleuir, verdir, et ça allait prendre une bonne semaine à s'en aller.

J'ai grogné. Je me suis traînée jusqu'à la cabine.

Le lendemain nous faisions escale à Rome, et, toute la journée j'aurai le droit aux vociférations de ma mère concernant mon gilet. 

Il faut m'imaginer en robe d'été et gilet en laine, par 35 degrés, marchant sur les pavés, poursuivie par une petite femme répétant inlassablement "l'hiver tu te balades à moitié à poil et là tu veux pas retirer ce foutu gilet" et me traitant de folle. C'était la double-peine.

Heureusement, comme pour me donner raison et faire taire ma mère, la pluie s'est mise à tomber.

C'est ce jour-là que je suis tombée amoureuse de Giovanni, le guide (évoqué rapidement là)

Le dernier regard que j'ai eu pour lui sur le quai avant d'embarquer à nouveau dans la prison flottante reste une des images mentales les plus ancrées dans ma rétine.


L'année d'après cette gentille petite chanson pleine d'amour est devenue l'hymne de mon adolescence :

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