jeudi 24 juin 2010

I've been loving you too long to stop now

Ils me regardent comme s'ils ne m'avaient jamais vue. Leurs yeux sont pleins de questions. Je réponds d'emblée :

_ I'm off to see the wizzard !
_ Tu veux faire quoi avec la météo ?
_ I'm off to see Robert !
_ T'es au courant que Twilight 3 ne sort que dans 15 jours ?
_ Je vais voir ROBERT.

Je sautille un peu plus loin dans le couloir. J'ai ma seule paire de bottes confortables, qui font un bruit d'éperon alors qu'elles n'en ont même pas, qui sont tellement creuses qu'elles résonnent. Aujourd'hui sera une journée creuse, and I'm off to see the wizzard.

Je crois que je l'ai répété de nombreuses fois, de trop nombreuses fois. J'ai même pris le RER pour ça.
19h30. Mais je ne me presse pas. C'est comme un pacte entre la Villette et moi. J'y ai trop de bons souvenirs pour courir. 
Déjà, sur la ligne 5, je vois des mini me monter au fur à mesure, toutes coiffées / décolletées / entalonnées alors que ça ne sert magnifiquement à rien.  Darkness'll be our friend tonight.
But :
We're all off to see the wizzard ! 

Toutes les mêmes écouteurs, et dedans la même voix. 

Le Trabendo et moi nous aimons d'un amour monumental. Ses marches et ma petite taille étaient faits l'un pour l'autre et rien ne pourra nous séparer. C'est dit.

Je me poste derrière un joli garçon qui a le bon goût d'être petit, et de sentir bon. Une bière à 4€ pour tout dîner, je téléphone à Milie incorporated, histoire de prendre des nouvelles de mes actions en Normandie du haut. 

Une demi heure plus tard, la brume frissonne un peu ma vision, je remonte sur mes deux pieds et je laisse le téléphone se perdre dans les entrailles du sac et aller s'échouer contre Robert, l'autre, en couverture du magazine que je trimballe.

Who are you ? You are not the wizzard ! What's up with your hair ? No one know where you came from ! Where are we going now ? 

Ma partie encéphale la plus bavarde ferme sa gueule le temps d'écouter l'intru et sa guitare ouvrir leurs bouches pour balancer : "Bonsoir. Je suis Bkmlsdgl Bmlksdgkl" et commencer à gratter.

What are you, boy ?

Ma tête se penche sur le côté, comme lorsqu'elle est intriguée, et j'entends Paolo Nutini sortir de la bouche du garçon. Puis je le vois dans tous ses traits. Dans son attitude. Dans son sourire qui commence à être irrésistible (but god damn ! c'est la première chanson seulement...)


Bam.
But... But... But you can't ! Parce que c'est le wizzard I wanna see ! Pas par toi que je veux être bewitched
 On m'a envoyé un boulet de canon en guise de préliminaires, et déjà, il dit des choses bizarres et je comprends pas. Et puis je comprends pourquoi je comprends pas. Il est québécois. J'ai jamais compris les québécois. J'ai jamais aimé les québécois. Qu'est-ce qu'il se passe ? 

Pourquoi tu es tout pareil que Paolo et pourquoi je suis pas en colère ? Pourquoi je suis même légèrement hystérique ? Pourquoi tu as ouvert un bouton en trop sur ta chemise ? Pourquoi tu as assuré grave quand ta corde t'a lâché ? Pourquoi tu... non... pas ça... Pas les D... PAS. How dare you ? Ok les Doors. Love me one time... (I could not speak) Love me one time (Yeah, my knees got weak)

Scarecrow is that you ? Where did you f***ing put my brain ?

Je reprends à peine mon souffle que deux larmes coulent toutes seules sans défier une seule seconde la gravité.
Je mets 5 minutes à comprendre que les lumières se sont rallumées. Qu'il est parti. Dispersé comme de la fumée. C'est limite si je tends la main pour vérifier que c'était bien un mirage.

Je lui en veux un peu, en arrière-plan, d'avoir détourné mon attention du but premier. 

Le but premier se fait attendre. 

