mardi 24 mai 2011

Open Book

Une soirée entre filles et la question du C.V amoureux qui arrive sans frapper. Moi, j'étais plus occupée à roucouler dès que le serveur s'approchait, j'avais pas trop envie de foutre la déprime à toute l'assemblée, mais j'ai pas pu y échapper. Notamment parce que je suis passée en dernier.

Je ne sais pas pourquoi mais, en ce moment, le monde semble porter un intérêt sans commune mesure à ma vie amoureuse (inexistante, on ne le dira jamais assez : même un pote voulant rendre jalouse sa convoitée a renoncé à faker une relationship avec moi sur FB parce que mon nom n'y est "pas assez crédible" c'est vous dire le niveau).

Bref, je raconte, depuis le début, je m'embrouille, j'essaye de faire court, de ne pas faire gaffe aux yeux ronds qui me fixent et de ne pas entendre quand on me dit "en fait on pourrait faire une série télé de ta vie amoureuse, même pas besoin de scénario, tout y est".

Parce que je suis mal à l'aise avec cet aspect de ma vie, que je ne semble pas bien comprendre, et que j'ai fini par mettre de côté, pour accepter d'être seule pour les siècles des siècles puisque pas adaptée pour un sou à l'état d'esprit relationnel actuel, mais, même si on le met de côté, il vous revient toujours comme un boomerang dans la gueule.

Et, si je suis si nulle en relations en général mais que j'ai tout de même vécu des trucs de fous, des sommets de romantisme, des fosses marines de glauque, c'est parce que je suis littéraire.

Ouais.

Je pense qu'à force d'aimer tout ce qui est romanesque, grandiose et passionné : je l'attire. Pour le meilleur comme pour le pire. Même si c'est inconscient : je ne fais jamais dans le facile (et pourtant, je suis amoureuse de l'évidence ultime)("évidence" étant le mot-clef du mois passé)(bref), dans le peu, dans le moyen. Je suis critique et je vis des situations critiques. Plusieurs fois j'ai failli ne pas en réchapper, aussi bien m'étouffer de bonheur que de douleur.

J'en ai besoin pour nourrir mon imaginaire qui est un monstre assoiffé jamais repu qui ne me laisse tranquille que lorsqu'il digère (à la manière d'un serpent, pendant plusieurs mois parfois), et après, il créé. Parce qu'à la manière de la digestion faut bien que ça ressorte quelque part (ah mais j'ai pas dit que mes métaphores étaient spécialement poétiques)(pardon). Ensuite c'est l'engrenage : boulimie de situations extrêmes soit pour atteindre cette phase de calme (quand le manège va en ligne droite quelques secondes avant de plonger en avant) ou pour créer toujours plus. J'en suis venue à me dire que la diète était la solution, des petites doses d'excitant. M'entourer de garçons innoffensifs (gays, déjà pris et heureux de l'être...), d'oeuvres qui endorment l'esprit (exemple : regarder un épisode de Glee à la place d'un épisode de The Borgias, histoire d'endormir mon cerveau et non de le mettre en alerte et qu'il ne décide de se lire toutes les pages wikipédia sur Cesare, Alexandre VI et consorts à 2h du mat').

C'est pour ça que lorsque je reçois des coups de fils en début de soirée et qu'on me demande "je te dérange ?" les gens sont surpris de se voir répondre "non, je faisais du yoga". Du coup ils rient fort. Parce qu'ils connaissent mon sens inné de l'équilibre, mon endurance légendaire et mon calme absolu.

Je ne sais pas si j'aspire à devenir quelqu'un que je ne suis pas. Plus saine d'esprit. Plus adaptée au monde qui l'entoure. Et ce en vain. Ou si ce processus est naturel, que je m'assagis avec mon grand âge.


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