vendredi 31 août 2012

My sorry-ever-after [Part VII]



Nous avons repris nos habitudes, chez l'un, chez l'autre.
Il a raté son avion, une fois, parce qu'il préférait faire la grasse matinée chez moi.

Il a proposé de s'occuper de mon déménagement. M'a demandé si ça me dérangeait, s'il venait dormir dans mon nouvel appartement, parce que ça l'arrangeait, pour son nouveau stage. 
Il a été le premier à avoir un double de mes clefs.

Cette situation inacceptable l'était dans ma tête car je devais m'en contenter, parce que je ne valais pas mieux. 

Pourtant, quelque chose avait changé, le chahut était devenu moins innocent, lorsqu'il laissait traîner ses mains sur moi, ce n'était plus pour me faire rire mais pour me pincer. Lorsqu'il me plaquait sur le lit ça n'était plus pour me faire rire, mais pour me faire taire.

Une nuit, quand il a fait le choix de ne pas revenir dormir chez moi, mais chez nos amis, j'ai acquiescé et j'ai souri.

Je me rappelle clairement avoir marché jusque chez moi. La place, silencieuse, froide, la pub illuminée de Nicole Kidman pour Chanel N°5.

Je me rappelle clairement qu'arborant toujours ce sourire, j'ai senti à chaque pas mon coeur se déchirer un peu plus.

La sensation exacte d'une feuille de papier que l'on coupe en deux très lentement.

Je pensais avoir touché le fond.

Mais...

Il y eut une soirée particulièrement critique dans notre historique de soirées critiques.

Alors qu'il m'ignorait à nouveau lors d'une soirée et que j'avais à peu près deux bouteilles de vin dans l'estomac, je l'ai vu danser avec son ex. Je savais fondamentalement qu'il ne se passerait rien entre eux, mais l'idée, la simple idée, qu'il puisse être avec une autre m'a fait basculer.

Au sens propre comme au figuré : je me suis laissée tomber en arrière depuis le podium où tout le monde dansait, une fois par terre, je les ai regardé une dernière fois et je suis partie en courant. 

Je cherchais dans ma tête de quel endroit de ce lieu inconnu je pouvais me jeter.
Il avait les clefs de son bâtiment. J'ai donc couru à travers les pelouses jusqu'à ce qu'on me plaque sur le sol. Il m'avait rattrapée - bien sûr. Il m'a hurlé dessus. Je me suis mise à pleurer. Il m'a serrée dans ses bras, plus fort que jamais, puis il y a eu un grand silence.

Il m'a dit "Je croyais que c'était fini."

Je lui ai répondu "C'est pas parce que c'est fini que ça s'arrête."

Quand je l'ai regardé à nouveau, une larme coulait sur son profil. C'était la première fois. Je ne me serais jamais imaginée qu'il en était capable. Je le sais très sensible mais aussi très doué pour tout cacher. 

Puis j'ai compris : ce n'était pas la situation. Ce n'était mon désarroi. Ce n'était pas cette situation étouffante, invivable.

Non.

Il venait, volontairement, de s'écraser sa cigarette sur la cheville.


N'importe qui aurait été horrifié.
N'importe qui, sauf moi. 

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