Are you a fake, wizzard ? That's the question

Il est là. Il est normal. Mais plein de trous. C'est assez drôle pour que je le soupçonne d'avoir étudié le look. 
Il fait beaucoup de grimaces et a plus de dents que la moyenne des gens dans la vie. Il me dit qu'il m'aime. Qu'il m'aime. Qu'il m'aime tous.

Il est fort quand il chante parce qu'il rend impossible de le suivre même si l'on connait les mots. Il étire et il raccourcit, il fait de la chirurgie et pas de la charcuterie. Il est bleu puis rouge puis vert. Il est magique.

Je décide qu'il est magique.

J'oublie Bobby. Je contemple Robert. Il souffre chaque chanson comme s'il revivait leur écriture. Leur venue au monde.

Un soir, Robert était sur les collines d'Hollywood, où quelques années plus tôt, un certain James Douglas M. s'ennuyait déjà, la nuit s'avançait, the moon, the hills, y'know (I know, yes, I know), et Robert s'enfuie. Bourré comme une huître, et retrouve le chemin de chez lui. Et s'effondre. A plat ventre sur le parquet. Il pass out. Puis il wake up. Il grab une guitare en plastique toy's r us, et il... :


You said you want to be outside and you want to feel alive
I said I didn't want to move I just wanted to survive
So I sit here waiting for the sun to come
And I watched it rise like we'd never done

I want to kill myself just to kill all the pain

But then you'd know you'd feel like you're the one to blame
You were just too young and just too smart
Probably the best candidate for a broken heart

Rock and roll my little girl

Rock and roll in your big big world

In a drunken state I call your name

From the bottom of my soul to the blood in my veins
Those days in the car when I couldn't pull through
You sang to me and all I wanted was you

I cant seem to do anything right anymore

How the days are so long and the nights are a blur


I want you to know that I'll always be the only one there
While you listen to his heartbeat
While he runs his hands through your hair

Rock and roll my little girl
Rock and roll in your big big world

Each day he works past the 9 to 5
Tell me tell me how does he know if you're even still alive
You made a portrait of myself and it made me cry
And through all the tears I lost I looked myself in the eye

What kind of man have I become that I have to let this go
Fate has made a fool of me I'll reap now what I sow
We were just two people alike indignity
Felt the ancient grudge to the mutiny of me

And I guess this is where we'll end our scene
Where my civil blood leaves my seething hands unclean

Rock and roll my little girl
Rock and roll in your big big world

...il décide qu'il ne veut plus être un lunatic. Qu'il peut faire de la musique. Qu'il va enregistrer un disque. Qu'il va chanter au Trabendo et ce, à six mètres en face d'Heights Slapette Johnson.

Robert really is a wizzard.
(It meanz : Robert est very trop fort)

Puis Robert (pour un chanteur à minette, il a drôlement fait crier les garçons)(c'était jouissif), décide qu'il love us in so many different ways... et il Otis Redding. He does. 

Et puis Robert, décide de m'offrir une nuit au Bronze. Parce que Robert, s'il m'a fait courir dans les rues de Paris, de nuit, avec des talons et une robe violette, c'est parce qu'il a expié son adolescence dans un album, sur un coup de tête, après la biture de trop.

Parce qu'avec Robert, ce soir, j'ai fini d'expier mon adolescence, et que quand il a entamé Wild Horses, j'étais comme Buffy disant au revoir à Angel. J'étais comme dans une série américaine, devant un joli américain à chemise de bucheron trouée. 

Un joli américain qui a répandu deux fois plus de larmes sur mes joues avec All of my trains (http://www.youtube.com/watch?v=f-1ILqT5Bq4)
Et qui m'a dit qu'il m'aimait. Qu'il m'aimait. Qu'il m'aimait tous. Encore. Et que si j'en voulais plus, faudrait que je vienne "at Le Cigale iz zat right" ? 

Après "See you in June", Robert me dit "See you in November".
But Wizzard ! November is hard, November is cold, November I hate. And, surtout, ...how could I wait ?

Mais c'est pas ce que j'ai dit. 
J'ai regardé ses big big yeux, et j'ai juste dit "you need the love. You're here 'cause you need the love."

Rock&Roll in my little world...




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