mercredi 30 avril 2014

The triumph of a close and loved one


[The journey to the golden throne]

Beaucoup de mes amis ne comprennent absolument rien à ce que je fais de mes journées, mais m'aiment quand même.

Les gens n'osent généralement pas me le dire, mais s'ils avaient un qualificatif à m'attribuer, comme ça, ce serait "compliquée".

Le fait est que ma vie est super simple en fait. Plus que la votre. 

Je m'en suis rendue compte quand j'ai fait des visites pour trouver quelqu'un pour m'aider à payer le loyer de mon palais royal. La question qui revenait le plus souvent, de la part des personnes intéressées, était : "Mais euh, tu fais quoi pour t'occuper ?". 

Je prenais un temps pour répondre, à la limite de l'interloquement. Je veux dire : ils étaient dans ma chambre à ce moment là et voyaient très clairement mes posters d'hommes charmants, mes hectares de livres et mes deux ordinateurs, ma tablette et mon smartphone posés nonchalamment. Qu'est-ce qu'il faut de plus à une vie ?

J'ai alors compris - parce que je suis quelqu'un qui pèse cérébralement - qu'ils voulaient dire "quand tu sors d'ici, en fait.". 

J'ai donc dit : "Je vais à des concerts. Surtout à des concerts ouais. Et au théâtre aussi. Et au ciné, bien sûr. Mais ouais, la musique." "Ah tu en joues ?" "Ah bah non." "Oh." "Ouais." "Mais tu fais des choses ? Genre tes hobbies." "Bah. Je vais au théâtre, au ciné, mais surtout voir des concerts ...? non ? Toujours pas ?" "Pas de dessin ? Pas de poterie ? Tu cuisines au moins ?" "Non." "Aux trois ?" "Non aux trois." "Mais... tu fais du sport au moins ?" "Si par 'au moins' tu veux dire 'le moins possible' alors oui on peut dire ça." "Et t'as quelqu'un ?" "Je vais bientôt posséder un chaton !" "Nan mais... je veux dire... Enfin..." "Non j'ai pas de copain je suis célibataire ça va merci pas la peine d'en rajouter non mais oh est-ce que je te demande moi avec qui tu couches enfant de salaud." "Ah ok. Mais tu dois avoir beaucoup de temps libre, vu que t'es au chômage, non ?" "Oh oui." "Et tu en fais quoi ?" "Je regarde mes murs." "Bon bon bon." "Voilà voilà." "Bon bah c'était sympa." "Comme tu dis." "..." "...".

Voilà, dit comme ça, ça donne pas vraiment envie d'entrer dans ma vie.
Je ne sais pas trop ce qui a fait que le peuple de mon coeur est passé devant chez moi, a vu de la lumière, est entré, et a décidé de rester.
Il faudrait leur demander.
Ca m'intéresserait de savoir, en vrai.

Ma théorie, c'est que je les ai eus à l'usure. 

Il y en a quand même une poignée pour lesquels je sais pourquoi : 

Il y a ceux qui forment la fanbase, ils sont trois et demi, et m'aiment parce que j'écris et pour ce que j'écris. Ils ont lu tout mon blog et me font terriblement peur, c'est pourquoi ils seront toujours mes amis, jamais mes ennemis - ils me connaissent trop pour qu'on se fâche un jour. 

Il y a ceux qui m'utilisent, mais comme ils sont sympas et pas trop chiants, je les laisse vivoter dans mon espace vital quand je l'ai décidé. Parce que je suis une assez bonne poire au fond : j'ai toujours eu des appart' qui se transformaient vite en auberge espagnole, j'ai toujours eu un frigo - certes végétarien - mais toujours fourni en alcool en libre service, j'ai toujours eu des produits culturels qui faisaient passer mes étagères pour une bibliothèque publique aux yeux de certains. Je trace une limite entre "parasite" et "ami relou" à partir du moment où il y a donnant-donnant. 

Il y a ceux qui ne peuvent pas s'en empêcher. C'est un peu comme si j'avais fait "papier tue-mouche" sur eux. Genre ils peuvent plus partir. Et on se voit souvent en plus. On n'a rien en commun, ou presque, mais on est bien. On picole, on mange et on parle de trucs universels, genre de garçons, et de l'amour et de voyages loin. On parle beaucoup, parce que parler je sais faire. Je devrais dire ça quand on me demande "Mais tu fais quoi ?". Parce qu'il y a que dans des conversations à bâton rompu que je vois ce type de réaction bien particulier de la personne impressionnée. Vous savez : ce petit mouvement de recul, cet écarquillement des yeux, et cette bouche qui déborde de "Johnson, tu es fantastique, tu es exceptionnelle, tu es formidable.".
Ca entraîne chez moi un froncement de sourcil et un "euh... ok", parce que bon, vu que je suis habituée à ce qu'on me dise que je sers à rien puisque je fais rien, là, d'un coup, ça fait un choc. Genre j'aurais une place dans ce monde finalement ? Fallait me prévenir. Je me serais habillée. J'aurais fait un effort pour l'occaz', quelque chose. 

Ceux qui ne peuvent pas s'en empêcher sont mes préférés. Parce qu'ils justifient mon existence et que j'en ai terriblement besoin. Car oui : je ne fais partie de rien de tangible. Je n'ai ni famille, ni attaches professionnelles et je n'ai jamais eu une relation amoureuse de plus d'une poignée de mois. 

Seulement, parfois, je dis des trucs (ou je les écris), et ça résonne chez les gens. Et ça fait avancer leur monde. Un peu. 

Et je sers à ça. Et c'est ça, que je fais.


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