lundi 14 juin 2010

Wed, Wed, Wed [Part II]

Et puis l’Eglise.



J’ai toujours eu une love/hate relationship avec les églises.



Je ne suis ni baptisée, ni croyante, bien que descendant d’une famille catholique des deux côtés (le manque de mixité est un de mes regrets généalogiques).



Et puis là on a traîné dans l’herbe, j’ai failli y laisser mes chaussures de princesse. J’étais stressée d’un stress trop stressant. Parce que j’allais parler. Dans un micro. Devant des gens.



L’écriture du discours avait été un arrache-poil-de-la-tête parce que moi = pas catholique, alors que les mariés = très catholiques.



Il fallait refléter leurs vœux sans trop en faire, sans  trop en dire, sinon c’était mentir…

J’ai versé dans l’eau de rose, sans basculer dans l’essence. J’ai sorti un poème de Nerval du fond de mes entrailles avec la gorge qui se noue et les larmes qui perlent. J’ai parlé dedans le micro, appuyée sur le pupitre. L’espace d’un instant j’étais le révérand de 7th heaven en plein sermon.



Le prêtre était pas content content (qu’est-ce que ça aurait été si j’avais lu la lettre de suicide / d’amour universel de Zweig comme c’était prévu…) et a balancé un truc du genre « z’avez vu hein, c’est pas simple de parler devant des gens ». J’aurais pu rajouter « Je m’en fous, ma robe est plus belle que la tienne. » mais j’ai préféré re-aller m’asseoir, enfin pas tout à fait, parce que les églises catholiques c’est Véronique et Davina : et on se relève, et on se dérelève, on se rerelève et on se dérerelève.



Bref, ça tous les dimanches et ça m’étonne plus que les vieilles aient des problèmes de genoux.



Les miens tremblaient. J’avais l’air d’un mouton à vache folle. Parce que tout retombait. J’avais fait le plus dur de ma mission – et presque pleuré la mariée.



Signer les registres, encore.



Et puis sortir. Souffler. Transpirer encore un peu, mais cette fois recouverte de serpentins et de confettis.



Puis séance photo, où le siouper photographe « je suis un aaaartiiiiiste » refuse de me voir courir nue dans l’herbe autour du couple, comme c’était subtilement proposé par l’assistance. Finalement il me voudra de profil (quelle idée… j’ai le pire profil du monde depuis le sphinx, but whatever).



Entre temps, je me demande comment d’un bled aussi misérable est sorti ce mariage über classe.



Puis je monte la grande rue jusqu’à l’école où se tient le vin d’honneur.



Servir. Oui mais de l’alcool.

Tout le monde se jette sur les soft, chaleur aidant. Et je me pose sur un banc, enfin.



Je commence ma longue descente de champagne. De brioche. De chouquettes.

Je commence à détester les enfants.

Je commence à respirer.



J’entre dans la partie festive du mariage.



Puis je reprends les rênes. Je recoiffe la mariée. Je lui enlève son voile. Je la force à boire. A s’asseoir. A aller aux toilettes.

J’ai l’impression d’être nounou d’une jeune fille de 23 ans.



Je change enfin de chaussures. J’ai l’air d’une fermière tout à coup avec ma robe à froufou et mes bottes, but whatever.



Je retrouve les Suisse à l’ombre d’un platane. Ils sont beaux. Ils font du bien aux yeux et chaud au cœur (oui, c’est à peu près là que le mien a fondu comme une guimauve et que depuis il est resté dans l’état).



J’avais vu Jacky boire du champomy plus tôt… je lui balance sur le ton de la blague que du coup j’étais la dernière alcoolique de la bande, que je regrettais le  temps des bières autour du feu de camp.



Et puis dans un sourire elle me balance : « D’habitude oui, j’aurais bu, et de bon cœur mais étant donné les… circonstances. ». Elle passe une main sur son ventre pour m’indiquer de quelles « circonstances » il s’agit.



Et je tombe de haut.

De 5 ans en fait.



Mariage. Ok. J’avais pu gérer. Mais bébé…



Bébé c’était réservé à la case « grandes sœurs de moi plus vieilles d’une bonne dizaine d’années ».

Pas à mes copines de lycée.



On passe tous par là, je sais. Mais chez moi, c’est aussi synonyme d’une plus grande solitude encore, vu que je ne suis pas prête du tout à considérer la reproduction de moi-même comme une possibilité envisageable.



J’aurais besoin de l’heure de route, cheveux aux vents, orteils en éventail, à assommer ma chauffeuse de « tu t’reeeends compte » (ma signature phrase de traumatisme, utilisée à de nombreuses reprises depuis ma première rencontre avec Carl B.).



Destination finale : la salle du repas.

1 commentaire:

  1. je m'en souviens du "tu te rend compte" entre deux indications du gps^^, et du champagne aussi, du trop plein de champagne^^.

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