lundi 14 avril 2014

How the birds will sing as I count the rings around my eyes



Quelque part entre le ciel bleu, la mer bleue et une paire d'yeux de la même couleur, je me suis souvenue que je n'étais pas une victime - et que je ne le suis plus depuis un moment maintenant.

Une plage mythique, des rues familières mais sensiblement différentes, des amies aussi ancrées dans ma vie que du béton armé, et des litres et des litres et des litres de bière. 

Trois bougies sur des chocolats gratuits. Des shots.
Une course poursuite dans les rues mouillées du Havre pour parvenir à attraper un tramway puis un train.

C'est si inespéré que nous soyons toutes les trois célibataires en même temps que c'est aux antipodes d'être désespéré. Personne n'a chouiné. Tout le monde a levé le coude, bougé en rythme & posé ses fesses sur des tabourets de bar. 

Because that's how we deal with it.

J'ai hérité d'un nez rouge donc, mais pas parce que j'ai pleuré : parce que mater de jeunes marins folâtrer ça envoie pas mal de réverbération dans la gueule.

Des selfies place de l'hôtel de ville à la classe suprême de ces deux serveurs, tout s'est passé à merveille.

Même la désillusion du week-end était drôle.

Imaginez donc : un type que je quitte un peu vite, il y a 18 mois, après une soirée arrosée et quelques baisers - mais comme à cette époque là, je laisse ma carte de visite à à peu près la Terre entière, il me recontacte et émet la volonté de revoir. Beaucoup. Souvent.

Sauf que. A cette époque là on est M+6 après ma rupture-ruineuse de vie et je ne suis pas prête. Alors oui, je pourrais lui laisser une chance, mais il est au Havre et moi je m'apprête à commencer le job de ma vie à Paris et j'ai pas la tête à ça. Alors je lui explique et on en reste là.

Ce week-end, face à une pression de groupe à laquelle j'ai cédé plus par curiosité que désir réel, je le recontacte. Au milieu de la nuit : réponse. Miracle : il se souvient de moi et est ok pour reprendre les choses où on les a laissées. 

Là encore, il y a une sorte de résonance en moi qui me fait dire "Nan." "Nan nan nan." "Pas lui." "Huh huh." mais je me dis que c'est sans doute juste la trouille. Je continue à dérouler le fil de notre histoire. Je l'invite à nous rejoindre, dans la soirée, dans un bar. 

Il me répondra relativement tard, relativement tôt, qu'il est bien fatigué et qu'il est chez lui et compte y rester, mais que je peux venir hein, pourquoi pas. 

Je regarde mon téléphone dans le blanc des yeux en pensant sincèrement "Non mais il a pas compris que c'est à Johnson qu'il a affaire ?". L'accusé est jugé coupable de moindre effort par l'assemblée. Et l'affaire classée.

Re-tournée de shots. Re-bières. Je ne suis même pas déçue, mais du coup il va falloir se trouver un plan B. C'est pas faute d'avoir maté allégrement. C'est un réflexe, après tout. Mais j'avais la tête un peu ailleurs, un peu beaucoup avec mes potes, surtout.

Re-texto. 1h30. "Ma porte t'est toujours ouverte.". Je me fais arracher le téléphone des mains et la voleuse en question tape un légendaire : "Tu peux te gratter".

Elle me quitte au profit des toilettes. Je suis seule au bar. Trop occupée à imprimer la scène sur ma rétine pour faire gaffe à qui vient de se planter à côté de moi.

Le blond qui m'avait occupé les yeux une grande partie de la soirée. Le genre de garçon que je ne tente même pas d'approcher, mais là. On est deux. On n'est que deux. Il me regarde. Gueule un bon coup pour se faire servir. Je l'informe que le service est terminé. Il insiste. Je lui dis que j'ai eu le temps de développer une relation fusionnelle avec ces deux serveurs en quelques heures et 5 pintes et qu'il pourra toujours se brosser. Il me regarde avec défi. Je lui réponds en buvant une gorgée de ma bière, parce que moi, il m'en reste. Il a l'air intrigué. Le serveur arrive. Le serveur dit "fin de service". Je propose ma bière au garçon assoiffé. Il la refuse une fois, deux fois, trois fois. Il boit. Je ne sais plus de quoi on parle. Ses yeux. Du fait qu'il était notre voisin toute la soirée et qu'on s'est mutuellement cordialement ignorés. Ses cheveux. Je lui explique le pourquoi de cette soirée, c'est sûr que ça va l'intéresser. Son cou. Je me mords la lèvre et je me dis en même temps "oh oh oh, on les approche pas ceux-là d'habitude.". Ses mains sur ma bière qui fait des allers-retours entre ses lèvres et les miennes. Son pote nous interrompt. Le videur nous interrompt. On n'a manifestement pas envie d'être interrompus. La soirée va se poursuivre dans l'appart' de mon amie. Je ne suis pas sûre de vouloir être entourée par autant de gens. Je suis sûre que je veux être entourée par ses bras à lui. Je baisse la tête. Quand je relèverai les yeux, je serai sûre. Sûre de si je le désire ou pas. Sûre de ce que je vais faire. Parce qu'une fois que Johnson sait ce qu'elle veut, elle l'obtient. La frustration n'est pas une option possible quand on la vit aussi mal que moi. Je plante mes yeux bleus dans les siens. Je ne le lâche plus. Maintenant, je sais. Il essaye une vanne. Il la coupe au milieu, parce que mon regard lui dit tout ce que ma bouche n'articulera jamais. C'est le Raspoutine-move. C'est l'hypnotisme que je ne sors qu'aux garçons que je veux vraiment. Il sourit et soupire et passe une main pleine de tension sur sa nuque. Mes yeux sont toujours calmes et figés, ils caressent les siens comme mes mains n'osent pas encore caresser son corps.
"On va poursuivre la fête chez moi, nous.". Sourire satisfait. 

Je fais un au revoir indispensable à mon amie qui part bien accompagnée. 

Je me dis que je n'ai jamais été aussi efficace. Que je commence à sacrément me connaître, même si je me suis toujours autant étrangère. Même si tout cela est nouveau pour moi.

La suite... La suite me donne un sourire de folle furieuse sous calmants depuis hier matin. La suite m'a donné envie de danser en continu, malgré mes muscles fatigués. Malgré les paupières lourdes d'avoir sorties leur special move et des trois heures de sommeil seulement. 

La suite s'est arrêtée quand je suis sortie de chez lui. Sûrement pour la vie. Mais qu'importe. Autant achever une histoire quand elle est encore parfaite. 

Il était beau. Il était jeune. Il était sûr de lui et moi de le vouloir. 

Le ciel pouvait bien être gris, I felt infinite.



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