lundi 21 juin 2010

Wed, Wed, Wed [Part III, the end]

Et donc, arriva la salle, debout dans la campagne, entourée de vaches et de gravelle. Oui, de gravelle, petits barbares.

[Depuis quelques temps j’en ai marre de faire des efforts à surveiller qu’aucun mot de Normand se glisse inopinément dans mes phrases de parisienne. J’arrête. Et les portes ont des clenches, un point c’est tout.]

Une jolie salle en forme de Cène, où la table d’honneur fait face à plein de tables rondes. Où je prends place à gauche de la mariée (toujours à gauche). Où j’ai un menu spécial nomeatnofish. Où j’ai le droit à un tour de table des gens présents dans l’assemblée, au qui et qui magistral.


Puis rencontre avec le DJ, quelques coupes, un jeu organisé par mes soins (je devais le faire mais j’ai traîné les pieds, je vous assure…), un mini discours, quelques cadeaux. Mon amour universel. Pas de larmes,  toujours pas de larmes.


J’ai gardé mes bottes de cowgirl, mon sourire béat et si un léger problème du côté maquillage/coiffure, personne ne semble me le reprocher.


Les plats se succède, le serveur est sexy, les enfants insupportables, un mariage quoi.


Oscillant entre bouffe immangeable car végétarienne cuisinée par des carnivores, et bouffe géniale par que je pioche dans les assiettes des mariés.


Je crois qu’à un moment à partir de là, j’ai décidé que le champagne c’était comme les légumes : à volonté. Décision qui causera ma perte quelques heures plus tard.


La lumière se tamise et les premières danses passent tandis que les bulles descendent. J’observe comme j’aime observer, un verre à la main, des mains changeantes sur mes épaules me glissant tel ou tel ragot à l’oreille.


J’aime la nuit qui tombe sur la Normandie profonde et les éclairs qui pointent derrière la baie vitrée.


La mariée a moins besoin de moi, je peux flotter.



Sur la piste de danse, deux hommes s’étreignent. Je suis en Normandie, et bizarrement ça ne choque pas les quelques ploucs de l’assemblée. Je me retourne vers ma chauffeuse du jour et co-partner in crime de l’enterrement de vie de jeune fille en lui disant qu’ils sont très crédibles, les deux là. Ce à quoi elle me répond que c’est normal : ils sont tout à fait gay.


Oh well.


L’intérêt pour la soirée redouble. Comme quand on lâche une nympho dans une boîte pleine de célibataires et qu’on ne la revoie plus de la soirée : moi ça me fait la même chose avec les cute gay couples.


Une approche plus tard, je m’installe à leur table, je bois je bois je bois. Quelques trous de mémoires, pauses clopes sans clope plus tard, balades sous la pluie et « T’es mignonne toi, t’as des seins, mais t’es mignonne » - l’un des deux me regarde, et dit d’un air badin : « Je suis séropo ».


Ma main droite se serre contre le verre en verre. Je perds la notion du temps – histoire que mon esprit fasse la rétrospective de tous mes amis ayant joué leur vie à la roulette russe avec ces conneries de « nan j’ai pas mis de capote » et que j’ai toujours insulté copieusement, parce que y’a que ça à faire, envers des gens qui mettent la vie des autres en danger.


Ma main gauche est allée toute seule faire sa conasse et lui tapoter gentiment le dos.


Il continue en me disant que c’est arrivé connement, préservatif qui claque, et que depuis ils sont condamnés à en mettre à chaque fois, lui et son mari – c’est comme ça qu’il l’appelait.


Je ne me sens pas différente de savoir ça, mais j’aurais tellement aimé que ce ne soit pas moi à cette place. Mais mes ami(e)s, anciens, actuels, qui ont pris ça à la légère, qu’ils se prennent ça en pleine gueule eux, c’est tout ce que je leur souhaite. Qu’ils se sentent cons, et misérables, en face de quelqu’un qui n’a pas eu leur chance.


Le ton badin est presque trop, mais toujours pas de larme. J’ai dû enchaîner sur un sujet ridicule car les éclats de rires ont repris de plus belle. J’ai fait ma princesse sur le dancefloor, bien sûr. Quelques doigts d’honneurs aux gosses insupportables.



Quelques verres de champagne plus tard et félicitations à la mariée.



Avant cette nuit là, j’ai été malade une fois à cause de l’alcool, et j’ai toujours accusé mon petit boulot dans un grand magasin où on m’avait assignée à l’inventaire des insecticides.


Je ne vous dirai pas ce qui m’a réellement rendue malade cette nuit là, et qui n’avait rien à voir avec le champagne, mais je pense que vous l’aurez deviné…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Veuillez écrire un truc après le bip visuel : BIP