vendredi 25 avril 2014

Every day I love you less & less


[I've got to know what's not and what is real
Oh yes I'm stressed, I'm sorry I digressed]

Au sortir de mon avant-dernière nuit de folie, je suis rentrée chez moi. J'ai baissé les rideaux - il faisait jour - j'ai machinalement fait taire le chat, puis j'ai déposé sur ma table de chevet la bague que je portais depuis dix ans. 

Dessus, il y a inscrit "Amor".

Je crois que c'est ce jour là que j'ai abandonné.

C'est sur ce sujet que j'écris depuis 10 ans ici, c'est aussi de cela que je parle constamment. C'est une obsession. Une vraie. J'ai même fini par atterrir dans une maison d'édition qui ne faisait que ça (mais je me suis soignée). 

Le fait est que désormais, quand je tombe amoureuse (ce qui m'a l'air inévitable, malgré les précautions prises), c'est bâclé en trois mois : je m'attache, je tombe amoureuse et je suis déçue. Je décide de me reprendre en mains et je vais de l'avant. 

C'est nettement moins fatigant pour mes proches que quand ça durait 1 an ou 2. Que quand je finissais à l'hosto à cause de ça. 

Je fus le témoin d'un mariage qui m'a émue aux larmes. Je viens d'apprendre qu'il était désormais l'heure du divorce.
Est-ce mon ombre de maudite qui a porté préjudice à cette union ? C'est complètement idiot, mais c'est à ça que j'ai pensé, quand elle me l'a annoncé.

Malgré cela, ce CV catastrophique et ce coeur de bric et de broc recollé à la va-vite, je m'amuse en m'apercevant que je suis considérée comme un vecteur de rencontres masculines pour mes amies. Je suis profondément peinée, aussi, quand je m'aperçois que pour certaines d'entre elles, je n'étais que cela.

Car les garçons sont intrigués. Ils me tournent autour. M'approchent parfois. Pour une seconde, une minute, une nuit. 

Paradoxalement, je n'ai jamais essayé de les retenir. Aucun. Je ne les ai pas chassés non plus.

Je ne suis juste pas le genre de fille avec qui ils veulent s'appesantir. Je satisfais leur curiosité : ils n'ont jamais vu quelqu'un comme moi. Ils s'étonnent de l'étendue de mon hypersensibilité. De mon passé de bras cassé. De l'incongruité de ma manière de penser. 

Mais les garçons que j'aime bien moi aiment les jeunes filles fades et clichés. Celles qui font joli sur papier glacé et qui ne feront pas de vague devant papa maman. Celles qui leur coûtent cher mais qui, au moins, se taisent. Celles qui ne les remettent pas en question et ne les questionnent pas. Celles pour qui ils sont un aussi bon placement qu'elles sont un joli trophée. Ils aiment malheureusement celles qui sentiront un peu trop tôt combien ils les aiment et qui se serviront de cet avantage pour les saigner à blanc.

Je regarde ça sans plus grand étonnement. Avec la tête sur le côté. En me disant qu'il s'agit d'un gâchis monumental. Puis je me reprends : c'est exactement le genre de gens qui ne me méritent pas. Alors pourquoi je m'offre toujours à ceux-là ? Pourquoi est-ce eux que j'aime décrypter ? Disséquer ?
Les gens dans la norme. Les gens basiques. Les gens qui ne font pas de remous. Qui font métro boulot dodo. Qui pécho ce que leurs meilleurs potes leurs disent de pécho. Qui ne veulent surtout pas "avoir l'air" de quoi que ce soit.

Je crois que c'est ça "mon genre". Cette réponse à la question qu'on me pose souvent.
Mon genre, ce sont les gens à l'opposée de moi. Parce qu'à quoi bon sortir avec un erzatz de soi-même ? Si je veux me retrouver, je passe un moment avec moi.
J'ai un besoin immense de complémentarité. Pour comprendre un peu mieux le monde, il me faut la vision de quelqu'un qui ne le voit pas comme moi.

Oh, et il faut qu'il ait des cheveux.
C'est important, les cheveux. 

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