mardi 10 mai 2011

Do you feel like a chain store?

Quand j'étais petite, je n'avais quasiment pas de livres à moi.

J'avais des livres, oui, ceux de mes soeurs, datant comme elles des années 70. 

Pour avoir un peu de pages fraîches, je devais me fournir à la bibliothèque municipale qui était le seul bâtiment valable de toute ma ville de 5000 âmes. 

Une grande baraque Normande avec simili-poutres marrons sur peinture crème et l'intérieur tout en bois.

Quand mes grands-parents ont été trop vieux pour me garder all-day long, ou que j'ai commencé à me rebeller contre ça (big up Mémé, no contest you're the best, mais j'étais jeune et frivole), ma mère me mettait à la bibliothèque à l'ouverture, et venait me rechercher à la fermeture. 

Je me souviens avoir passé des journées entières à voir le ciel passer de gris pâle à gris foncé puis plonger dans le noir le plus profond en me demandant toujours, à ce moment là, si elle viendrait me chercher tout court.

Tout ça pour dire que je n'avais pas ou peu de livres à moi, qui n'avaient servi à personne d'autre et dont j'étais la seule possesseuse (si). 

Au fil du temps, j'ai commencé à avoir de l'argent de poche, jamais assez pour acheter plus d'un Chair de poule par mois. Et puis est venu le temps des cathédrales des études. J'avais l'excuse "Métiers du livre" qui me donnait droit à toutes les fantaisies + la meilleure librairie de Normandie à portée de Van's (et plus de mère pour condamner tous mes achats)(parce que vas y toi acheter l'intégrale d'Anne Rice quand ta mère,  qui a failli t'envoyer en HP parce que tu as accroché des cartes-postales représentant des crânes roses à ton lit, te demande "et, de quoi ça parle ?").

Et puis, il y a eu la phase du 10m² à Saint-Cloud. Où le tri était nécessaire à la survie. C'était les livres ou l'air pur. 

Et enfin, dans mon 20m² Parisien, la constatation ultime, la chose que je pensais la plus lointaine et irréaliste :

J'ai trop de livres.

Parce que l'édition, c'est sympa, t'as plein de livres gratuits : ceux sur lesquels t'as bossé, ceux sur lesquels tes potes bossent, ceux que tes potes t'envoient parce qu'ils bossent encore là où t'as bossé, et, bien évidemment, ceux où tu n'as qu'à te baisser pour les ramasser dans les couloirs. 

Si bien que j'ai failli retrier toute ma bibliothèque comme suit : Livres gratuits / Livres que j'ai payé avec mes sous / Livres qu'on m'a offert / Livres qu'on a oublié chez moi ou empruntés à des potes.

Mais bon, j'ai finalement gardé l'ordre : Livres de vampires, Livres d'Oscar Wilde, collection Lunes d'encre, B.D, guides touristiques, ET LE RESTE. Parce que quand t'as pas de place, tu classes par format, tu combles les trous et, au final, tu vois pas si les livres du fond sont entrain de moisir, et tu oublies que t'as tel bouquin et tu le recommandes.

Alors, l'heure du tri est arrivé. J'ai déjà viré le plus putassier en le ramenant en Normandie et en tentant de le vendre sur le net. Mais rien à faire, il faut que je me fasse à l'idée : je vais devoir JETER des livres. Sacrilège des sacrilèges. Le truc plus déchirant encore que Le Choix de Sophie (question de point de vue hein).

J'ai 23 ans, je pense que j'aurais d'autres livres dans ma vie. La seule solution maintenant, c'est d'emménager ailleurs. Plus grand (et c'est là que se mettre en coloc' avec une traductrice devient une mauvaise idée).

5 commentaires:

  1. Ah mais nan, faut pas jeter un livre. Ramène-les à une médiathèque, ils seront trop content (voire à cette bibliothèque qui a nourrie tes premières années de lecture).

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  2. Tu vas pas jeter des livres ??!!! Vends-les ! Donne-les ! Ne blasphème pas comme ça innocente.

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  3. J'ai senti que je devais lire cette note XD

    Revends les livres que tu veux jeter à Book Off dans le quartier de l'opéra. Ils ne te les reprennent que quelques centimes, mais au moins, tu ne les jettes pas ! C'est ce que j'avais fait en déménageant de Paris. Je ne pouvais pas tout emporter.

    Quand à la coloc, tous nos murs seront cachés par les bibliothèques, c'est tout ! C'est une déco comme une autre. Au moins, on annonce la couleur^^

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  4. Alors, reprenons : si je voulais, je pourrais passer les exams pour être bibliothécaire, j’ai une licence qui me le permet (la formation est la même souvent, jusqu’en bac+3 pour les libraires éditeurs et bibliothécaires), je sais très bien qu’ils ne veulent pas de livre, qu’ils en ont souvent trop et qu’ils en jettent régulièrement ce qui s’appelle dans leur jargon le « désherbage » et les 2 (au moins) bibliothécaires qui passent régulièrement par là ne me contrediront pas. Les seuls à réclamer des livres, ce sont les écoles des pays pauvres francophones, et ils demandent directement aux éditeurs, la plupart des associations qui s'occupent d'en récupérer(j’en ai connu lors de mes études) croulent sous les bouquins, et ceux que j’ai ne les intéresse pas en général.

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  5. Oh et si je ne veux pas aller jusque Gibert c'est que pour la misère qu'ils vont me racheter ça, j'aurais sué sang et eaux dans le métro. Ce qui ne vaut clairement pas le coup.

    Par contre je pense faire une liste détaillée et proposer aux gens que je connais de se servir, moyennant déplacement ^^ faut juste que je trouve le temps.

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