jeudi 2 août 2012

What warm unspoken secrets will we learn ?



Je n'ai pas parlé de New York, pas entretenu la flamme, pas aiguisé mes souvenirs en les ressassant. Maintenant, tout est flou.

L'expérience est intéressante, un zapping en fondu, pêle-mêle-coq-à-l'âne, de chocs visuels en ressentis rémanents.

Dans ces bribes, je suis surtout assise dans un petit théâtre off-Broadway à voir ma vie sentimentale tout juste achevée défiler devant mes yeux. Princeton & Kate Monster me poignardent autant qu'ils me font rire. 

La salle de bain de l'appartement où je dors, détruite, rasée, quand j'y prenais une douche la veille encore, jolie métaphore de ma vie à l'époque. 

Un vautour qui déchiquette un rat, comme obsédée par cette vision, je me dis "il fait rien de mal : la souris est déjà morte et c'est vital pour lui", ma myopie m'aide à supporter la scène.

Le métro. Chaud. Humide. Une plaque avec le nom d'une entreprise qui me rappelle quelque chose - le souvenir vague de mon père se vantant d'avoir conçu certaines pièces.

14th Street qui passe et repasse, dans ma tête, dans mes trajets, sous mes pieds, dans mes oreilles Why'd you have to break all my heart... Couldn't you have saved a little bit of it ?

Mes sourires aux anges typiques qui m'ont totalement échappé pendant 3 semaines.
Ma chance habituelle qui semble vouloir me dire "you're still the same Johnsy Johns', only bigger, because in the US everything is.". Croiser Obama, tomber en plein tournage d'un film dans la 5th Avenue, dans la queue pour le Saturday night live. Oui. 

Toujours pas de sourire.

Bryant Park. Le Wi-fi maudit. L'inspiration qui court plus vite que je ne la rattrape. Je ne parle sur mon petit ordi qu'à des faux amis, des amis jetés depuis, de ceux qu'on oublie. 

Avoir mal au cul pendant 1h50 du Phantom of the Opera et oublier tout dès que "Down once more" résonne. La salle scotchée. Ma voisine agitée qui suppliait ses parents de se barrer pendant l'intermission a le souffle aussi coupé que le mien. Les larmes sautent des yeux.

Le calme enfin des salles de cinéma gigantesques. De leurs sièges qui engouffrent tout le corps et protègent, avec la pénombre, du monde extérieur.

Le coup de poing à l'estomac de la lumière qui se rallume après Defying Gravity.

La chaleur de plomb sur l'esplanade de Columbia University juste après la remise des diplômes.

Rufus.

La chasse au Loki.

Les billets.

L'impression d'immense prison gris-bleue.

Knocked up dans la file de la caisse du Zara de la 42nd.

L'arbre survivor de Ground zero. Les personnes pleurant, debout, dans la boutique.

Le bippeur qui te dit que ta bouffe est prête.

La pluie qui s'abat en masse et ma route qui se trace quand même.

Personne ne te regarde à New York.

Les couples se séparent dans la rue, très calmement. Ou moins. Et moi je m'assois à côté, pas loin. Je tends l'oreille.

Le chat qui a voulu m'ouvrir la fenêtre pour me laisser rentrer chez lui. J'aurais bien accepté qu'il me paye une bière et qu'on discute de nos déboires devant un bon feu de cheminée.

L'Eglise au milieu du cimetière.

Moi, tout juste entre le ciel et la terre, dans cet autre cimetière, au bord du lac, après le survivant du Titanic et avant de réaliser que les vautours me guettent, moi, ou les canetons qui font leur première sortie en famille.

L'alcool. Les pilules. Les et si ? quand le métro arrive en gare. Le vide depuis partout. Depuis en bas, depuis en haut. Le vide tout autour. Le vertige pendant trois semaines. Le saut dans le vide qu'a représenté prendre l'avion après l'horreur de ce qui venait de m'arriver.

New York.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Veuillez écrire un truc après le bip visuel : BIP