dimanche 7 mars 2010

The Boy looked at Johnnie

[HEY ! Je t'ai vu toi là-bas, oui toi, le lecteur qui n'a toujours pas écouté de Robert Francis, fiche le camp, zou, tu reviendras après Junebug]


Enterrement de vie - enterrement de jeune fille, plus je le retourne, plus l'intitulé de ce rituel me laisse perplexe.
Je suis témoin, alors je ne me pose pas de questions, et j'essaie de combler une future mariée en fleur qui débarque fraîchement de Normandie.

La nourrir, déjà, puis l'emmener checker de la montre à gousset à la boutique Les Fleurs (Ledru-Rollin).
Elle a 22 ans et elle se marrie. 

Mon sourcil gauche se lève étrangement quand je la regarde et je me force à le faire redescendre dès qu'elle me regarde.

Après tout, elle est entre de bonnes mains, son monsieur est quelqu'un de bien.

Un petit tour par Orsay et puis s'en va vers Pigalle, non pas pour ce que vous croyez, mais pour un diabolo fraise.

On traverse la rue et on pousse la porte du Théâtre de 10h (non, pas de blague sur l'horaire du spectacle, toussa, j'y ai pensé, mais vraiment... non). 
Il fallait bien trouver quelqu'un qui puisse réunir trois cerveaux très différents, et on peut dire qu'il est parfait pour ça. Dans le genre "tout le monde y trouve son compte". Et puis la demoiselle en question aime les bruns, et aime les cheveux. C'était un 2 en 1 complet.

Petit moment de boost de self-estime. Puisque ça fait pas mal de temps que je suis les virvoltements (virvoltations ?) du garçon, grâce à la magie d'internet. Il s'agit de la première fois que je me traîne jusqu'à son troisième rang dans une salle pas plus grande qu'une salle de classe. 
Et miracle, ça marche aussi en vré. 
Ca marche surtout, ai-je envie d'ajouter.

Quand il aborde les deux types de regards que lui lance son public - le fuyant et l'insolent - je suis fière d'en avoir un qui n'a rien à voir.

Le regard éditorial.

Statistiquement, j'étais la seule à pouvoir l'avoir dans la salle.

Le regard, en gros, de la meuf qui renifle le talent assez tôt pour s'entendre dire "euh non" à ses "Tu connais ?", le regard de la meuf qui peut se dire "j'avais raison", le regard de la meuf qui se dit "dans 10 ans il fait Bercy" (oui, l'éditrice en fait trop).
Et l'éditrice dira toujours avoir découvert un tel ou un autre avant tout le monde, sinon, ce n'est pas la meilleure.

Et ne pas être la meilleure, quand on est éditrice, c'est un peu être la pire.

Parenthèse philosophicale refermée, j'ai ensuite emmené mes girls dans ma cantine Indienne, le Shenaz, rue Houdon (genre tout droit en sortant du métro Pigalle, tu peux pas te tromper Padawan).

Le restaurant que tellement je leur amène de la clientèle qu'ils vont bientôt me proposer leur cadet en mariage et virer Aishwarya Rai de leur Panthéon pour y coller mon effigie.

Pour l'instant ils se contentent de m'offrir le cocktail maison et le digestif à la rose qu'il est bon. Mais work in progress.
J'offre à mon enterrée la boîte playmobil avec le marié et la mariée, histoire de couronner le gâteau le jour J. Je trouve que j'ai des idées dlaballe. 

Et puis je lui pose une simple question : "Tu l'imagines comment le bar où on va après ?" "Oh, euh un bar sympa, avec de la musique et des cocktails, j'ai bon ?" "Et les serveurs, tu les imagines comment ?" "euh normaux ?" "Tu les imagines... habillés ?" "Bah oui pourquoi ?" "Parce que tu risques d'être un peu déçue... So sorry"

Passage dans les toilettes du dit restaurant pour une transformation digne de Clark Kent, j'enlève l'élastique retenant mes cheveux et je secoue. Me voici pourvue d'une crinière de lionne. 

Direction le Latin Corner. C'est ma toute toute première fois. Et je ne regrette pas. Ambiance plutôt bon enfant. 
Le principe de ce lieu, mesdames, messieurs, est que plus l'heure avance, plus les serveurs se délestent du superflu vestimentaire les gênant dans la servitude de cocktails tels que le Screaming orgasm, Sexy toy ou encore le Proposition indécente.
Et si on insiste, ils se frottent.
Non, je n'ai pas insisté. J'ai pas eu besoin, mes cheveux sont doux et encouragent le tripotage caressant en passant.

On peut dire que devant notre serveur, progéniture vraisemblable d'une statue grecque et d'un mannequin Calvin Klein, je n'ai pas fait mon regard éditorial. Non.
J'ai fait mon regard de fille devant la progéniture vraisemblable d'une statue grecque et d'un mannequin Calvin Klein.

Tu ne peux pas décoller les yeux. Et ce boxer fluorescent était tout simplement illégal dans quelques uns des états américains, je pense.

Dès qu'il disparaissait et que je pouvais remettre le nez dans mon cocktail, je me sentais plus parisienne que jamais. Fermant fort les yeux pour me moquer de moi même je me décidais à évacuer cette idée tout de suite. Me levant et embringuant la future mariée dans une danse complètement déstructurée, pensant à un moment, je ne sais pourquoi, "si Robert me voyait", oui, je ne sais pourquoi.

Quand je suis Païn, l'éditrice n'est jamais loin. Quand je suis la parisienne hautaine, Païn finit toujours par surgir un peu n'importe quand, n'importe comment.

Et je n'ai pas de futur mari pour trancher sur qui est Jekyll et qui est Hyde. 

Le Watchmen n'est pas loin, puisqu'elle a le bon goût d'évoquer sa pièce, son théâtre, sans rien savoir, et de me dire "tu te souviens, au lycée, quand cette prof changeuse de vie nous a dit qu'il fallait y aller au moins une fois dans une vie ?".
Phrase énigmatique de ma part : "C'est quand j'y suis retournée que je suis tombée amoureuse".

Une fois ça ne suffit pas.
Je crois que c'est ma morale de ce week-end. 
Et c'est pourquoi j'organise une deuxième soirée (incinération de vie de jeune fille ? Embaumement ?) en espérant une deuxième vie, un deuxième mariage, une deuxième âme soeur, un peu moins éthérée que la première, mais toute aussi blonde, si possible. 

Est-ce qu'on peut être une seule personne toute sa vie ? Et avec une seule personne toute sa vie ? 

Je sens que je vais avoir zéro à cette interro...

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